Image de la semaine | 04/10/2021
Les sources thermales du Plan de Phazy (Hautes-Alpes)
04/10/2021
Résumé
Hydrothermalisme et failles actives dans les Alpes.
Nous avons vu la semaine dernière les sources chaudes de Chaudes-Aigues, dans le Cantal (cf. Chaudes-Aigues (Cantal) et ses sources thermales les plus chaudes de France métropolitaine). On associe souvent les sources chaudes aux régions volcaniques. Ce n'est que partiellement vrai. À Chaudes-Aigues, le volcanisme du Massif Central n'est pour rien dans l'origine de la température des sources, si ce n'est que haute température des eaux souterraines et volcanisme sont deux conséquences du contexte géodynamique local. En France, c'est dans les Pyrénées (Luchon, Eaux-Bonnes, Ax-Les-Thermes…) qu'il y a le plus de sources chaudes, et pourtant ce n'est pas une région volcanique. Mais c'est une région très faillée, et ces failles permettent une importante circulation des eaux, en particulier une remontée rapide d'eaux profondes naturellement chaudes (gradient de 30°C/km dans une croûte continentale “normale”).
Les Alpes sont une région où abondent les failles, failles anciennes datant des débuts de l'orogenèse mais dont certaines continuent à jouer comme l'atteste une sismicité notable (cf. Le séisme du 7 avril 2014 dans l'Ubaye (Alpes de Haute-Provence) : un séisme en extension dans une chaîne de convergence, exemple de la complexité de la dynamique actuelle des Alpes). Certaines de ces failles sont parcourues par des eaux chaudes, exploitées (comme à Aix-les-Bains, Uriage…) ou non pour des activités thermales. La faille dite de la Haute Durance entre Guillestre et Briançon est l'une de ces failles actives. Un rapport du BRGM (Systèmes de failles de Serenne et de la Haute-Durance (Hautes-Alpes) : évaluation de l'aléa sismique, Rapport final, BRGM/RP-57659-FR, Octobre 2009) détaille la sismicité de la faille dite de la Haute Durance qui passe par Plan de Phazy et propose une bibliographie complète. Les séismes régionaux ont des mécanismes au foyer indiquant des mouvements extensifs (jeu normal) avec une légère composante décrochante. Ce jeu extensif aurait débuté à l'Oligocène terminal.
Il y a deux sources principales à Plan de Phazy, d'où sortent des eaux à environ 30°C : la Source de la Rotonde (avec son bâtiment rond caractéristique) et la Source des Suisses. Ces eaux sont très minéralisées (HCO3−, Cl−, SO42−, Na+, Ca2+, Mg2+, Fe2+…), car elles circulent dans des failles mettant en contact de roches variées (évaporites, calcaires dolomitiques, grès…).
Sans doute utilisées dès l'Antiquité, ces sources ont fait l'objet de tentatives d'exploitation “thermale” au XIXe siècle, mais jamais avec succès, à part pour le chauffage de quelques serres et l'alimentation de quatre bassins (artificiels) où la baignade est (pour l'instant) libre. La Rotonde est un témoin “architectural” de ces tentatives d'exploitation. Ces sources ont déposé et continuent à déposer dans les bassins et le long de leur trajet (aménagé) des dépôts divers (carbonates, gypses, hydroxydes de fer…) plus ou moins mélangés. Cette précipitation peut être abiotique, mais elle doit être le plus souvent provoquée ou du moins favorisée par des bactéries, formant de véritables voiles bactériens sur le substratum. Curiosité géologique, curiosité écologique à cause des plantes halophiles poussant dans ces eaux salées… ces sources de plan de Phazy sont intégrées dans le Géoparc franco-italien des Alpes cottiennes et dans le plan Natura 2000. Sur place, des panneaux expliquent l'histoire, la géologie et l'écologie du site.
Source - © 1989 D'après J.L. Garnier, J.P. Silvestre, modifié | |
Nous vous présentons une vingtaine de photographies, toutes prises en fin d'hiver (mars 2008). Il y avait encore de la neige (on est à 900 m d'altitude dans les Hautes-Alpes) mais avec une température relativement douce, d'où la rareté de la “fumée” (condensation de la vapeur d'eau) contrairement à la figure 1 prise lorsque la température était beaucoup plus basse.
Source - © 2013 cagouille05 – CC BY-SA 2.0