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Article | 21/11/2024

Ressources minérales et transition énergétique

21/11/2024

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Types de ressources minérales, réserves, métaux, enjeux liés aux besoins de la transition énergétique.


Le parcours proposé ci-dessous est basé sur le déroulé de la formation en ligne délivrée du 12 septembre au 18 octobre 2024. Après relecture du déroulé initial, corrections, précisions et compléments d'information aboutissent, avec la reformulation de certains passages, à un parcours plus complet dont les commentaires proviennent essentiellement des réponses des participants et d’échanges durant la formation.

Étape 1 – Les ressources

Ressources à (re)découvrir / parcourir et questions

Échantillon à cubes de galène, pyrite (dorée), quartz et vraisemblablement galène (masses sombres).

Après avoir pris connaissance des 3 exemples ci-dessus, répondez aux questions ci-dessous avec l'aide de ressources complémentaires du site Planet-Terre et d’ailleurs.

  1. Qu’est-ce qu’une substance dite “utile”, et sous quelles formes peut-elle se présenter ? Qu’est-ce qu’un minerai ?
  2. Quand on parle d’une substance exploitée, quelle est la différence entre ses ressources et ses réserves ?
  3. Qu’est-ce qui peut faire varier dans le temps les ressources / les réserves en une substance exploitée ?
  4. [Subsidiaire] Quelles sont les grands types de ressources minérales ?

Éléments de réponse

  1. Au sens large, une substance utile est une matière utile voire essentielle à la société en raison de ses propriétés physiques ou chimiques, d’où sa recherche et son exploitation.

    Cette substance utile peut être un élément (Cu, Au…), une molécule plus ou moins complexe (pétrole, bitume…), un minéral (gypse, quartz gemme…), une roche (granulat, pierre de construction…). On peut aussi penser à la forme liquide et à l’eau souvent vue comme une ressource à part, mais pour laquelle les questions de ressources, réserves, exploitation… sont partagées avec les autres types de substances évoquées.

    Un minerai (du latin minera = mine) est un matériau solide naturel, une roche, contenant une ou plusieurs substances utiles en concentration suffisante pour en permettre l’extraction et le traitement, technologiquement et économiquement parlant (notion de rentabilité).

  2. La ressource ou les ressources en une substance donnée correspond à la quantité totale potentiellement accessible estimée de manière plus ou moins précises. Ces estimations sont basées sur les sites d’extraction connus (en volume et concentration) mais aussi sur les travaux d’exploration (repérages de sites potentiels), de prospection (quantifications locales), d’observations indirectes par géochimie et/ou géophysique… et d’extrapolations possibles.

    Les réserves correspondent à la part des ressources identifiées dont l’exploitation est technologiquement et économiquement (rentabilité) possible à un instant donné.

  3. La connaissance de la géologie de la formation des minerais et gisements, la localisation (exploration) et la quantification (prospection) de nouveaux sites (ou l’amélioration de la connaissance de sites connus) augmentent les ressources en une substance donnée (et donc potentiellement ses réserves), au fil des découvertes et travaux de recherche. La technologie et la mise au point de nouveaux procédés d’extraction et de traitement des minerais peut augmenter les réserves (augmentation du rendement ou utilisation possible de nouveaux minerais). La balance entre l’offre (capacités d’extraction et/ou de traitement) et la demande (variation des usages et des quantités désirées) influe sur la rentabilité d’une exploitation et donc sur les réserves. La consommation de la substance diminue de fait les réserves (et les ressources) connues. L’utilisation de “déchets” comme “minerais secondaires” pour tout (recyclage) ou partie (valorisation) des usages peut diminuer la demande en minerai primaire… Ce “recyclage” dépend aussi du cout du minerai primaire et des éventuelles normes environnentales concernant les déchets. L’évolution des normes sanitaires et environnementales peuvent engendrer des couts supplémentaires pour l’extraction et le traitement des minerais… et donc faire varier la rentabilité de l’exploitation de certains sites.
  4. Plusieurs classification des ressources minérales existent dont certaines selon les types et usages de ressources. On y distingue alors les ressources énergétiques (tourbe, hydrocarbures, uranium), les ressources métalliques (ferreuses – Fe, Cr, Ni…, non ferreuses – Al, Pb…, précieuses – Au, Ag…) et les ressources non métalliques (gemmes – pierres précieuses et pierres fines, minéraux industriels  – barytine, kaolin, feldspath…, matériaux de construction  – sable, granulats, pierre de construction…).

Commentaires, compléments

  • Au sens strict du code minier français (cf. introduction d’un rapport BRGM), les substances utiles sont les produits minéraux autres que les produits énergétiques et les minerais métallifères, et sont extraits de carrières et non pas de mines ou minières. Cela comprend les matériaux de construction, d’ornementation, d’enrochement et de viabilité ainsi que des matériaux pour les industrie de la céramique, de la verrerie et de la sidérurgie, ainsi que des matériaux d’amendement.
  • Dans le minerai, la substance utile peut être un élément natif (“pur”) ou bien combiné à d’autres éléments sous forme de minéraux plus ou moins complexes (oxydes, sulfures, silicates…). Étant un terme “minier”, les notions d’exploitabilité et de rentabilité sont importantes : il ne suffit pas qu’un minéral contiennent un élément désiré pour en faire un minerai… à un instant donné.
  • La notion de clarke est souvent rencontrée. Il s’agit de la concentration moyenne dans l’« écorce terrestre » ou la « croute terrestre » de l’élément considéré. Cette valeur sert de référence pour éventuellement calculer une estimation grossière des ressources, mais aussi et surtout pour quantifier la surconcentration d’un élément dans un minerai (on compare la teneur du minerai à la concentration moyenne dans la croute).
  • On ne compte dans les ressources que les quantités à priori accessibles à l’exploitation, c’est-à-dire qu’on ne prendra évidemment pas en compte des volumes “connus” tel que le noyau terrestre pour le fer. Cette notion d’accessibilité peut aussi varier au cours du temps, comme cela a été le cas pour les hydrocarbures (forages uniquement sur terre, puis de plus en plus profond, puis aussi en mer et en mer profonde…), l’augmentation des prix des hydrocarbures sur le long terme permettant d’envisager des techniques plus couteuses et “risquées”.
  • Concernant ressources et réserves, on pourra se reporter à la page Réserves et ressources d’hydrocarbures : pour y voir plus clair…, sur le site de la SGF, pour une revue détaillée sur l’exemple des hydrocarbures, avec la distinction des réserves prouvées, probables et possibles, ou aux définitions générales données dans l’article Les chiffres de l'énergie : réserves et ressources en énergie et matières premières non énergétiques sur CultureSciences-Physique.
  • Les ressources métalliques peuvent être classées selon d’autres sous-catégories : métaux ferreux, de base ou communs, de haute-technologie, précieux, autres. D’autres classifications des ressources minérales existent. On classe aussi parfois les ressources par types de formation des gisements (une même substance peut avoir plusieurs types de minerais associés à des modes de formations différents).

Étape 2 – Les gisements et leur exploitation

Ressources à (re)découvrir / parcourir et questions

Après avoir lu l’article ci-dessus, répondez aux questions ci-dessous avec l'aide de ressources complémentaires du site Planet-Terre ou d’ailleurs.

  1. Choisissez cuivre, fer, aluminium ou éventuellement un autre métal d’intérêt particulier pour vous (intérêt local). Pour cet élément, donnez un type de gisement et son mode de formation, les modalités d’extraction-traitement de l’élément choisi à partir de son minerai, et un usage possible. Après cet exemple concret, pour ce même élément, donnez d’éventuels autres types de gisements, autres modalités d’extraction-traitement et autres usages. Si possible, dites si cet élément est / a été exploité en France et quels sont les principaux pays producteurs actuels. Merci de citer les sources consultées.
  2. [Subsidiaire] Même travail (ou ébauche) avec l’un des autres éléments.

Éléments de réponse

Le cuivre.

« Fleur de mine » à azurite ([Cu3(CO3)2(OH)2], bleue) et malachite ([Cu2CO3(OH)2], verte).

Les exemples de Chessy-les-Mines, Cap-Garonne et Chypre sont bien documentés : sites, mines, formation du minerai, dates d’exploitation…

À part le cuivre natif, qui n’a pas besoin d’extraction particulière, et l’extraction “artisanale” au feu de bois comme exposé comme possible “découverte” du passage d’un minerai de cuivre à du cuivre métallique, la grande majorité de l’extraction du cuivre nécessite une première étape de broyage, concassage, tamisage qui permet d’obtenir un matériau de granularité homogène. On sépare ou du moins on concentre alors les “particules” porteuses de cuivre par flottation / décantation / filtrage / séchage. Pour se faire, dans un bac contenant les particules en suspension dans une solution aqueuse (pulpe), on injecte des bulles d’air et des réactifs s’adsorbant spécifiquement sur le minerai et permettant la collecte de la mousse hydrophobe ainsi formée (minerai + réactif + bulles) formant une écume que l’on filtre et sèche. Ce “concentré” est ensuite traité par pyrométallurgie : réduction des oxydes par chauffage à haute température et récupération du métal liquide.

Pour les minerais sulfurés, on procède plutôt par lixiviation. Le minerai broyé est arrosé d’acide sulfurique qui dissout le cuivre. La solution est ensuite électrolysée pour récupérer le cuivre métallique. On parle d’hydrométallurgie.

Selon les usages, le cuivre doit subir une étape d’affinage spécifique. Les trois grands types d’usages découlant de la ”préparation” du cuivre, sont l’électricité, les pièces de chaudronnerie et l’industrie électronique.

La France a connu de nombreux points d’exploitation mais aujourd’hui les principaux pays producteurs de minerai sont le Chili et le Pérou et la Chine le premier raffineur (mais n’exporte pas car aussi importateur et premier pays consommateur).

Le fer.

Fer rubané (BIF) d’Afrique du Sud. Lits gris d’hématite (Fe2O3) parfois altérés, hydratés et devenant brun-rouge, Lits roses à rouge brique de silice contenant des traces d’hématite.

Les sites français d’Allevard, des Alpes, de Lorraine et du Val de Loire sont bien documentés, on trouve aussi beaucoup de documentation sur les BIF.

On peut présenter les minerais sédimentaires de type minette de Lorraine ou prendre l’exemple du plus “emblématique” et le plus exploité (90 % des gisements), les BIF.

Après criblage, concassage, broyage, le minerai et sa gangue peuvent être séparés par des procédés gravimétriques (basés sur la différence de densité) ou magnétiques (séparation selon les propriétés magnétiques). Le fer est extrait en deux étapes par pyrométallurgie. Dans un haut-fourneau, le minerai de fer additionné de coke (“carbone” produit à partir de houille) à “très” haute température pour obtenir de la fonte en fusion (alliage fer-carbone), le carbone servant alors à la fois de réducteur et de composé de l’alliage. Pour obtenir le fer, la fonte doit être affinée dans une aciérie avec une fonte avec oxygène pour extraire le carbone (mais aussi le silicium résiduel et le phosphore).

La production française a été marquée essentiellement, en masse, par l’exploitation de la minette de Lorraine (oolithe ferrugineuse aalénienne).

Le fer est presque exclusivement utilisé pour la production d’acier.

L’Australie est le principal pays producteur (33,7 %), suivi du Brésil, de la Chine et de l’Inde qui à eux trois fournissent plus de 40 % du minerai de fer mondial [chiffres 2022]. Ces quatre pays possèdent aussi près de 75 % des réserves mondiales.

L’aluminium.

Bauxite blanche à oolithes ferrugineuses.

Le minerai d’aluminium est la bauxite, formation résiduelle obtenue par altération poussée sous climat tropical humide. Pour être exploitable, la bauxite ne doit pas avoir trop de fer ni trop de silicium résiduels. L’aluminium y est présent sous forme d’hydroxydes Al(OH)3.

Le principal procédé utilisé actuellement, le procédé Bayer, permet de passer de la bauxite à l’alumine (Al2O3). La bauxite est broyée et mélangée à de la soude et soumise à de hautes température et pression. La liqueur obtenue est filtrée puis diluée, refroidie, ce qui provoque la précipitation d’oxyde d’aluminium hydraté que est alors calciné pour aboutir à l’alumine.

L’aluminium est ensuite obtenu par le procédé Hall-Héroult. L’alumine est dissoute dans un bain de cryolithe (ou criolite, fluorure d’aluminium et de sodium, Na3AlF6) fondue à 950°C. Par électrolyse, l’oxyde est réduit (l’oxygène se combine au carbone de l’anode de carbone pour former du CO2) et l’aluminium rejoint la cathode et, liquide et plus dense, forme une couche en base de cuve d’où il est régulièrement siphoné. L’équation globale est alors 2 Al2O3 + 3 C → 4 Al + 3 CO2.

L’alumine est utilisée dans l’industrie des réfractaires, des céramiques et pour quelques applications chimiques, mais est très majoritairement “transformée” en aluminium.

L’aluminium est utilisé pour sa légèreté dans la construction (tôles, grillages…), l’aéronautique et les transports, les structures légères (panneaux photovoltaïques…)…, pour sa facilité de mise en forme (emballages…), pour ses qualités de conductivité électrique, pour sa résistance mécanique fonderie (moteurs…).

Le bassin français du Var a été un temps le plus important à l’échelle mondiale à ses débuts (“innovation” française) mais aujourd’hui, les principaux gisements de bauxite exploités sont en Australie, Guinée, Brésil et États-Unis… mais le principal producteur (et consommateur) d’aluminium est la Chine, loin devant la Russie, l’Inde et le Canada (la production française ne représente que 1 à 1,5 % de la production chinoise) .

Commentaires, compléments

De nombreux ressources de Planet-Terre ont été exhumées pour répondre à ces questions, mais de nombreux sites et sources sur le sujet ont été utilisés. En plus du cuivre, du fer et de l’aluminium, des propositions “locales” ou complémentaires ont traités le nickel, l’argent, le tungstène, l’uranium ou le lithium (sujet localement “sensible ” en ce moment) ou l’or.

Les éléments de réponses ci-dessus sont relativement succincts. Ils contiennent l’essentiel… mais des compléments très intéressants ont été proposés. Voici les principales sources (sites, pages, rapports, livres…) qui ont été rapportées, il y a de vraies “pépites” et des ressources plus ciblées très complètes.

Parmi les ressources générales, on peut citer les livres Ressources minérales de N. Arndt et al. (2015) et Géologie des ressources minérales de M. Jébrak et É. Marcoux (2008) et le site minéral info, ses pages variées, ses liens vers de nombreux rapports et sa collection La mine en France en 13 “tomes” dont, en particulier le Tome 6 - Exploitation minière et traitement des minerais, le Tome 8 - Exploration et exploitation minière en Guyane et le Tome 13 - Lexique des termes de l'industrie minérale.

Quelques sites où trouver (directement ou via un moteur de recherche général) des données diverses : ISIGE (Institut Supérieur d’Ingénierie et de Gestion de l’Environnement), GeologyScience (et sa version en français… partout un peu rapidement traduit), IFPEN (Institut Français du Pétrole Énergies Nouvelles), Open Ressources (en français), MetalBlog, L’Élémentarium, Exxplore (visites de sites patrimoniaux). Et d’autres plus inattendus, mais finalement “logiques”, tels que : Connaissance des énergies, la Direction générale du Trésor, la Royal Society of Chemistry, l’Institut für seltene Erde (avec version en français), Ressources naturelles Canada, Statista, Altlasico et bien d’autres.

Sans oublier les divers guides naturalistes, patrimoniaux et bien sûr géologiques locaux et régionaux, les lithothèques académiques mutualisées dans l’interface de la lithothèque nationale

Outre les sites “classiques” (“classiquement” documentés), des sites de toutes les régions ont été présentés dans les Pyrénées, les Alpes, le Limousin, la Provence, la Normandie, les Ardennes, les Vosges, la Guyane… montrant qu’il est souvent possible de parler “ressources minérales” en ayant des exemples concrets pas trop loin de chez soi (que ce soient des sites très connus ou plus confidentiels mais localement bien préservés et étudiés).

On pourra aussi citer, parmi de nombreuses possibilités, l’International Copper Association (avec version en français) pour le cuivre, ou encore l’Institut pour l’histoire de l’aluminium et Aluminium France pour l’aluminium.

Les ressources sont nombreuses, la rigueur parfois variable… mais avec un peu d’esprit critique et en recoupant les sources, il est possible de trouver des données et chiffres assez fiables (il y a parfois aussi des variations assez notables quand on compare des chiffres à 10 ou 20 ans d’écart).

Une remarque à propos des “classements” des pays. Comme les minerais “voyagent”, il faut bien préciser si on classe les pays selon les réserves connues, les quantités de minerai extraites, ou les quantités de métal “produites” (même si le minerai vient d’ailleurs).

Étape 3 – Les besoins de la transition énergétique

Ressources à (re)découvrir / parcourir et questions

Après avoir lu l’article ci-dessus, répondez aux questions ci-dessous avec l'aide de ressources complémentaires du site Planet-Terre ou d’ailleurs.

  1. Rappelez ce qu’est un métal en général, et plus particulièrement un métal ferreux et un métal non ferreux.
  2. Définissez ce que sont les terres rares et quels sont parmi leurs usages, ceux à rapprocher de la transition énergétique.
  3. L’électrification est le principal phénomène de la transition énergétique. Expliquer en quoi l’usage (pas la fabrication) d’un véhicule électrique plutôt que d’un véhicule thermique, en l’état actuel des choses, peut sembler une amélioration écologique mais aussi une aberration énergétique. Nuancer ces propos.

Éléments de réponse

  1. Dans la classification des éléments, un métal est un élément chimique dont les atomes s’unissent par des “liaisons métalliques” (type de liaison chimique), solide à l’état ambiant (sauf le mercure, Hg), doté d’un éclat particulier dit “métallique”, bon conducteur de la chaleur et de l’électricité. On distingue les métaux alcalins (Li, Na…), les métaux alcalino-terreux (Mg…), les métaux de transition (Fe, Cr, Cu, Co, Ni, Pt…), les métaux “pauvres” (Al, Pb…) les lanthanides (La, Nd, Lu…), les actinides (Th, U, Pu…). Les métalloïdes (B, Si, Te…) partagent certaines propriétés des métaux (aspect “métallique) mais sont plus fragiles à l’état solide et moins bons conducteurs électriques et thermiques..

    Un métal est aussi un matériau, corps simple ou plus souvent alliage à base de métaux. On peut distinguer les métaux dit ferreux, contenant principalement du fer, et de ce fait généralement magnétiques (on peut les “séparer” avec un aimant car le Fe, comme le Co et le Ni, sont les métaux courants magnétiques dans les conditions ambiantes) et sujets à la corrosion, des métaux non ferreux, ne contenant pas (très peu) de fer (Al, Cu… et alliages), moins solides, plus malléables, plus légers et résistant plus à la corrosion.

  2. Les terres rares sont au sens le plus strict, les 15 lanthanides (du lanthane, La, au lutétium, Lu), éléments de numéros atomiques allant de 57 à 71, auxquels on ajoute souvent l’yttrium (Y) aux propriétés chimiques telles que cet élément est toujours associé aux gisements de lanthanides / terres rares. Parfois, le scandium y est ajouté mais ses propriétés chimiques diffèrent suffisamment pour qu’il ait des gisements généralement distincts, c’est pourquoi on ne le considère “plus” comme une terre rare (et, de plus, ses usages sont différents).

    Dans les domaines intéressant la transition énergétique, on utilise le lanthane pour des électrodes des batteries NiMH (nickel métal hybride), batteries moins couteuses mais aussi moins performantes que les batteries Li-ion qui les “remplacent”. Le premier usage consommateur de terres rares reste celui des aimants permanents car les alliages utilisés permettent d’avoir des aimants plus petits à performance égale et/ou d’avoir des aimants permanents plutôt que des électro-aimants (turbines). Ces aimants sont utilisés pour les moteurs électriques, les générateurs électriques (blocs générateurs des éoliennes, par exemple), certains capteurs de position. Les éléments utilisés sont le praséodyme (Pr), le néodym), le (Nd), le samarium (Sm), le gadolinium (Gd), le terbium (Tb) et le dysprosium (Dy).

    Si on considère le nucléaire comme élément de la transition énergétique (comme énergie de période de transition, comme considéré par l’Union européenne, au même titre que le gaz naturel), on peut aussi rappeler l’usage du samarium (Sm), de l’europium (Eu), du gadolinium (Gd) et du dysprosium (Dy) dans les barres de contrôle des réacteurs nucléaires du fait de leurs propriétés d’absorption des neutrons.

    Certaines terres rares sont aussi utilisées dans les écrans et lampes à LED et dans les piles à combustible (filière hydrogène). L’amélioration des capacités des panneaux photovoltaïques par incorporation de certaines terres rares (Ce) est possible mais des questions de stabilité se posant, des travaux sont encore en cours.

  3. La voiture électrique n’émet pas de CO2 en roulant contrairement à la voiture dite thermique. Cette non émission parait essentielle dans l’optique d’une société “zéro carbone net” (pas d’émission de CO2, ou plutôt compensation totale des émissions “résiduelles”) afin, au moins, de limiter le réchauffement climatique. Cependant, la production d’électricité mondiale est encore aujourd’hui très majoritairement “carbonée”… Le CO2 qui n’est pas émis par la voiture l’est par la centrale qui lui fournit l’électricité. Le “modèle” français avec une production électrique à 75 % nucléaire produit tout de même du CO2 (extraction de l’uranium en congelant les sols, fabrication du combustible, gestion à court terme des déchets…) mais moins que le thermique (tant qu’on ne compte pas le démantèlement des centrales et la gestion de déchets pendant 100 000 ans – pas facile de chiffrer correctement et “impartialement” des procédés “théoriques” non encore réalisés). Mais si l’on passait à l’échelle mondiale des 10 % d’électricité “nucléaire” aux 75 % français, on diviserait alors par environ 7 les réserves d’uranium (on passerait de 100-200 ans à environ 30 ans d’utilisation). Les énergies dites renouvelables sont les seules sources bas carbone envisageable pour non seulement émettre moins de carbone (il y a toujours une émission résiduelle par exemple pour la construction, le béton…) mais avoir une solution relativement pérenne. Voiture électrique ? Pourquoi pas, mais alors en changeant en parallèle le mode de production d’électricité (avec une incontournable période de transition, on ne peut pas sortir de terre une production “propre” en 5 ans)… voire le rapport aux transports (fret, particuliers) pour économiser des “kilomètres” et donc des émissions de CO2 même sans changements technologiques.

    Le rendement d’un moteur thermique est de 35 à 42 %, celui d’un moteur électrique de 75 à 90 %. Le rendement d’un moteur électrique semble plaider pour lui en ce qui concerne la sobriété énergétique. Mais il faut prendre en compte que l’électricité n’est pas une énergie comme les autres (c’est en fait un “vecteur énergétique”) et qu’il faut la produire (avec un certain rendement), parfois la stocker et la déstocker (ne serait-ce que dans la batterie d’une voiture)… et qu’il faut donc faire le bilan à partir non pas de l’électricité “injectée” dans le moteur mais des énergies primaires à l’origine de cette électricité (et de son “parcours”). Le système énergétique français fournit actuellement une énergie électrique avec un rendement énergie électrique délivrée / énergie primaire consommée de l’ordre de 37 %, ainsi le rendement “réel” d’une voiture électrique “efficace” chargée en France est au mieux de l’ordre de 33 % (0,37×0,9)… soit moins bon qu’un moteur thermique même moyen. Cependant, on peut voir que cet état de fait peut évoluer en faisant évoluer le “rendement” de production de l’électricité en développant les énergies renouvelables et qu’on économise ainsi du “pétrole” qui est aussi une matière première utile dans d’autres domaines (pétrochimie).

Commentaires

Étape 4 – La disponibilité dans le temps des ressources minérales

Ressources à (re)découvrir / parcourir et questions

La lépidolite est un mica mauve lithinifère de formule K(Li,Al)3(Si,Al)4O10(F,OH)2.

Après avoir lu le premier article proposé et en vous aidant des deux autres ressources proposées et d’éventuelles ressources complémentaires répondez aux questions ci-dessous.

  1. Quelles sont les différences entre lithium et cuivre expliquant leur indisponibilité envisagée à court ou moyen terme ?
  2. Quels sont, selon Gourcerol et al., les critères de “criticité” d’une substance stratégique ? Quelle est la situation du lithium et du cuivre ? Quel élément est présenté comme le plus “critique” pour l’industrie française ?
  3. En quoi la volonté d’ouverture / réouverture de mines de lithium en France s’inscrit-elle dans la politique européenne d’autonomie en matières premières critiques ? Quel intérêt écologique peut-on voir dans ce type de projet ?

Éléments de réponse

  1. Pour le lithium, les réserves semblent suffisante à moyen terme, par contre la demande croît fortement alors que la mise en place de nouvelles capacités de production sont lentes à mettre en place. L’offre risque d’être insuffisante du fait du retard à la mise en exploitation de nouveaux gisements.

    Pour le cuivre, la demande augmente aussi avec le développement de l’électrification et le souci est la raréfaction des réserves avec, de plus, l’obligation à passer à des extractions plus couteuses du fait du tarissement des gisements les plus facilement exploitables. L’offre risque d’être insuffisante par faute de réserves… sauf à exploiter de nouvelles ressources bien plus difficiles à traiter et donc à avoir un problème de cout du cuivre (augmentation à attendre de toute façon en cas de production insuffisante).

  2. La criticité d’une substance est évaluée par Gourcerol et al. au regard de son importance stratégique industrielle [importance dans les industries-clés et absence de substitut] et des risques concernant l’approvisionnement [géopolitique, économie, environnement, dépendance forte à un acteur unique].

    D’après ces auteurs, Li et Cu sont d’importance stratégique forte à très forte pour l’industrie française ; le Li est à la limite entre les zones de moyenne et de forte criticité, le Cu étant dans la zone de moyenne criticité. Parmi les 24 substances étudiées et présentées par ordre de criticité, la plus critique est le tungstène (W), le lithium (Li) pointant en 9e position, le cuivre (Cu) en 11e position, et l’or (Au) étant la moins critique des substances répertoriées.

  3. L’Union européenne a une politique d’amélioration de l’autonomie en matières premières critiques avec un objectif fort de ne plus dépendre d’un seul pays tiers à plus de 65 % pour une matière première jugée critique. Pour cela, et pour limiter globalement la dépendance de l’UE aux pays extra-communautaires pour ces matières, des objectifs sont fixés pour le développement de l’extraction, de la transformation et du recyclage au sein de l’UE. L’ouverture ou la réouverture en France (donc dans l’UE) de mines de lithium, matière stratégique pour la transition énergétique, répond donc à cette volonté d’autonomie, surtout si ensuite la transformation a bien lieu au sein de l’Europe… voire si des lignes de recyclage sont aussi mise en place (batteries).

    L’“intérêt” écologique de l’extraction minière en France est multiple. On peut d’abord y voir une diminution des transports à travers le monde pour une consommation locale. Mais, surtout, les activités minières et de transformations étant potentiellement très impactantes sur l’environnement, on peut espérer que les “dégâts” environnementaux seront bien moindres du fait de règles environnementales bien plus strictes quand dans beaucoup de pays producteurs. Les dégâts seront certes locaux et visibles par les utilisateurs finaux (plutôt que lointains et invisibles)… et poseront la question de l’acceptation sociale de ces activités. Cela permettra aussi peut-être une meilleure prise de conscience de l’impact écologique de toute activité humaine et de la nécessité de limiter ces impacts (règles strictes utiles… si respectées), voire ces activités (consommation plus ”raisonnable” ou “raisonnée”).

Commentaires

  • Gourcerol et al. ne prennent en compte aucun critère environnemental ou sociétal, car leur étude est une étude “technique” sur la disponibilité matérielle potentielle des substances stratégiques. Ce sont des règlementations françaises et européennes sur l’exploitation qui prennent en considération ces questions.
  • La criticité dépend de l’échelle d’étude : les besoins stratégiques et les difficultés d’approvisionnement sont par exemple différents si on regarde cela d’un point de vue purement franco-français (comme dans l’étude proposée) ou si on se place au niveau de l’Union européenne. De plus, des mises à jour régulières sont nécessaires pour prendre en compte les évolutions techniques, industrielles et les politiques mises en œuvre.

Étape 5 – L’élément silicium, quelques minéraux utiles en tant que tels

Ressources à (re)découvrir / parcourir et questions

Après avoir lu les articles ci-dessus et avec l'aide de ressources complémentaires du site Planet-Terre ou d’ailleurs, répondez aux questions ci-dessous.

  1. Expliquez la source et l’usage du quartz ou du diamant. De même, expliquez la (les) source(s) et l’usage d’un autre minéral de votre choix.
  2. Estimez, en expliquant la démarche, la teneur en silicium (Si) de la croute continentale ou d’un granite “moyen”. Expliquer la différence entre la composition chimique globale en SiO2 et l’estimation de la teneur en silice minérale exprimée (quartz, opale…).
  3. Quelle est la source (le minerai) de silicium ? Pourquoi seule cette source est-elle utilisée ? Quels sont les grands domaines d’usage du silicium ?

Éléments de réponse

  1. Quartz. Sable, filons hydrothermaux + quartz de synthèse pour gérer la forme et la pureté ou la taille (grains ultrafins). Abrasifs (dont des dentifrices), horlogerie et autres applications piézo-électriques.

    Diamant. Kimberlites + diamants de synthèse. Joaillerie, abrasifs, découpe, cellules à enclume de diamant (pour la résistance aux hautes pressions et température) et la transparence aux ondes (infrarouge, lumière visible, X, gamma), composant de bétons.

    Autres minéraux : ocre, galène, kaolin, barytine, sel, corindon/rubis, mica, zircon, talc, grenat… [nombreuses ressources existantes et données succinctes sur mindat.org, par exemple]

  2. Si on a des analyses donnant une croute continentale “moyenne” à 60 % de SiO2 ou un granite à 72 % de SiO2 en masse, cela signifie que les analyses élémentaires ont été traduites en oxydes (les cations sont ainsi “compensés” par l’oxygène). Une mole de SiO2 pesant 28+(2×16)=60 g, chaque gramme ou chaque pourcentage massique de silice correspond donc en fait à 28/60 de silicium et 32/60 d’oxygène. La masse de silicium est donc 28/60=7/15~0,467 de la masse de silice. On a alors une croute continentale à environ 60×28/60=28 % de Si ou un granite à 72×28/60=33,6 % de silicium, pourcentages massiques.

    Si on donne la composition minéralogique, attention, le quartz n’est pas la seule espèce à contenir du Si… Il y a tous les silicates ! Et, de plus, les pourcentages sont souvent donnés en pourcentages volumiques et non massiques… Donc pas de calcul simple de la teneur massique en silice à partir des compositions minérales volumiques.

    La teneur chimique en SiO2 n’est qu’une manière d’exprimer la composition en s’exprimant en poids d’oxydes plutôt qu’en poids d’éléments. Ainsi SiO2 est un manière d’appréhender la teneur en silicium constitutif des silicates (dont les formules peuvent être écrites en oxydes dans lesquelles ont retrouve SiO2) et pas l’expression du poids de silice exprimée sous forme cristallisée (quartz, coésite, tridymite…) ou plus ou moins amorphe (opale, calcédoine…). Dans un basalte, on a de la silice (chimiquement parlant) mais pas de quartz.

  3. La principale source de silicium est le quartz de filons, de galet ou de sable. Par fusion et réduction au carbone on récupère le silicium, l’oxygène est exporté avec le carbone sous forme de CO ou CO2. Il y a du Si dans tous les silicates, mais alors, après fusion on a beaucoup d’autres éléments à séparer du Si, ce qui n’est pas aisé puisque certains ont des comportements chimiques proches du Si. Partir d’une phase “pure” est donc bien plus facile techniquement et énergétiquement parlant.

    Il existe trois grandes gammes de pureté du silicium selon les domaines d’utilisation. Qualité métallurgique (Si pur à 99 %) pour des alliages métalliques spéciaux. Qualité solaire (Si pur à 99,999 9  %) pour le photovoltaïque. Qualité électronique (Si pur à 99,999 999 99  %) pour l’électronique (microprocesseurs).

Commentaires

  • Attention, quand on a une composition minérale de roche en %, en général ce sont des % volumiques déduits d’observations de lames minces. Pour les éléments “mineurs” ou en traces, on donne généralement leur teneur en pourcentage massique… le calcul du clarke est donc déjà fait si on a la composition de la croute.
  • Les minéraux sont parfois des minerais dont on extrait des éléments mais aussi, souvent, des ressources recherchées pour leurs qualités diverses et variées.
  • De la silice au silicium : l’humanité est passée de l’Âge de pierre avec, entre autres des silex (silice), au bronze, au fer… puis finalement à l’Âge du silicium pour les microprocesseurs (avec la silice encore très utilisée – verrerie…).
  • Cette dernière étape devait permettre de revenir sur la notion de clarke mais pour un élément majeur dont la composition est généralement donnée en pourcentage d’oxyde. Elle permet aussi de traiter des minéraux en tant que substances utiles en tant que tels et pas seulement en tant que “matière première” pour fournir un élément chimique particulier… même si les deux peuvent coexister (silice - silicium). Enfin, les usages du silicium dans la fabrication des panneaux photovoltaïques était une manière de revenir vers la transition énergétique et ses “besoins” en ressources minérales.

Pour assurer ses bases et aller plus loin

En plus des ressources de Planet-Terre et d’ailleurs (re)découvertes lors de la formation, voici des pistes pour assurer ses bases, approfondir certains points et explorer d’autres thèmes : ressources utilisées lors de la conception de la formation mais aussi proposées par des participants au cours de leurs recherches.

Liste de ressources incontournables / complémentaires

H. Ahmadzadeh , N. Arndt, C. Ghilardi. Rôle et importance des ressources minérales dans le développement industriel, UNIT [module de formation en ligne]

N. Arndt, C. Ganino, S. Kesler, 2015. Ressources minérales – Origine, nature et exploitation – 2e édition, Dunod, 224p EAN 9782100720491 [une base sûre]

J. Barret (dir.), 2001. Atlas illustré de la Guyane, ISBN: 2-7099-1471-9 [pdfl] [“tout sur la Guyane”… dont de la géologie, minéralogie…]

K. Bru, P. Christmann, J.-F. Labbé, G. Lefebvre, 2015. Panorama mondial 2014 du marché des Terres Rares, Rapport public. BRGM/RP-65330-FR, 194p. [état de l’art en 2014]

M. Jébrak, É. Marcoux, 2008. Géologie des ressources minérales, Gouvernement du Québec [pdf] [une mine]

B. Gourcerol, T. Gutierrez, A. Pochon, M. Picault, E. Gloaguen, E. Fournier, 2021. Évolution Base de données « Gisements France » : Atlas des substances critiques et stratégiques. Rapport final, BRGM/RP-71133-FR, 66p.

mineralinfo.fr, La mine en France, collection en 13 tomes [tome 6 - exploitation et traitement des minerais | tome 8 - cas particulier de la Guyane | tome 10 - exemples de mines et métaux en Europe | tome 13 - lexique des termes techniques]

Lithium en France : le projet EMILI (Exploitation de MIca LIthinifère par Imerys) dans l'Allier, et les projets EuGeLi (European Geothermal Lithium Brine) et AGeli (Alsace Géothermie Lithium) dans le Bas-Rhin

mindat.org [banque de données minéralogiques dont les gites et les usages des minéraux dans “Other information” / “Industrial uses”]

BRGM. InfoTerre [données cartographiques avec, dans le Visualiseur standard, les couches des catégories “Carrières et matériaux”, “Inventaire minier” et “Ressources minérales” ainsi que “Cartes géologiques” pour afficher les cartes à 1/50 000 et surtout accéder à leurs notices contenant des informations sur les sites miniers cartographiés]

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