Image de la semaine | 05/02/2024
Promenade géologique dans la vallée de l'Agly, Pyrénées-Orientales – 3/ Gorge et clue bordant le synclinal de Saint-Paul-de-Fenouillet
05/02/2024
Résumé
Quand l’Agly recoupe deux barres calcaires formant gorge et clue. Antécédence ou surimposition. De la difficile mise en évidence de pendages et de failles.
Les gorges de Galamus sont parcourues par une route touristique. J’y ai pris des photographies (diapositives argentiques) il y a bien des années, et on en trouve beaucoup d'autres sur le web. C'est un parcours réputé pour les amateurs de canyoning et on trouve de nombreuses photographies prises au fond sur le web. De quoi faire un parcours géologique virtuel. Plus pour un intérêt esthético-touristique que géologique, nous vous présentons 9 photographies prises au débouché Sud ou dans le cœur des gorges.
Source - © 2020 D'après jcb-caz-11 – CC BY-SA 4.0, modifié | |
Source - © 2022 D'après Christelle D / Tripadvisor | |
Source - © 2010 D'après Chrisncy'sPhotos | Source - © 2017 maggieyaxleysmith / Tripadvisor |
Quatre kilomètres après être sortie des gorges de Galamus et avoir traversé la “plaine” que représente le synclinal de Saint-Paul-de-Fenouillet (voir figures 3 et 4), l'Agly entaille et traverse la barre calcaire (faciès urgonien) limitant au Sud ce synclinal par la clue de la Fou. Les figures 19 à 28 concernent cette clue de la Fou.
Source - © 2016 D’après LucasD a et b – CC BY-SA 4.0
Source - © 2016 D’après LucasD – CC BY-SA 4.0 | |
Source - © - Jordi Cruells Ros / panoramio | |
Source - © 2020 Les Beautés Catalanes / facebook | |
Source - © - D'après Freek Louwen / panoramio | |
La barre calcaire formant la clue de la Fou pose un problème. Les strates semblent avoir un pendage vers le Sud, pendage certes fort mais non vertical. Une réponse possible à ce paradoxe, c'est que les limites Nord et Sud de cette barre sont des failles. Bien que la vieille carte à 1/80 000 ne l'interprète pas ainsi, la limite Sud de la barre calcaire formant la clue de la Fou semble bien être une faille. Elle met en contact du socle hercynien et du Crétacé par l'intermédiaire d'une “semelle” de Trias, ce qui représente un très grand écart d'âge. Cette limite Sud de la barre calcaire est cartée comme faille sur le schéma structural “moderne”. La limite Nord de cette barre n'est pas directement observable le long de la route. Elle semble verticale bien que le pendage des couches semble penté (assez fortement) vers le Sud. Il pourrait donc y avoir aussi une faille au Nord, entre l'Urgonien et l'Albien. Mais s'il y a une faille, elle est d'une ampleur bien moindre qu'au Sud, puisqu'il n'y a pas d'écart stratigraphique entre l'Urgonien et l'Albien. S'il s'agit d'une faille, ce ne serait qu'une faille “modeste” ayant fait jouer le contraste lithologique marne-calcaire.
Il existe deux autres arguments indirects suggérant fortement la présence de faille(s) au niveau de cette barre de calcaire urgonien traversée par la clue de la Fou.
1 - Il existe une source “minérale” au niveau de la clue de la Fou. Il s'agit d'une eau calcique et sulfurée qui a une température constante de 25°C. Elle vient donc d'assez profond, de beaucoup plus profond que les sources karstiques abondantes dans cette région calcaire. Et les sources thermales sont souvent aidées et guidées par des failles. Un éphémère établissement thermal a d'ailleurs utilisé ces eaux de 1906 à 1914 (cf. Compagnie des Eaux Minérales & Thermales de La Fou).
2 – Le deuxième séisme le plus important des Pyrénées au XXe siècle (le 18 février 1996, magnitude de 5,6, épicentre localisé sur cette barre calcaire par 42,8°N, 2,6°E., à 8 km à l'Est de Saint-Paul-de-Fenouillet (cf. Note préliminaire sur le séisme de Saint-Paul-de-Fenouillet (Pyr.Orientales) du 18 Février 1996). Soumise au raccourcissement pyrénéen, des failles Est-Ouest rejouent encore de nos jours.
On attend avec impatience la mise en ligne de la carte géologique de Saint-Paul-de-Fenouillet et de sa notice pour avoir des données récentes sur cette région.