Image de la semaine | 05/06/2017
Les terrasses fluvio-glaciaires de la moyenne Durance : Mont-Dauphin, Chateauroux-les-Alpes et Embrun, Hautes-Alpes
05/06/2017
Résumé
Poudingues, figures d'érosion et origine des terrasses fluvio-glaciaires alpines de la moyenne Durance.
La vallée de la Moyenne Durance, entre le confluent du Guil et le lac de Serre-Ponçon, permet de voir trois belles terrasses fluvio-glaciaires qui dominent le niveau actuel de la Durance de 50 à 100 m. Ces terrasses sont constituées de poudingues très indurés à galets bien arrondis, plus ou moins stratifiés… Elles se sont constituées juste après le début de la dernière glaciation, entre -22 000 et -17 000 ans (BP). Dans un premier temps (figures 4 à 8), nous regarderons "de près" ces conglomérats pour bien en préciser la nature et la structure, en étudiant ceux situés à la base de la terrasse de Mont-Dauphin. Puis nous verrons des vues d'ensemble et des cartes de cet ensemble des plateaux de Mont-Dauphin et du Simoust pour bien en préciser la géométrie. Puis nous discuterons de l'origine de ces terrasses. Enfin, nous regarderons rapidement des images des deux autres terrasses, celle de Chateauroux-les-Alpes et celle d'Embrun.
Des ravins ou des échancrures érodant ces terrasses de galets recoupées par l'actuelle vallée du Guil permettent de deviner des fragments des fortifications de Vauban, pans de remparts, échauguettes en surplomb… Faire de la géologie ne dispense pas de l'intéresser à l'art militaire du XVIIème siècle.
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Source - © 2016 CCG RandoGuillestrois | Source - © 2008 gil fiorletta sur Panoramio |
Source - © 2013 Étienne Baudon sur Panoramio, CC3.0 by-sa |
Quelle peut être l'origine d'un tel plateau fait de strates horizontales de conglomérat fluvio-torrentiel ? On peut dans un premier temps proposer une origine "classique", quitte à la peaufiner ou à la modifier à la marge dans un deuxième temps. Ces formations sont constituées d'éléments souvent arrondis et classés, donc ne sont pas des moraines. Elles remplissent les vallées glaciaires du Guil et de la Durance. Elles sont donc postérieures au retrait des glaciers. Ce scénario sclassiques est résumé/schématisé/simplifié sur la figure suivante.
Lors du dernier maximum glaciaire vers -22 000 a BP, les vallées alpines sont remplies d'au moins 1000 m de glace. Pendant et juste après le retrait glaciaire, ces vallées à peine libérées des glaces se tapissent de dizaines de mètres d'épaisseur d'alluvions et de galets relâchés par les glaciers en retrait et transportés par les cours d'eau qui en étaient issus. Cet important alluvionnement était rendu possible, au moins localement, par la faible pente du fond de la vallée de la Durance, ce qui est un cas classique en pays glaciaire. En effet le profil longitudinal d'un glacier n'a pas la belle régularité (à l'équilibre) de celui d'un cours d'eau, et, souvent ce profil fait alterner plats (voire creux) et ruptures de pentes (voire relief positifs, appelés verrous glaciaires). La néo-Durance incise rapidement ces ruptures de pentes et ses verrous et s'enfonce donc sur place dans ses anciennes alluvions fluvio-glaciaire. Vingt-mille ans plus tard, ces alluvions fluvio-glaciaires sont très érodées, et réduites à des plaquages locaux en fond de vallées ou à des terrasses perchées sur les bords. Ce déroulement classique peut être précisé/modifié à la marge d'au moins 2 façons.
(1) Quelques plaquages morainiques réduits ont été découverts sur certaines terrasses. Un bref retour des glaciers a eu lieu après le dépôt des alluvions, retour suffisant pour déposer quelques blocs erratiques, mais insuffisant pour éroder significativement ces terrasses.
(2) Certaines de ces alluvions fluvio-glaciaires ont pu se déposer latéralement au glacier de la Durance, avant son retrait total. C'est par exemple le cas pour les terrasses de Mont-Dauphin, si on suppose que le glacier du Guil s'était retiré avant celui de la Durance. Le glacier de la Durance barrant la vallée du Guil pouvait engendrer un lac de barrage, lac se faisant remplir par les alluvions issues du torrent de fonte du Guil.
D'autres terrasses anciennes sont visibles le long de la moyenne Durance. Nous vous montrons les deux autres principales, celle de Chateaurous-les-Alpes et celle d'Embrun.
Source - © 2010 lorcas sur Panoramio | Source - © 2013 Marien de Clercq sur Panoramio, CC3.0 by-nd |