Image de la semaine | 31/01/2022
La Carrière du Mas (Villebois, Ain), ses stylolites, sa faille, quelques monuments bâtis avec son choin…
31/01/2022
Résumé
Une carrière de choin, un calcaire de construction à stylolites, une faille normale et des exemples variés d'usages.
La pierre de Villebois (commune de l'Ain, à 60 km en amont de Lyon sur les bords du Rhône), a été activement exploitée comme pierre de taille ou de dallage depuis le XVIe siècle jusque dans les années 1950. Ce calcaire du Jurassique moyen (Bathonien, −167,7 à −164,7 Ma) était très apprécié pour ses qualités : compact et très dur, il résistait aux intempéries comme à l'écrasement. On l'appelait « choin » ce qui signifie « pierre de choix ». Toutes les carrières de l'Ain (rive droite du Rhône) sont maintenant fermées, mais le même calcaire bathonien est encore exploité de l'autre côté du Rhône, en Isère. De très nombreux monuments lyonnais, régionaux et même nationaux sont construits avec cette pierre de Villebois (cf. par exemple Du Jurassique au Quaternaire, les ammonites réelles et imaginaires de l'agglomération lyonnaise (figures 15 à 22), ou Faire de la géologie à moins d'un kilomètre de chez soi pendant le confinement (figures 10 à 15).
La Carrière du Mas, entre le hameau de Bouis et le bourg de Villebois, abandonnée depuis longtemps, a été vidée des déblais et détritus qui l'encombraient, partiellement nettoyée… sans doute pour “rejoindre” la Carrière des Meules (cf. Les stylolites de la pierre de Villebois (Ain) à la Carrière des Meules) et deux autres sites de la commune, dans la liste des 37 espaces naturels sensibles de l'Ain. Sentier balisé, panneaux explicatifs… vont sans doute venir dans les années qui viennent. On retrouve dans cette carrière le même calcaire que dans la Carrière des Meules, avec en particulier les mêmes stylolites.
Au niveau des fragments de colonnes des figures 1 à 4, les strates sont recoupées par une faille normale (figures 8 à 12, ci-dessous), qu'un œil exercé aura certainement déjà remarqué sur la figure 2. Cette faille a une direction Nord-Ouest/Sud-Est. L'extension qui l'a causée devait être approximativement Nord-Est/Sud-Ouest. Les cartes géologiques à 1/50 000 du secteur montrent d'ailleurs de nombreuses failles ayant cette direction. Il faudrait replacer cette tectonique cassante dans l'histoire (sans doute complexe) de l'Ile Crémieu depuis le Bathonien jusqu'à l'époque actuelle.
La pierre de Villebois a été très largement utilisée dans les constructions de toute la région, et même au-delà. Cette utilisation lointaine était grandement facilitée par la proximité du Rhône qui permettait le transport de lourdes charges avec des barges. Sur Planet-Terre, on a déjà vu l'utilisation de cette pierre sur les quais du Rhône et de la Saône à Lyon (cf. Du Jurassique au Quaternaire, les ammonites réelles et imaginaires de l'agglomération lyonnaise à partir de la figure 15), à la gare Jean Macé également à Lyon (cf. Faire de la géologie à moins d'un kilomètre de chez soi pendant le confinement à partir de la figure 10)… Nous vous montrons un autre exemple lyonnais, l'ancien Palais de justice, dit « Palais des 24 colonnes », construit de 1835 à 1847 par Louis-Pierre Baltard, père de Victor Baltard le célèbre bâtisseur des anciennes Halles de Paris. Nous vous montrons aussi l'obélisque monolithique de Villebois, qui serait la plus grande ”colonne” extraite d'un seul tenant d'une carrière française (44 tonnes, 9 m de haut). Seule l'obélisque de la Concorde est (beaucoup) plus grande, mais ne vient pas d'une carrière française (cf. Quand les crapauds des granites égyptiens démontrent le mélange de magmas à Paris et à Lyon). Nous vous montrons enfin comment les agriculteurs de Villebois utilisaient certaines pierres pour délimiter leurs propriétés.