Image de la semaine | 12/02/2024
Promenade géologique dans la vallée de l’Agly (Pyrénées-Orientales) – 4/ L’aqueduc “romain” d’Ansignan et ses concrétions calcaires, comparaison avec le Pont du Gard
12/02/2024
Résumé
Aqueducs “romains” et concrétions calcaires en pays granito-gneissique.
Source - © 2023 image / culture.gouv.fr – CC-BY-SA 3.0 FR
Après les écailles tectoniques et le synclinal de Saint-Paul-de-Fenouillet, on peut admirer/étudier une autre curiosité dans la vallée de l’Agly, curiosité à la fois historique et géologique, l’aqueduc d’Ansignan, connu sous le nom d’« aqueduc romain », même si son état actuel date plus du Moyen-Âge que de l’époque romaine. Cet aqueduc est l’occasion de voir de beaux dépôts de calcaire, dépôts “récents”, postérieurs au Moyen-Âge.
L’eau qui coule au sommet de l’aqueduc est captée dans l’Agly (voir figure 17) à 1 km en amont de l’aqueduc. L’aqueduc est situé en plein dans le massif granitique et gneissique hercynien de l’Agly, mais tout son bassin versant amont est en pays calcaire (cf. Promenade géologique dans la vallée de l'Agly, Pyrénées-Orientales – 3/ Gorge et clue bordant le synclinal de Saint-Paul-de-Fenouillet, plus bas, les figures 18 à 21). Son eau est très chargée en calcaire (Ca2+ et HCO3−). L’étanchéité du canal sommital n’est pas parfaite, et des fuites légères existent ici ou là à travers le fond et les parois latérales du canal. Là où cette eau calcaire suinte à l’extérieur de l’aqueduc (parois du canal ou plafond des voutes), il y a évaporation partielle et surtout perte de CO2, avec dépôt de calcaire (Ca2+ + 2 HCO3− →CaCO3 + CO2 + H2O). Nous allons “visiter” cet aqueduc, de sa partie aval (au Sud-Ouest) à sa partie amont (au Nord-Est), en regardant à la fois l’architecture ancienne et les dépôts de calcaire. Puis nous changerons de secteur et irons voir le plus célèbre aqueduc de France, le Pont du Gard, mais avec un œil surtout attiré par les dépôts calcaires (travertin).
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Source - © - D’après Elmokula / panoramio | Source - © - D’après Jackie BG (Jack) / panoramio |
Six kilomètres en amont de l’aqueduc d’Ansignan, l’Agly quitte les calcaires pour rentrer dans le socle paléozoïque du Massif de l’Agly. Elle est en partie alimentée pour des sources karstiques aux eaux saturées voire sursaturée en Ca2+ et HCO3−. C’est ce calcaire “amont” qui est responsable des dépôts calcaires de l’aqueduc. Mais avant d’arriver dans le socle, l’Agly traverse deux gorges (cf. Promenade géologique dans la vallée de l’Agly, Pyrénées-Orientales – 3/ Gorge et clue bordant le synclinal de Saint-Paul-de-Fenouillet). Selon la morphologie du fond de la rivière, les eaux de l’Agly érodent le fond, ou au contraire déposent des travertins. Pour le plaisir, nous vous montrons une source karstique déposant du travertin, et trois photographies dans les gorges de Galamus où l’on voit des dépôts de travertins tapissant le font de la rivière. Pour voir d’autres sources karstiques et dépôts de travertins dans des rivières, on se reportera, par exemple, à Cascades de tuf (travertin) dans le massif du Jura ou Les barrages de travertin, les gours (lacs) en escaliers et les coulées (escaliers) de "tuf" des ruisseaux du Jura.
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Source - © 2016 D’après image / trekker.fr | Source - © 2023 D’après Kevin.M.T / descente-canyon.com |
Avec cette figure 21 s’arrête cette série de six semaines consacrées à la vallée de l’Agly et ses environs immédiats. Dans un cercle de 8 km de rayon, nous avons vu un granite à grenat et pyroxène, des brèches constituants de lames tectoniques, des scapolites, des manifestations tectoniques du décrochement pyrénéen, des gorges et des clues, et un aqueduc romain avec des pétrifications calcaires.
Terminons cette semaine consacrée à un aqueduc romain par le plus célèbre aqueduc romain de France : le Pont du Gard. Cet aqueduc, contrairement par exemple aux aqueducs antiques du Sud-Ouest de Lyon, conduit des eaux très calcaires qui proviennent d’une source près d’Uzès, puis continuent en direction de Nîmes. Cet aqueduc a “fonctionné” du Ier au VIe siècle. Et pendant ses 500 ans de fonctionnement, largement plus de 10 cm de calcaire ont été déposés sur les parois du canal au niveau du pont comme dans certaines parties du canal en aval. Quand vous irez au Pont du Gard, à côté de l’architecture romaine, pensez aussi à regarder les précipitation des carbonates.
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Source - © - image / Provenceguide.com | Source - © - D’après Y. de Fareins / BnF | Passerelle[s] |
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