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Le volcanisme rhyolitique (et ignimbritique) : un volcanisme largement sous-estimé et produisant des laves de couleurs variées

04/03/2024

Pierre Thomas

Laboratoire de Géologie de Lyon / ENS de Lyon

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Différents contextes de mise en place et couleurs variées des rhyolites à partir de 4 échantillons récoltés en France.


Quatre échantillons de rhyolites paléozoïques de France, avec des origines et des couleurs variées

Figure 1. Quatre échantillons de rhyolites paléozoïques de France, avec des origines et des couleurs variées

(1) Rhyolite rouge permienne de l'Estérel. (2) Rhyolite grise permo-carbonifère du Nord-Morvan. (3) Rhyolite blanche ordovicienne du Mouthoumet. (4) Rhyolite noire ordovicienne de Vendée.

Ces quatre échantillons de rhyolite montrent que les rhyolites ne sont pas des roches rares, qu'on les trouve un peu partout en France, et que leur couleur est très variable. Elles proviennent au moins en partie de la fusion partielle de la croute continentale, fusion due à l'extension-relaxation (au Carbonifère supérieur et au Permienne) de la chaine hercynienne, ou fusion due à l'extension de la marge Nord du Gondwana lors de l'ouverture (Cambrien-Ordovicien) de l'océan qui s'est fermé lors des évènements hercyniens (l'océan appelé Médio-européen ou Galice-Massif central), cf. Structure et évolution pré-permienne du Massif Central français 3/3 – Magmatisme et scénario géodynamique).


Cet article a un double but.

Un but “annexe” : montrer que la couleur en géologie, si elle a une importance ”certaine”, n'est qu'un facteur parmi d'autres pour déterminer la nature d'une roche. Par exemple, quelques pourcents de plus ou de moins d'oxyde ferrique (Fe3+), de matière organique ou de sulfures… et la roche passe du blanc/gris au rouge ou au noir.

Un but principal : montrer que les rhyolites sont des laves (mises en place sous forme de coulées, de dômes ou d'écoulements pyroclastiques donnant des ignimbrites) quantitativement beaucoup plus importantes que beaucoup ne le pensent. Dans l'Éducation nationale (du lycée à l'université en passant par les classes préparatoires), deux roches magmatiques sont principalement “valorisées” : les basaltes (et gabbros) surtout en contexte océanique, et les granites, surtout en contexte continental. S'y ajoutent les andésites (et leurs équivalents grano-dioritiques) en contexte de subduction. Les rhyolites ne sont, en général, présentées que comme les termes ultimes de la différenciation de magmas basiques, volumétriquement très minoritaires, comme les rhyolites des Mont-Dore ou du Cantal.

Il y a plusieurs raisons à cette sous-estimation.

  • Les rhyolites récentes (cénozoïques) sont rares en France métropolitaine (quasi absentes des Alpes, en volume limité dans le volcanisme récent du Massif Central …).
  • Il y a de très nombreuses rhyolites paléozoïques en France (Massif Armoricain, Vosges, Massif Central…). Mais si, sur la carte géologique de France à 1/1 000 000, les granites et autres roches “plutoniques” sont représentées avec une gamme de couleurs spécifiques qui les rend très visibles (différentes teintes de rouge ou de rose), les rhyolites ne sont représentées que par une surcharge discrète surajoutée sur la couleur de la période géologique de leur mise en place (gris pour les rhyolites permiennes, marron pour les rhyolites carbonifères, brun-vert pour les rhyolites ordoviciennes…).
  • Les rhyolites très métamorphisées sont souvent cartées comme “orthogneiss” et, de ce fait, difficiles à identifier si on ne lit pas notice et légende avec attention.
  • Les rhyolites sont des roches volcaniques mises en place en surface (laves massives, ou mises en place sous forme d'ignimbrites). Elles ont donc été plus érodées que leurs équivalents plutoniques (les granites) d'une même époque. La taille des affleurements anciens visibles aujourd'hui (paléozoïques en ce qui concerne cet article) “minimise” l'importance géologique réelle qu'elles avaient à l'époque de leur mise en place.

Tout ceci explique en partie que les rhyolites soient les « parents pauvres » des roches magmatiques dans l'enseignement et dans l'inconscient de beaucoup de géologues. Mais si la carte géologique de France minimise la visibilité des rhyolites paléozoïques, elle ne minimise pas leur importance, au contraire. Elles y sont bien présentes, et la légende de cette carte leur donne une bonne place, et, de plus, est très riche d'enseignements quant à leur âge, leur contexte d'origine…

Extrait de la légende de la carte géologique de France à 1/1 000 000 quant au volcanisme paléozoïque

Figure 2. Extrait de la légende de la carte géologique de France à 1/1 000 000 quant au volcanisme paléozoïque

Ce volcanisme est représenté par une surcharge verte ou bleu surajoutée sur la couleur de l'époque d'émission, surcharge bleue dans le cas de volcanisme à dominante acide (des rhyolites) et surcharge verte dans le cas de volcanisme à dominante basique. Le contexte géodynamique de la mise en place de ce volcanisme est indiqué par la « forme » de la surcharge : “vv” dans le cas de volcanisme de marge active, “…” dans le cas d'extension continentale et ”- -” dans le cas de collision continentale.


À partir d'échantillons issus de la collection de l'ENS de Lyon collectés dans les années quatre-vingt-dix, nous allons rapidement survoler 4 régions françaises riches en rhyolites : (1) l'Estérel et la Corse, (2) le Morvan et le Nord-Est du Massif Central, (3) le massif du Mouthoumet, socle hercynien de la zone sous-pyrénéenne, et (4) la Vendée. Cela montrera que les rhyolites et autres manifestations d'un volcanisme acide sont beaucoup plus fréquentes, abondantes (et géologiquement importantes) que ce n'est présenté classiquement.

Figure 3. Échantillon de rhyolite rouge de l'Estérel

Cette rhyolite est très riche en phénocristaux. L'aspect brillant de cette rhyolite est donné par les quartz, qui ont une couleur brune très sombre (presque noir, cf. Pourquoi certains quartz sont-ils “fumés” ?) et qui représentent 40 à 50 % des phénocristaux. Les feldspaths (40 à 50 % des phénocristaux) sont altérés, ils montrent une couleur rose délavée et ont un aspect mat. Les minéraux ferro-magnésiens (10 % des phénocristaux) sont totalement altérés et remplacés par de la chlorite. La “pâte” de cette rhyolite, constituée d'un ensemble verre + microlithes, est rouge, ce qui est à l'origine des très beaux paysages de l'Estérel. Les rhyolites de l'Estérel sont soit sous forme de dômes et de coulées, soit, surtout, sous forme d'ignimbrites, pyroclastites retombées à haute température et ressoudées. Le volcanisme acide de l'Estérel est daté du Permien. Les roches volcaniques sont d'ailleurs souvent interstratifiées dans des sédiments (majoritairement des grès et des pélites) permiens. Ce volcanisme de l'Estérel (et de son analogue corse) et son origine sont traités dans Le volcanisme rhyolitique permien du Sud de la France : Estérel, Corse, Briançonnais et Béarn.

Localisation par fichier kmz de rhyolites rouges du Massif de l'Estérel.


Figure 4. Détail d'un échantillon de rhyolite de l'Estérel

Cette rhyolite est très riche en phénocristaux. L'aspect brillant de cette rhyolite est donné par les quartz, qui ont une couleur brune très sombre (presque noir, cf. Pourquoi certains quartz sont-ils “fumés” ?) et qui représentent 40 à 50 % des phénocristaux. Les feldspaths (40 à 50 % des phénocristaux) sont altérés, ils montrent une couleur rose délavée et ont un aspect mat. Les minéraux ferro-magnésiens (10 % des phénocristaux) sont totalement altérés et remplacés par de la chlorite. La “pâte” de cette rhyolite, constituée d'un ensemble verre + microlithes, est rouge, ce qui est à l'origine des très beaux paysages de l'Estérel. Les rhyolites de l'Estérel sont soit sous forme de dômes et de coulées, soit, surtout, sous forme d'ignimbrites, pyroclastites retombées à haute température et ressoudées. Le volcanisme acide de l'Estérel est daté du Permien. Les roches volcaniques sont d'ailleurs souvent interstratifiées dans des sédiments (majoritairement des grès et des pélites) permiens. Ce volcanisme de l'Estérel (et de son analogue corse) et son origine sont traités dans Le volcanisme rhyolitique permien du Sud de la France : Estérel, Corse, Briançonnais et Béarn.


Paysage de l'Estérel (Var) montrant l'énorme volume des rhyolites permiennes dans cette région

Figure 5. Paysage de l'Estérel (Var) montrant l'énorme volume des rhyolites permiennes dans cette région

Les rhyolites constituent la totalité de la masse du Pic du Cap Roux (453 m d'altitude) qu'on voit à l'arrière-plan. L'épaisseur de cette unité volcanique rhyolitique est donc de plus de 450 m.


Représentation cartographique des rhyolites permiennes de l'Estérel (Var)

Figure 8. Représentation cartographique des rhyolites permiennes de l'Estérel (Var)

La flèche rouge localise à chaque fois les mêmes rhyolites permiennes.

En haut à gauche, agrandissement de la carte à 1/1 000 000. Les rhyolites sont cartées, mais bien peu visibles, interstratifiées dans le Permien (r, gris). Elles ne sont figurées que par une surcharge de pointillés bleus. La couleur bleue indique une dominante du volcanisme acide (rhyolite). La surcharge sous forme de pointillés indique un contexte d'origine associé à une extension continentale (sans doute lié à l'extension tardi-hercynienne).

La carte en bas à gauche est extraite de la carte à 1/250 000 de Nice. Les rhyolites permiennes sont figurées en rouge vif, parfaitement visibles au sein des sédiments permiens figurés en gris. Par contre, la légende de cette carte n'indique pas le contexte de mise en place de ces rhyolites, contrairement à celle de la carte à 1/1 000 000.

Les rhyolites de Scandola (Corse du Sud) sont localisées par une flèche bleue sur la carte de France, à droite.


Figure 9. Échantillon de rhyolite grise permienne issu de la carrière de Montreuillon (Nièvre)

Cette rhyolite appartient au complexe volcanique de Blismes-Montreuillon. La mise en place de ce complexe magmatique débute à partir du Carbonifère terminal (Stéphanien) et se poursuit jusqu'au Permien moyen (Saxonien). La matrice grisâtre et fine (constituée d'un ensemble verre + microlithes) contient de très nombreux cristaux de plagioclase de 1 à 5 mm (blancs), de quartz (légèrement plus petits, gris et translucides) et quelques plaquettes de biotite.

Localisation par fichier kmz de la carrière de rhyolite de Montreuillon (Nièvre).


Figure 10. Détail d'un échantillon de rhyolite permienne issu de la carrière de Montreuillon (Nièvre)

Cette rhyolite appartient au complexe volcanique de Blismes-Montreuillon. La mise en place de ce complexe magmatique débute à partir du Carbonifère terminal (Stéphanien) et se poursuit jusqu'au Permien moyen (Saxonien). La matrice grisâtre et fine (constituée d'un ensemble verre + microlithes) contient de très nombreux cristaux de plagioclase de 1 à 5 mm (blancs), de quartz (légèrement plus petits, gris et translucides) et quelques plaquettes de biotite.


Les rhyolites, dans l'Ouest du Morvan (Nièvre) comme dans l'Estérel, la Vendée…, sont activement exploitées comme granulats, souvent utilisés comme ballast, sous-couches des routes… Elles ont en effet une très grande résistance à l'attrition (attrition = usure de matériaux par frottements et par chocs), beaucoup plus que les roches grenues. En effet, les cristaux prix dans un ciment vitreux qui fait office de “liant” sont beaucoup plus difficiles à disjoindre que les cristaux simplement “juxtaposés” d'un granite. Les rhyolites sont très largement utilisées par la SNCF. Par exemple, à Lyon, le ballast des voies ferrées de la gare de la Part-Dieu est fait de rhyolite.


Extrait de la carte géologique à 1/1 000 000 résumant la géologie du Morvan

Figure 12. Extrait de la carte géologique à 1/1 000 000 résumant la géologie du Morvan

La flèche blanche localise le complexe volcanique de Blismes-Montreuillon, à l'Ouest du Morvan.

Ces rhyolites datent du Carbonifère terminal (h3) et du Permien (r). La grosse masse de ces rhyolites est contenue dans une caldeira d'environ 13 km de diamètre bien figurée sur la carte à 1/1 000 000. La nature des figurés et la légende de la carte indiquent que ce magmatisme acide s'est mis en place dans un contexte d'extension continentale. Au Sud-Est du Morvan, la majorité de la surface est occupée par des rhyolites (surcharge bleue sur des couleurs marron) datant du Carbonifère moyen (h2) ou inférieur (h1). La nature des surcharges et la légende de la carte à 1/1 000 000 indiquent que, dans cette région du Morvan, ce volcanisme s'est mis en place dans un contexte de collision continentale au Carbonifère moyen (h2) et de marge active au Carbonifère inférieur (h1) (flèche noire). On a là, dans une même région, le Morvan, un résumé de l'histoire magmatique d'une chaine de montagne (subduction-collision-extension tardive). Un volcanisme acide carbonifère inférieur et moyen est également très abondant dans le Roannais, le graben du Forez, le Beaujolais… (cf. Des rhyolites aux granites d'anatexie : le volcanisme hercynien acide de la région de Roanne (Loire et Rhône), un exemple de volcanisme de zone de collision) ; nous n'en montrons ici qu'une seule photo à la en figure 13.


Échantillon et affleurement de rhyolite du sommet du Carbonifère inférieur de la région de Roanne (Loire)

Figure 13. Échantillon et affleurement de rhyolite du sommet du Carbonifère inférieur de la région de Roanne (Loire)

À retrouver dans Des rhyolites aux granites d'anatexie : le volcanisme hercynien acide de la région de Roanne (Loire et Rhône), un exemple de volcanisme de zone de collision. On reconnait des cristaux de quartz (gris à éclat gras), souvent automorphes (section hexagonale), des feldspaths (blanc ivoire à rose foncé), quelques biotites, le tout inclus dans une “pâte” gris-clair où l'on ne distingue rien à l'œil nu et qui est constituée d'un ensemble verre + microlithes. On a là une rhyolite gris-rose, couleur intermédiaire entre celle des échantillons des figures 3 et 9. Les figurés de la carte géologique à 1/1 000 000 indiquent un contexte d'origine lié à une « collision continentale ».


Extrait de la carte géologique de France à 1/1 000 000 montrant l'abondance du volcanisme rhyolitique permo-carbonifère dans le quart Sud-Est de la France

Figure 14. Extrait de la carte géologique de France à 1/1 000 000 montrant l'abondance du volcanisme rhyolitique permo-carbonifère dans le quart Sud-Est de la France

Pour en augmenter la visibilité, j'ai coloré en vert les affleurements volcaniques à dominante rhyolitique d'âge permien, et en bleu turquoise les affleurements de rhyolites d'âge carbonifère. Les principaux affleurements de volcanisme rhyolitique permien sont situés dans le Morvan, l'Estérel, les Alpes ligures (à la frontière franco-italienne au Nord de Nice) et la Corse. Les principaux affleurements de volcanisme rhyolitique carbonifère sont situés dans le Sud du Morvan et dans un “arc de cercle” allant de Chalon-sur-Saône au Nord de la Chaine des Puys. J'ai coloré en bleu foncé l'ensemble du volcanisme (majoritairement basaltique) cénozoïque du Massif Central, le seul volcanisme de France métropolitaine que connaissent la majorité des gens. Les rhyolites permo-carbonifères du Sud-Est de la France occupent une surface du même ordre de grandeur que celle occupée par le volcanisme cénozoïque du Massif Central, mais sont infiniment moins connues. On peut raisonnablement supposer que l'érosion post-permienne a fait disparaitre largement plus de la moitié de la surface initialement occupée par le volcanisme acide permo-carbonifère. La surface occupée par ce volcanisme acide paléozoïque devait être très importante à la toute fin des évènements hercyniens, beaucoup plus importante que sa place dans l'esprit de la majorité des géologues.


D'autres contextes géologiques peuvent entrainer une fusion partielle de la croute continentale et générer (à côté d'un magmatisme basique) un volcanisme acide important : l'extension et l'amincissement crustal au niveau d'un rift continental en train de devenir une marge océanique. C'est l'origine proposée pour les rhyolites (et les méta-rhyolites) mises en place du Cambrien terminal à l'Ordovicien qu'on trouve dans le Sud du Massif Armoricain (en particulier en Vendée), dans le Sud-Ouest du Massif Central, dans la Montagne Noire et le massif du Mouthoumet, dans la chaine hercynienne espagnole… Au Cambrien supérieur/ordovicien, en effet, un domaine océanique (appelé l'océan médio-européen, ou encore océan Galice-Massif Central) s'est ouvert entre le Nord du Gondwana et un “micro-bloc” continental (le bloc Armorica). C'est sur la marge Nord du Gondwana qu'un important volcanisme acide s'est mis en place. C'est la fermeture de cet océan médio-européen (et aussi de l'océan rhéique situé plus au Nord) qui est à l'origine de la chaine hercynienne (cf. La chaine varisque en France, un édifice multi-collisionnel et poly-cyclique / Évolution géodynamique et conclusion).

Figure 15. Échantillon de rhyolite blanche provenant de l'Est du massif du Mouthoumet (commune de Treilles, Aude), massif constitué du socle hercynien de la zone sous-pyrénéenne

Cette rhyolite affleure sous forme de filons et de sills qui injectent des schistes gréseux de l'Ordovicien. La structure de ces filons et sills varie localement entre un microgranite clair et une rhyolite blanche. Les minéraux principaux sont des plagioclases sodiques, du quartz et de la muscovite. La notice de la carte géologique de Leucate signale que les feldspaths sont parfois entièrement altérés et que ces roches ont été localement exploitées pour fournir du kaolin. La quasi absence de minéraux contenant du fer (biotite) explique la couleur blanche.

Localisation par fichier kmz de la rhyolite blanche du massif du Mouthoumet (commune de Treilles, Aude).


Figure 16. Détail d'un échantillon de rhyolite provenant de l'est du massif du Mouthoumet (commune de Treilles, Aude)

Cette rhyolite affleure sous forme de filons et de sills qui injectent des schistes gréseux de l'Ordovicien. La structure de ces filons et sills varie localement entre un microgranite clair et une rhyolite blanche. Les minéraux principaux sont des plagioclases sodiques, du quartz et de la muscovite. La notice de la carte géologique de Leucate signale que les feldspaths sont parfois entièrement altérés et que ces roches ont été localement exploitées pour fournir du kaolin. La quasi absence de minéraux contenant du fer (biotite) explique la couleur blanche.


Figure 17. Lame mince en LPNA (lumière polarisée non analysée) taillée dans un échantillon de la rhyolite blanche du Mouthoumet

La matrice est micro-cristalline, formée de feldspath et de quartz. Les cristaux porphyriques sont des quartz automorphes et des plagioclases (souvent en amas polycristallins) légèrement séricitisés. L'abondance de micro-cristaux et la rareté du verre dans la pâte font que la roche dans laquelle a été taillée cette lame est plus proche du pôle micro-granite que du pôle rhyolite sensu stricto dans cette série, où tous les intermédiaires existent entre ces deux pôles.


Figure 18. Lame mince en LPA (lumière polarisée analysée) taillée dans un échantillon de la rhyolite blanche du Mouthoumet

La matrice est micro-cristalline, formée de feldspath et de quartz. Les cristaux porphyriques sont des quartz automorphes et des plagioclases (souvent en amas polycristallins) légèrement séricitisés. L'abondance de micro-cristaux et la rareté du verre dans la pâte font que la roche dans laquelle a été taillée cette lame est plus proche du pôle micro-granite que du pôle rhyolite sensu stricto dans cette série, où tous les intermédiaires existent entre ces deux pôles.


Vue du site où ont été prélevés les échantillons de rhyolite blanche des figures 15 à 18, massif du Mouthoumet (Aude)

Figure 19. Vue du site où ont été prélevés les échantillons de rhyolite blanche des figures 15 à 18, massif du Mouthoumet (Aude)

La blancheur de la roche est bien visible dans les parties non altérées.


Extrait de la carte géologique à 1/50 000 de Leucate localisant les affleurements de rhyolite blanche du massif du Mouthoumet (Aude)

Figure 20. Extrait de la carte géologique à 1/50 000 de Leucate localisant les affleurements de rhyolite blanche du massif du Mouthoumet (Aude)

J'ai renforcé en rouge la couleur de ces affleurements pour en augmenter la visibilité. Ces affleurements de rhyolites, de surface totale très limitée, sont interstratifiés dans des grès et pélites datant de l'Ordovicien moyen (O3-4).


Le massif du Mouthoumet (Aude), géologie et localisation à l'échelle régionale

Figure 21. Le massif du Mouthoumet (Aude), géologie et localisation à l'échelle régionale

En haut, mosaïque de cartes géologiques à 1/50 000 sur les trois quarts orientaux du massif du Mouthoumet. Les affleurements des photos précédentes (localisés par la punaise jaune) sont trop petits pour être visibles à cette échelle. Par contre un affleurement beaucoup plus vaste (3 × 2 km) plus quelques autres plus petits sont visibles dans le quart Nord-Ouest de la carte.

En bas, extrait de la carte géologique de France à 1/1 000 000 pour localiser le massif du Mouthoumet.


Reconstitutions paléogéographique à l'Ordovicien et à la fin de la collision hercynienne

Figure 22. Reconstitutions paléogéographique à l'Ordovicien et à la fin de la collision hercynienne

La figure encadrée de bleu correspond à la reconstitution de la chaine hercynienne de l'Ouest de l'Europe au Permien, après la fin de la collision hercynienne. Le massif du Mouthoumet est localisé par l'ellipse bleue. Pour avoir la position de l'Ibérie avant la collision hercynienne, il faut la faire “tourner” comme indiqué par la flèche bleue, pour “aligner” les unités ibériques et armoricaines. Les principaux centres éruptifs rhyolitiques ordoviciens sont localisés sur la marge Nord du Gondwana.

En bas à droite, reconstitution de la situation à l'Ordovicien.


Les rhyolites ordoviciennes n'affleurent pas que dans le Mouthoumet, mais aussi dans le Sud-Ouest du Massif Central, et surtout en Vendée (ellipse bleue sur la figure précédente) comme le montrent les photographies qui suivent. Les lecteurs intéressés par le volcanisme de Vendée peuvent se reporter aux travaux de l'Association vendéenne de géologie et à la publication d'André Pouclet (2018) qui contient une bibliographie étoffée.

Figure 23. Échantillon de rhyolite noire provenant de la carrière de Chie-Loup sur la commune de Landevieille, Vendée

Cette énorme carrière exploite de la rhyolite dont certains niveaux sont noirs, une “hérésie” pour ceux qui pensaient que les rhyolites étaient “obligatoirement” leucocrates. Cela n'aurait pourtant pas dû les étonner outre mesure car les obsidiennes, très souvent rhyolitiques, sont majoritairement noires. Les minéraux noirs (qui ressemblent à des pyroxènes) sont des feldspaths potassiques et des quartz, pris dans une matrice elle aussi noire. Des quartz et des feldspath noirs avaient déjà été vus sur Planet-Terre (cf. Pourquoi certains quartz sont-ils “fumés” ? et les figures 19 et 20 de Promenade géologique dans la vallée de l'Agly, Pyrénées-Orientales (et ses alentours) – 1bis/ Les scapolites, minéraux de haute température - basse pression caractéristiques du métamorphisme crétacé supérieur des Pyrénées. La notice de la carte géologique de Le Poiré-sur-Vie indique que matrice et feldspaths noirs contiennent jusqu'à 15 % d'opaques (très probablement des micro-inclusions graphiteuses).

Localisation par fichier kmz de la carrière à niveaux de rhyolite noire de Landevielle (Vendée).


Figure 24. Détail d’un échantillon de rhyolite provenant de la carrière de Chie-Loup sur la commune de Landevieille, Vendée

Cette énorme carrière exploite de la rhyolite dont certains niveaux sont noirs, une “hérésie” pour ceux qui pensaient que les rhyolites étaient “obligatoirement” leucocrates. Cela n'aurait pourtant pas dû les étonner outre mesure car les obsidiennes, très souvent rhyolitiques, sont majoritairement noires. Les minéraux noirs (qui ressemblent à des pyroxènes) sont des feldspaths potassiques et des quartz, pris dans une matrice elle aussi noire. Des quartz et des feldspath noirs avaient déjà été vus sur Planet-Terre (cf. Pourquoi certains quartz sont-ils “fumés” ? et les figures 19 et 20 de Promenade géologique dans la vallée de l'Agly, Pyrénées-Orientales (et ses alentours) – 1bis/ Les scapolites, minéraux de haute température - basse pression caractéristiques du métamorphisme crétacé supérieur des Pyrénées. La notice de la carte géologique de Le Poiré-sur-Vie indique que matrice et feldspaths noirs contiennent jusqu'à 15 % d'opaques (très probablement des micro-inclusions graphiteuses).



Vues aériennes montrant l'évolution de la carrière de rhyolite de Chie-Loup sur la commune de Landevieille (Vendée) entre 2014 et 2021

Figure 26. Vues aériennes montrant l'évolution de la carrière de rhyolite de Chie-Loup sur la commune de Landevieille (Vendée) entre 2014 et 2021

Cette évolution montre les besoins de notre “mode de vie” en granulats, et en granulats à propriétés spécifiques dans le cas des rhyolites (ballast).


Contexte géologique des rhyolites vendéennes ordoviciennes

Figure 27. Contexte géologique des rhyolites vendéennes ordoviciennes

En bas à droite (rectangle bleu), agrandissement de la carte géologique de France à 1/1 000 000 montrant l'importance des rhyolites ordoviciennes (pointillés bleus en surcharge sur l'Ordovicien brun).

La carte de gauche correspond aux deux tiers inférieurs gauche de l'agrandissement entouré de bleu. Il s'agit d'un schéma structural de la Vendée littorale, montrant que cette région est constituée d'un empilement d'unités tectoniques (chaine de collision). Les rhyolites sont figurées en orange et orange-rosé. Ces rhyolites sont particulièrement importantes dans l'unité de La Chapelle-Hermier où est située la carrière de Chie-Loup (flèche blanche).