Outils personnels
Navigation

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Vous êtes ici : Accueil RessourcesLes fours à chaux et les grès de plage de Grande Anse : tout n'est pas volcanique à La Réunion !

Image de la semaine | 18/09/2023

Les fours à chaux et les grès de plage de Grande Anse : tout n'est pas volcanique à La Réunion !

18/09/2023

Matthias Schultz

Professeur de SVT, Lycée H. de Chardonnet, Chalon sur Saône

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Récifs coralliens et grès de plage (beach rock) dans un environnement volcanique.



La Réunion, avec son volcan bouclier de point chaud typique et très actif, est une destination incontournable pour les amateurs de volcanologie. Elle a d'ailleurs fait l'objet de nombreux articles sur Planet-Terre (à retrouver, localisés sur la carte interactive).

Cependant, tout n'est pas volcanique dans cette ile de l'Océan indien ! Prenons un peu à rebours l'image géologique de La Réunion pour étudier aujourd'hui des phénomènes sédimentaires et diagénétiques de cette ile.

La plage de Grande Anse (figure 1), au Sud de l'ile, est sans doute l'une des plus belles de La Réunion. Toutefois, elle n'a pas toujours présenté cet aspect idyllique. Les ruines de deux anciens fours à chaux, situés l'un directement sur l'arrière-plage (figures 2 et 3), et l'autre (four de Manapany), sur le Piton de Grande Anse qui limite au Sud la plage du même nom, attestent d'un passé industriel. On les retrouve dans la base de données de sites industriels CASIAS / BASIAS (accessible via, notamment, le visualiseur InfoTerre ou le site georisques). Construits au XIXe siècle directement sur le lieu d'exploitation de coraux, de sables et de grès calcaires, ces fours permettaient de produire de la chaux vive (oxyde de calcium, CaO) par carbonisation de carbonates, selon la réaction : CaCO3 → CaO + CO2. Pour cela, des lits de matériaux carbonatés et de bois étaient disposés en alternance dans le four. La combustion du bois pendant plusieurs jours permettait ensuite d'atteindre une température d'au moins 800°C. On retrouve en France métropolitaine de tels fours à chaux dans les régions calcaires ainsi que dans les régions de socle hercynien présentant des marbres (cf. Anciens fours à chaux à Aubière et à Romagnat (Puy de Dôme)). La poudre blanche obtenue après l'arrêt du four était employée dans de nombreux secteurs d'activité : comme amendement des sols agricoles, comme liant hydraulique pour la confection des mortiers d'enduit ou de construction, ou encore dans les sucreries, comme agent de purification du jus de canne cuit en cours de cristallisation. La chaux permet, en effet, de purifier le saccharose en faisant précipiter les oxalates et autres composés naturellement présent dans les vacuoles de la canne à sucre (ou des betteraves dans les zones betteravières métropolitaines) car l'oxalate de calcium est insoluble. Deux anciennes sucreries en ruine sont d'ailleurs situées immédiatement au Nord de Grande Anse, aux abords de la plage des Grands Bois.

L'arrêté préfectoral du 9 juin 1969, interdisant la récolte des coraux à La Réunion, l'absence d'autres gisements de carbonates significatifs dans l'ile, ainsi que le prix plus bas, malgré le cout de transport, des ciments et chaux industriels importés par rapport à cette petite production locale semi-artisanale, firent cesser l'activité des fours à chaux réunionnais. La bande littorale fut rachetée par la commune de Petite-Ile en 1974 et aménagée en l'agréable lieu de détente dont profitent aujourd'hui les habitants et les touristes.

Aborder le fonctionnement d'un ancien four à chaux est aussi l'occasion de rappeler que l'utilisation des combustibles fossiles et les changements d'usage des sols / la déforestation ne sont pas les seules causes des rejets anthropiques de CO2 : la part des cimenteries, à la fois par l'utilisation de combustibles fossiles pour faire fonctionner les fours, et par la réaction de carbonisation des carbonates, est estimée à 7 % du CO2 émis à l'échelle mondiale – 3 fois plus que le transport aérien. Matériau le plus utilisé par l'humanité, le ciment contribue donc de manière non négligeable au réchauffement climatique d'origine anthropique.

Ruines de l'ancien four à chaux sur l'arrière-plage de Grande Anse (La Réunion) : un passé industriel avant la carte postale

Figure 2. Ruines de l'ancien four à chaux sur l'arrière-plage de Grande Anse (La Réunion) : un passé industriel avant la carte postale

Le four était chargé de lits alternés de bois (combustible) et de carbonates (coraux, sables et dalles de grès calcaire exploités sur place, servant de matière première), puis chauffait pendant 3 jours et 3 nuits à plus de 800°C. Ne restait plus alors de l'agencement initial qu'une poudre blanche, la chaux vive de formule CaO, grâce à la réaction de carbonisation : CaCO3 → CaO + CO2.


Ruines de l'ancien four à chaux sur l'arrière-plage de Grande Anse (La Réunion) : un passé industriel avant la carte postale

Figure 3. Ruines de l'ancien four à chaux sur l'arrière-plage de Grande Anse (La Réunion) : un passé industriel avant la carte postale

Notez, au premier plan, le puits qui servait à transformer la chaux vive (de formule CaO) en chaux éteinte (de formule Ca(OH)2), moins réactive et plus aisée à manipuler, selon la réaction d'hydratation exothermique : CaO + H2O → Ca(OH)2.


On peut s'interroger sur l'origine des carbonates exploités sur la plage de Grande Anse, dont la présence cadre mal, à priori, avec le contexte volcanique de La Réunion et même des environs immédiats de l'ancien four à chaux (figures 5 à 13). Naïvement, on s'attendrait en effet plutôt à des plages de sable noir (ou à la limite vert, comme la fameuse plage de sable à olivine du Tremblet, cf. figure 4 et Quelques sites géologiques d'intérêt volcanologique sur l'ile de La Réunion), formées d'éléments détritiques issus de l'érosion des roches magmatiques basiques qui dominent l'ensemble de l'ile.

La plage de sable vert du Tremblet, au Sud-Est de l'ile, c'est-à-dire dans le Grand Brulé, zone d'épanchement de la majorité des coulées au pied du Piton de la Fournaise

Figure 4. La plage de sable vert du Tremblet, au Sud-Est de l'ile, c'est-à-dire dans le Grand Brulé, zone d'épanchement de la majorité des coulées au pied du Piton de la Fournaise

Le sable est ici formé de grains arrachés par l'érosion à la coulée de lave de type océanite d'avril 2007. Les grains noirs sont issus de la pâte de l'océanite (avec, donc, ont une composition basaltique, dominée par du verre, des microlithes de feldspath plagioclase et de pyroxène, accompagnés de quelques phénocristaux), et les grains verts sont formés de phénocristaux d'olivine, qui atteignent ici jusqu'à 60 % de l'océanite en proportion.


Extrémité Nord de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Figure 5. Extrémité Nord de la plage de Grande Anse (La Réunion)

La couleur claire du sable carbonaté tranche avec le noir des rochers basaltiques à l'arrière-plan.


Extrémité Sud de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Figure 6. Extrémité Sud de la plage de Grande Anse (La Réunion)

La couleur claire du sable carbonaté tranche avec le noir (ou le rouge, lorsque le fer a été davantage oxydé à chaud) des rochers basaltiques environnantes. En observant de plus près toutefois, on note des nuances de couleur du sable, avec des passées grisâtres ou rougeâtres qui traduisent la présence plus forte de grains basaltiques issus de l'érosion des laves avoisinantes, s'ajoutant aux éléments calcaires.


Détail du sable de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Figure 7. Détail du sable de la plage de Grande Anse (La Réunion)

On observe des nuances de couleur des grains du sable, avec des éléments calcaires clairs, dominants, mais aussi des éléments noirs ou rougeâtres issus de l'érosion des laves avoisinantes (il s'agit notamment de serpentine et d'iddingsite produites par l'altération des olivines, mais aussi de cristaux de pyroxène, etc.).


Détail du sable de la plage de Grande Anse (La Réunion), vue en direction du Sud, avec le Piton de Grande Anse en fond

Figure 8. Détail du sable de la plage de Grande Anse (La Réunion), vue en direction du Sud, avec le Piton de Grande Anse en fond

On observe des nuances de couleur des grains du sable, avec des éléments calcaires clairs, dominants, mais aussi des éléments noirs ou rougeâtres issus de l'érosion des laves avoisinantes (il s'agit notamment de serpentine et d'iddingsite produites par l'altération des olivines, mais aussi de cristaux de pyroxène, etc.). Notez également les dalles rocheuses qui affleurent du sable au-dessus et sous le niveau de la mer.


Détail du sable de la plage de Grande Anse (La Réunion), vue en direction du Nord, avec une falaise littorale en fond formant le Cap de l'Abri

Figure 9. Détail du sable de la plage de Grande Anse (La Réunion), vue en direction du Nord, avec une falaise littorale en fond formant le Cap de l'Abri

On observe des nuances de couleur des grains du sable, avec des éléments calcaires clairs, dominants, mais aussi des éléments noirs ou rougeâtres issus de l'érosion des laves avoisinantes (il s'agit notamment de serpentine et d'iddingsite produites par l'altération des olivines, mais aussi de cristaux de pyroxène, etc.). Notez également les dalles rocheuses qui affleurent du sable au-dessus et sous le niveau de la mer.


Contexte général de la plage de Grande Anse (La Réunion), vue en direction du Nord depuis le sommet du Piton de Grande Anse

Figure 10. Contexte général de la plage de Grande Anse (La Réunion), vue en direction du Nord depuis le sommet du Piton de Grande Anse

L'anse est constituée par des reliefs volcaniques (la couleur sombre des roches permet de deviner leur nature volcanique) : une falaise littorale bien visible ici au Nord de la plage, formant le Cap de l'Abri, et qui se prolonge à l'Est à l'arrière-plage (en limite droite de la photo), haute de près de 50 m, et jusqu'à 200 m en retrait du littoral actuel. Au Sud, sous les pieds du photographe, le Piton de Grande Anse forme le Cap Auguste qui domine de 85 m la mer. Plus au Nord, une seconde bande de plage claire très comparable est observable (plage des Grands Bois). À l'horizon, on devine la ville de Saint-Pierre. La pente douce et régulière du volcan bouclier est bien visible, le sommet du Piton de la Fournaise étant situé à l'Est, hors-champ sur la droite de l'image. La falaise littorale résulte d'une période, il y a plusieurs dizaines de milliers d'années, où le volcanisme réduit dans ce secteur a permis un recul de la côte sous l'effet de l'érosion maritime. Plus récemment, la mise en place éruptive du Piton de Grande Anse a abrité la zone, favorisant le développement des coraux. Ils n'ont toutefois pas encore construit de véritable barrière de corail (on parle plutôt, ici, de plate-forme récifale que de récif frangeant, à la différence de la côte plus au Nord, du lagon de Saint-Pierre jusqu'à celui de Saint-Gilles). La houle entrante (bien visible ici) soumet les coraux à une érosion régulière, générant un sable blanc biodétritique qui se dépose dans le creux abrité par le piton, sur une bande d'environ 600 m de long pour 200 m de large : la plage de Grande Anse. Elle est aujourd'hui très aménagée, construite et plantée de cocotiers entre autres. Notez également au centre de l'image les enrochements artificiels réalisés pour sécuriser la baignade.


Contexte général de la plage de Grande Anse (La Réunion), vue en direction du Nord depuis le sommet du Piton de Grande Anse

Figure 11. Contexte général de la plage de Grande Anse (La Réunion), vue en direction du Nord depuis le sommet du Piton de Grande Anse

L'anse est constituée par des reliefs volcaniques (la couleur sombre des roches permet de deviner leur nature volcanique) : une falaise littorale bien visible ici au Nord de la plage, formant le Cap de l'Abri, et qui se prolonge à l'Est à l'arrière-plage (en croissant sur la droite de la photo), haute de près de 50–m, et jusqu'à 200 m en retrait du littoral actuel. La falaise littorale résulte d'une période, il y a plusieurs dizaines de milliers d'années, où le volcanisme réduit dans ce secteur a permis un recul de la côte sous l'effet de l'érosion maritime. Brisant la pente douce et régulière du volcan bouclier, à l'arrière-plan sur la droite, un édifice strombolien typique, récent (daté à −20 000 ans environ), est visible à 600 m d'altitude : il s'agit du Piton Mont Vert, l'un des multiples cônes adventifs d'où sont sorties les coulées de lave constituant le substratum rocheux du secteur. Ce piton est d'ailleurs égueulé vers la mer, signe d'une coulée émise sur les pentes. Une trentaine d'édifices similaires sont recensés dans ce secteur, pas toujours datés avec précision mais sans doute répartis sur une période assez longue. Cela montre que l'activité volcanique n'a pas toujours été concentrée au niveau de l'Enclos. La mise en place d'un autre cône, le Piton de Grande Anse, sous les pieds du photographe, au Sud de la plage actuelle, a abrité la zone, favorisant le développement des coraux. Ces derniers n'ont toutefois pas encore construit de véritable barrière de corail (on parle plutôt, ici, de plate-forme récifale que de récif frangeant, à la différence de la côte plus au Nord, du lagon de Saint-Pierre jusqu'à celui de Saint-Gilles). La houle entrante (bien visible ici) soumet les coraux à une érosion régulière, générant un sable blanc biodétritique qui se dépose dans le creux abrité par le piton, sur une bande d'environ 600 m de long pour 200 m de large : la plage de Grande Anse. Elle est aujourd'hui très aménagée, construite et plantée de cocotiers entre autres. Notez également au centre de l'image les enrochements artificiels réalisés pour sécuriser la baignade.


Le Cap Auguste et la côte plus au Sud, vue depuis le sommet du piton de Grande Anse

Figure 12. Le Cap Auguste et la côte plus au Sud, vue depuis le sommet du piton de Grande Anse

Ce piton domine la mer de près de 85 m et apparait formé d'une alternance de coulées de lave sombres et massives, épaisses de quelques mètres, qu'on retrouve dans les falaises plus lointaines, et de niveaux de projections volcaniques rougeâtres. Ces derniers dépôts ont été générés in situ et oxydés à chaud (faciès « cœur de cône ») : le Piton Grande Anse est un ancien cône strombolien, dont l'édification a abrité de la houle la plage du même nom, au Nord, dans le dos du photographe. La date exacte de cette éruption reste incertaine, mais on peut s'amuser à faire de la chronologie relative avec les diverses coulées... Plus au Sud, la côte reste soumise à l'érosion maritime, avec une falaise littorale directement battue par les flots encore aujourd'hui. Ainsi une petite ile a été détachée de la côte par érosion différentielle des zones les plus fracturées et fragiles. Par ailleurs, ce belvédère naturel constitue un bon point d'observation des cétacés, tortues et oiseaux de mer (notamment les emblématiques pailles-en-queues, Phaethon lepturus).


Le Cap Auguste vu depuis le sommet du Piton de Grande Anse

Figure 13. Le Cap Auguste vu depuis le sommet du Piton de Grande Anse

Ce piton domine la mer de près de 85 m et apparait formé d'une alternance de coulées de lave sombres et massives, épaisses de quelques mètres, constituant également les falaises des environs, et de niveaux de projections volcaniques rougeâtres. Ces derniers dépôts ont été générés in situ et oxydés à chaud (faciès « cœur de cône ») : le Piton Grande Anse est un ancien cône strombolien, dont l'édification a abrité la plage du même nom, au Nord, dans le dos du photographe. La date exacte de cette éruption reste incertaine, mais on peut s'amuser à faire de la chronologie relative avec les diverses coulées... Par ailleurs, ce belvédère naturel constitue un bon point d'observation des cétacés, tortues et oiseaux de mer (notamment les emblématiques pailles-en-queues, Phaethon lepturus).


On comprend donc l'origine du sable carbonaté de Grande Anse : les reliefs volcaniques avoisinant, notamment le Piton Grande Anse, offrent un relatif abri qui a permis un développement corallien local. Coraux, coquillages et oursins produisent leurs squelettes calcaires à partir des ions calcium et hydrogénocarbonates dissouts dans l'eau de mer, selon la réaction : 2 HCO3 + Ca2+ → CaCO3 + CO2 + H2O. Comme ces édifices bioconstruits sont régulièrement fragmentés en période de forte houle, ils génèrent des éléments calcaires biodétritiques qui s'accumulent au fond de l'anse (associés en proportions variables à des fragments volcaniques arrachés aux reliefs voisins).

Cette situation est minoritaire à La Réunion, où les récifs coralliens sont plutôt rares (ils représentent moins de 10 % de la côte, concentrés sur la façade Ouest, selon une bande discontinue entre Saint-Pierre et Saint-Gilles) et jeunes (quelques milliers d'années au maximum, du fait du dynamisme volcanique de l'ile). Toutefois, leur importance économique et environnementale est sans commune mesure avec leur taille. Ce littoral récifal concentre en effet la quasi-totalité de l'activité balnéaire du département, protège les côtes de l'énergie des vagues et donc de l'érosion, et constitue surtout un écosystème riche abritant de nombreuses espèces et offrant diverses ressources marines.

Ces intérêts majeurs des édifices coralliens justifient l'interdiction de leur exploitation comme matière première dans les fours à chaux, même si celle-ci est intervenue tard, après épuisement quasi-complet de certaines ressources carbonatées et des dégâts importants pour plusieurs formations. Les récifs restent par ailleurs menacés par d'autres activités (citons l'impact du tourisme balnéaire de masse, certaines pratiques de pêche, les pollutions venues de la côte, et à moyen terme le réchauffement climatique…).

Outre le sable corallien, l'observation de l'estran de Grande Anse montre des dalles rocheuses (déjà aperçues dans les figures 8 et 9). Elles affleurent dans la zone de balancement des marées, tantôt émergées, tantôt recouvertes par la mer. Quelle est leur nature ?

Sable et dalles rocheuses de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Figure 14. Sable et dalles rocheuses de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Le sable est formé majoritairement d'éléments calcaires clairs millimétriques à centimétriques : débris coralliens surtout, mais aussi épines d'oursins, fragments de coquillages... associés en proportion variable à des éléments noirs ou rougeâtres issus de l'érosion des laves avoisinantes (il s'agit notamment de serpentine et d'iddingsite produites par l'altération des olivines, mais aussi de cristaux de pyroxène, etc.). Les dalles rocheuses qui affleurent du sable dans la zone de balancement des marées sont formées des mêmes éléments constitutifs, mais cette fois liés entre eux par un ciment calcaire.


Détail d'une dalle rocheuse et de sable de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Figure 15. Détail d'une dalle rocheuse et de sable de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Le sable est formé majoritairement d'éléments calcaires clairs millimétriques à centimétriques : débris coralliens surtout, mais aussi épines d'oursins, fragments de coquillages... associés en proportion variable à des éléments noirs ou rougeâtres issus de l'érosion des laves avoisinantes (il s'agit notamment de serpentine et d'iddingsite produites par l'altération des olivines, mais aussi de cristaux de pyroxène, etc.). Les dalles rocheuses qui affleurent du sable dans la zone de balancement des marées sont formées des mêmes éléments constitutifs, mais cette fois liés entre eux par un ciment calcaire.


Surface d'une dalle rocheuse de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Figure 16. Surface d'une dalle rocheuse de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Cette dalle est formée majoritairement des mêmes éléments constitutifs que le sable de la plage : bioclastes calcaires clairs millimétriques à centimétriques (débris coralliens surtout, mais aussi épines d'oursins, fragments de coquillages...) associés en proportion variable à des éléments noirs ou rougeâtres issus de l'érosion des laves avoisinantes (il s'agit notamment de serpentine et d'iddingsite produites par l'altération des olivines, mais aussi de cristaux de pyroxène, etc.), liés entre eux par un ciment calcaire.


Détail de la surface d'une dalle rocheuse de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Figure 17. Détail de la surface d'une dalle rocheuse de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Cette dalle est formée majoritairement des mêmes éléments constitutifs que le sable de la plage : bioclastes calcaires clairs millimétriques à centimétriques (débris coralliens surtout, mais aussi épines d'oursins, fragments de coquillages...) associés en proportion variable à des éléments noirs ou rougeâtres issus de l'érosion des laves avoisinantes (il s'agit notamment de serpentine et d'iddingsite produites par l'altération des olivines, mais aussi de cristaux de pyroxène, etc.), liés entre eux par un ciment calcaire.


Surface d'une autre dalle rocheuse de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Figure 18. Surface d'une autre dalle rocheuse de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Cette dalle est formée majoritairement des mêmes éléments constitutifs que le sable de la plage : bioclastes calcaires clairs millimétriques à centimétriques (débris coralliens surtout, mais aussi épines d'oursins, fragments de coquillages...) associés en proportion variable à des éléments noirs ou rougeâtres issus de l'érosion des laves avoisinantes (il s'agit notamment de serpentine et d'iddingsite produites par l'altération des olivines, mais aussi de cristaux de pyroxène, etc.), liés entre eux par un ciment calcaire.


Vue rapprochée sur la surface d'une dalle rocheuse de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Figure 19. Vue rapprochée sur la surface d'une dalle rocheuse de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Cette dalle est formée majoritairement des mêmes éléments constitutifs que le sable de la plage : bioclastes calcaires clairs millimétriques à centimétriques (débris coralliens surtout, mais aussi épines d'oursins, fragments de coquillages...) associés en proportion variable à des éléments noirs ou rougeâtres issus de l'érosion des laves avoisinantes (il s'agit notamment de serpentine et d'iddingsite produites par l'altération des olivines, mais aussi de cristaux de pyroxène, etc.), liés entre eux par un ciment calcaire.


Gros plan sur la surface d'une dalle rocheuse de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Figure 20. Gros plan sur la surface d'une dalle rocheuse de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Cette dalle est formée majoritairement des mêmes éléments constitutifs que le sable de la plage : bioclastes calcaires clairs millimétriques à centimétriques (débris coralliens surtout, mais aussi épines d'oursins, fragments de coquillages...) associés en proportion variable à des éléments noirs ou rougeâtres issus de l'érosion des laves avoisinantes (il s'agit notamment de serpentine et d'iddingsite produites par l'altération des olivines, mais aussi de cristaux de pyroxène, etc.), liés entre eux par un ciment calcaire.


Autre vue sur la surface d'une dalle rocheuse de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Figure 21. Autre vue sur la surface d'une dalle rocheuse de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Cette dalle est formée majoritairement des mêmes éléments constitutifs que le sable de la plage : bioclastes calcaires clairs millimétriques à centimétriques (débris coralliens surtout, mais aussi épines d'oursins, fragments de coquillages...) associés en proportion variable à des éléments noirs ou rougeâtres issus de l'érosion des laves avoisinantes (il s'agit notamment de serpentine et d'iddingsite produites par l'altération des olivines, mais aussi de cristaux de pyroxène, etc.), liés entre eux par un ciment calcaire.


Bloc rocheux extrait de la plage de Grande Anse (La Réunion) et transformé en table pour les barbecues créoles

Figure 22. Bloc rocheux extrait de la plage de Grande Anse (La Réunion) et transformé en table pour les barbecues créoles

Cette dalle est formée majoritairement des mêmes éléments constitutifs que le sable de la plage : bioclastes calcaires clairs millimétriques à centimétriques (débris coralliens surtout, mais aussi épines d'oursins, fragments de coquillages...) associés en proportion variable à des éléments noirs ou rougeâtres issus de l'érosion des laves avoisinantes (il s'agit notamment de serpentine et d'iddingsite produites par l'altération des olivines, mais aussi de cristaux de pyroxène, etc.), liés entre eux par un ciment calcaire.


Détail du bloc rocheux extrait de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Figure 23. Détail du bloc rocheux extrait de la plage de Grande Anse (La Réunion)

Cette dalle est formée majoritairement des mêmes éléments constitutifs que le sable de la plage : bioclastes calcaires clairs millimétriques à centimétriques (débris coralliens surtout, mais aussi épines d'oursins, fragments de coquillages...) associés en proportion variable à des éléments noirs ou rougeâtres issus de l'érosion des laves avoisinantes (il s'agit notamment de serpentine et d'iddingsite produites par l'altération des olivines, mais aussi de cristaux de pyroxène, etc.), liés entre eux par un ciment calcaire.


Autre vue sur un bloc rocheux extrait de la plage de Grande Anse (La Réunion) et transformé en table pour les barbecues créoles

Figure 24. Autre vue sur un bloc rocheux extrait de la plage de Grande Anse (La Réunion) et transformé en table pour les barbecues créoles

Cette dalle est formée majoritairement des mêmes éléments constitutifs que le sable de la plage : bioclastes calcaires clairs millimétriques à centimétriques (débris coralliens surtout, mais aussi épines d'oursins, fragments de coquillages...) associés en proportion variable à des éléments noirs ou rougeâtres issus de l'érosion des laves avoisinantes (il s'agit notamment de serpentine et d'iddingsite produites par l'altération des olivines, mais aussi de cristaux de pyroxène, etc.), liés entre eux par un ciment calcaire.


Ces observations permettent de conclure que les dalles à demi-ensevelies dans le sable de la plage sont des grès de plage (beach rock), produits in situ dans la zone de balancement des marées par cimentation des grains de sables entre eux. Ce processus de diagenèse est permis par l'évaporation, en période de basses eaux, de l'eau de mer qui imbibe le sable en période de hautes eaux. L'évaporation concentre les ions calcium et hydrogénocarbonates, qui précipitent selon l'équation 2 HCO3 + Ca2+ → CaCO3 + CO2 + H2O, formant un ciment naturel entre les grains. Le phénomène est favorisé par la richesse initiale en ions de l'eau de mer, richesse accentuée par la présence des nombreux débris coralliens calcaires.

Cette diagenèse est rapide : des tuyaux installés dans les années 1970 dans le sable de la plage sont aujourd'hui complètement pris dans de tels grès de plage. Au gré de l'érosion ou du déplacement des bancs de sables, les dalles de grès ainsi formées peuvent affleurer sur l'estran.

Ainsi, les fours à chaux de Grande Anse ont pu exploiter comme matière première soit directement les coraux, soit le sable bioclastique issu de ces derniers, soit, enfin, les grès de plage produits par la diagenèse précoc de ce sable.

On retrouve les interprétations de cet article et bien plus encore sur la carte géologique à 1/50 000 de La Réunion (figures 25 et 26), instructive malgré son ancienneté (publication en 1974), et disponible notamment sur InfoTerre, le visualiseur du BRGM.

Extrait de la carte géologique à 1/50 000 de La Réunion, publiée en 1974

Figure 25. Extrait de la carte géologique à 1/50 000 de La Réunion, publiée en 1974

On constate que le substratum des pentes du Piton de la Fournaise est, dans ce secteur, constitué principalement de coulées de basaltes (basaltes aphyriques parfois, et plutôt basaltes de type océanite à proximité de Grande Anse) rattachés d'après la légende à la phase III, c'est-à-dire datées autour de −350 000 ans (une datation absolue à environ −360 000 ans est d'ailleurs signalée à l'Ouest du Piton du Charrié), en vert foncé sur la carte notées ßπm2. Ces roches sont recouvertes par des coulées comparables mais plus récentes (sans datation absolue) de phase IV, figurées en vert clair et notées ßπ4. Sont aussi signalés d'assez nombreux cônes adventifs, souvent égueulés vers la mer car ayant émis ces coulées (le sens d'écoulement est signalé par des flèches noires) : Piton Mont Vert (cf. figure 11), Piton du Charrié et Piton du Calvaire (responsables des coulées encadrant la plage de Grande Anse), Piton de Grande Anse (abritant l'anse de la houle depuis le Sud : Cap Auguste noté « Pointe des Grands Bois » sur la carte).

Dans le détail, sur le terrain, de modestes coulées successives peuvent être distinguées au sein de chaque ensemble, en un exercice de chronologie relative que nous ne détaillerons pas ici, l'éruption du Piton de Grande Anse s'inscrivant entre celle du Piton du Charrié et celle du Piton du Calvaire, et après des activités phréatomagmatiques côtières.

La falaise littorale est indiquée par un trait rouge continu ; en certains points (signalés par des pointillés rouges), elle a été franchie et recouverte par les coulées, qui se sont alors déversées jusque dans la mer (les limites lobées des coulées apparaissent en traits noirs). Les édifices coralliens (plateformes récifales) sont marqués en bleu au niveau de Grande Anse et des Grands Bois. Les plages bioclastiques sont figurées en jaune noté « M1 à sable et débris coralliens dominants, avec rares petits bancs de grès coralliens », d'après la légende. Enfin le four à chaux de Grande Anse et l'exploitation des carbonates sont signalés par un Ω.



Localisation de la plage de Grande Anse à La Réunion

Signalons enfin l'excellent ouvrage  Ile de La Réunion - 10 itinéraires de randonnée détaillés, 7 fiches découverte de Marie Chaput, Simon Defortis, Olivier Hoarau, Ludovic Leduc, édité par Omniscience, dont l'itinéraire n°5 a largement inspiré le présent article, mais dont la richesse dépasse largement les quelques points abordés ici. L'ensemble de la collection des guides géologiques Omniscience est d'ailleurs recommandé à tous les amateurs de géologie !