Image de la semaine | 04/04/2022
Badlands, thérapsides… Aperçu des principales curiosités géologiques du parc d'Ischigualasto, Argentine
04/04/2022
Résumé
Figures d'érosion dans des badlands, milieux de sédimentation oxydés ou réduits, lignite, végétaux fossiles, et thérapsides triasiques.
Le Parc provincial d'Ischigualasto est très prisé des touristes aimant la nature et les SVT. Outre des animaux et végétaux caractéristiques des milieux semi-arides de moyenne altitude (autour de 1300 m), le géologue peut y voir de superbes figures d'érosion et des fossiles (animaux et végétaux) du Trias supérieur (Carnien et Norien, −235 à −208 Ma). C'est la formation dite d'Ischigualasto, à dominante argileuse, qui constitue la majorité de la surface du parc. Cette formation est constituée d'alternances de niveaux rouges ou jaunes (déposées en milieu oxydant) ou gris-verdâtres (déposées en milieu non oxydant). La formation d'Ischigualasto est surmontée par la formation dite Los Colorados, beaucoup plus rouge et à dominante gréseuse. Ces deux formations sont formées de sédiments continentaux : dépôts lacustres, dépôts fluviatiles gréseux et/ou argileux, dépôts de plaines d'inondation, paléosols… L'érosion a façonné la morphologie de cette région, avec des badlands dans les niveaux à dominante argileuse, des falaises dans les niveaux à dominante gréseuse, et des figures d'érosion aux formes étranges dans les zones où coexistent grès et argiles. Nous allons voir quelques aspects de ces morphologies (figures 2 à 8), des niveaux ligniteux et des fossiles végétaux (figures 11 à 17) et des fossiles de thérapsides (figures 18 à 26). Beaucoup d'autres fossiles variés, dont de nombreux dinosaures triasiques (le Trias marque l'apparition des dinosaures), ont été trouvés dans ce Parc provincial d'Ischigualasto qui a été inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESO en novembre 2000.
Dans les photographies qui précèdent, la majorité de la colonne lithologique était argileuse, avec très peu de niveau gréseux. Les niveaux gréseux sont plus résistants à l'érosion, qui les met en relief, ce qui forme des petites falaises, des abris sous roches, des figures aux formes étranges… Ce que montrent les figures 5 à 8, toujours dans la formation d'Ischigualasto.
Certaines zones du Parc provincial d'Ischigualasto sont aménagées pour la visite, avec des chemins voire des passerelles pour canaliser les visiteurs. Près de l'entrée du parc (au Sud), l'une de ces zones aménagées montre plusieurs affleurements exposant des grès surmontant des argiles ligniteuses et même des lits de lignite “pur”. La présence de cette abondante matière organique est compatible (voire explique) le caractère réduit de nombreux niveaux de la formation d'Ischigualasto. C'est au voisinage de ces niveaux ligniteux qu'on peut voir des fossiles de végétaux.
En plus des belvédères, sentiers et passerelles, les autorités gestionnaires du parc ont installé des “musées de site” où un fossile remarquable est protégé, au moins pendant son dégagement. Ce type de musée est une structure mobile qui peut rester sur place si ces autorités décident de laisser le fossile dans “son” milieu pour que les visiteurs puissent voir à quoi correspond un fossile de “reptile” in situ, ou au contraire déplacé, si la conservation du fossile exige son déplacement dans un musée “fixe et en dur”. En 2019, le musée de site Dr William Sill semblait installé pour longtemps. Le dôme / la coupole de ce musée protège un thérapside quasiment complet, et on peut voir depuis la passerelle qui y mène un os isolé pris dans sa gangue argileuse. Rappelons que les thérapsides étaient appelés « reptiles mammaliens » il y a quelques dizaines d'années. Les thérapsides font partie des synapsides. La définition des synapsides est basée sur la présence et la position d'une seule fosse temporale (comme les mammifères), ce qui permet de les distinguer des diapsides (deux fosses temporales, reptiles et oiseaux actuels) et des anapsides (pas de fosse temporale). Les mammifères sont des thérapsides et donc des synapsides ; ce sont les seuls synapsides encore vivants de nos jours (cf. figure 28). Les thérapsides du Trias peuvent être considérés comme les “cousins” des ancêtres des mammifères, à l'exception “du” thérapside qui a donné les mammifères. Bien que présents dans les livres pour enfants traitant des dinosaures, les thérapsides ne sont pas des dinosaures. Des précisions sur cette classification changeante des tétrapodes amniotes peuvent être trouvées sur les pages Synapsides et Thérapsides de Wikipédia.
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