Image de la semaine | 06/06/2016
Un peu de géologie en visitant Rome
06/06/2016
Résumé
Marbre, granite, serpentinite... un aperçu géologique d'une visite artistico-historico-géologique des basiliques majeures de Rome (Saint Jean de Latran et Saint Pierre de Rome).
Pour un géologue, les voyages permettent de découvrir des constructions impressionnantes par leur taille (cf. La pyramide de Khéops (Gizeh, Égypte) : le plus gros tas de calcaire À nummulites du monde) ou par la diversité de leurs matériaux reflétant la géologie régionale... voire terrestre (cf. Une maison représentative de 84% de la Terre à Burzet (Ardèche)).
À Rome, il est possible de réactiver ses souvenirs de latin et d'admirer la richesse historique, architecturale et artistique de la ville dans laquelle se côtoie des édifices de toutes les époques, de la Rome antique à nos jours. On peut aussi se rendre compte de la diversité des roches utilisées au cours du temps non seulement pour les constructions mais aussi, et surtout, pour les ornementations. Nous verrons ici, essentiellement, la richesse géologique présentes dans les deux principaux édifices religieux de la ville, la basilique Saint Jean de Latran et la basilique Saint Pierre de Rome (visites qui complètent celle du Grossmünster de Zurich avec ses vitraux en agate)
Les constructions de la Rome antique mêlaient pierre de taille et briques (l'extérieur du Colisée, par exemple, est en travertin, l'intérieur et les retouches / réparations en brique). Les ornementations murales étaient souvent des peintures sur enduit. Les mosaïques étaient aussi répandues dans les riches demeures, mosaïques composées de tesselles de verre coloré ou de pierre et représentant des scènes variées. Parfois, outre des dallages simples, des dallages composés jouaient sur les couleurs et motifs de roches différentes.
Rappelons que le terme "marbre" sera ici employé au sens du marbrier, des architectes ou des décorateurs, à savoir des roches susceptibles d'un beau poli. Parmi ces marbres au sens "ornemental", il y a bien sûr les marbres au sens géologique du terme (calcaire métamorphisé), mais aussi des péridotites, des calcaires non métamorphisés, des brèches sédimentaires ou mantelliques, des roches volcaniques, des granites (que les marbriers écrivent alors "granit" sans "e")...
Une visite du Pallazzo Massimo alle Terme, par exemple, permet d'admirer de nombreuses réalisations antiques et atteste de l'utilisation de multiples techniques et roches pour l'ornementation.
En se rendant à la basilique Saint Jean de Latran, siège du diocèse de Rome, on admirera les beaux pavements du sol de la basilique après avoir repris quelques cours d'histoire et de latin.
Ayant été construite, dans sa version actuelle, entre 1506 et 1626, c'est-à-dire après la basilique Saint Jean de Latran et ses dernières modifications majeures, et devant affirmer sa primauté sur cette dernière, la basilique Saint Pierre de Rome se devait d'être plus grande et plus richement ornée. En plus des très nombreuses statues, colonnes et décors muraux, nous trouvons ici un sol à marbres polychromes avec des roches plus variées et des découpes qui ne se limitent pas à des quadrilatères ou à des formes arrondies.
Lorsque, de plus, l'origine des roches utilisées est connue, cela permet d'estimer la richesse du commanditaire des édifices et de révéler l'existence de circuits commerciaux dans la société d'alors. Attention toutefois à ne pas oublier les possibles réutilisations de matériaux au fil de l'histoire du fait de la destruction ou de l'abandon de certains monuments et de la réutilisation de leur matériaux pour l'édification de nouvelles constructions locales. Nous aurons certainement ici l'occasion de présenter d'autres exemples d'études géologico-historiques.