Image de la semaine | 10/02/2020
Le Parc national des Badlands, Dakota du Sud, USA
10/02/2020
Résumé
La référence géographique des badlands, ces “mauvaises terres” argileuses ravinées par l'érosion.
Ces dernières semaines, nous avons vu des badlands au pied des Pyrénées, les Bardenas Reales (cf. Le Far-West américain ? Non, les Bardenas Reales, des badlands au pied des Pyrénées, en Navarre espagnole, ainsi que des badlands “miniatures” toujours en Aragon, les Aguarales de ValpalmasLos Aguarales de Valpalmas, des mini-badlands dans des sédiments fluvio-lacustres holocènes, Aragon, Espagne. Nous allons voir maintenant les “vrais” badlands, ceux qui ont donné leur nom à cette morphologie, et qui se trouvent dans le parc national du même nom. Le terme “badlands” avec un “b” minuscule désigne un paysage argileux (ou marneux) fortement raviné par l'érosion causée par un intense ruissellement. L'absence (ou la rareté) des bancs gréseux résistant à l'érosion entraine la genèse de pentes relativement homogènes, sans ces marches d'escalier caractéristiques des alternances argilo-gréseuses comme on peut en voir sur le plateau du Colorado (cf., par exemple, Le Grand Canyon du Colorado vu du ciel (Arizona, USA) ou Monument Valley : grès et argiles, diaclases, érosion, mésas et buttes témoins, anciens volcans…). Ces terres, impropres à l'agriculture, ont été nommées “badlands” (mauvaises terres) par les pionniers américains colonisant le Dakota du Sud au XIXe siècle, et ce nom est devenu le nom d'usage pour ce genre de morphologie. Avec un “B” majuscule, ce terme désigne maintenant un parc national des USA.
L'histoire géologique de la région est relativement simple. Jusqu'au Crétacé terminal, la région était occupée par une mer peu profonde où se déposaient des sédiments. À la suite de mouvements tectoniques liés à la formation des Montagnes Rocheuses pourtant distantes de plusieurs centaines de kilomètres (orogenèse laramienne), la région émergea il y a 67 Ma (au Maastrichtien, 1 Ma avant la crise KT), et aucun dépôt ou érosion significative n'eurent lieu dans cette région jusqu'à l'Éocène supérieur. À l'Éocène supérieur (Priabonien) et à l'Oligocène inférieur (Rupélien), de 37 à 28 Ma, la région se transforma en une vaste plaine d'inondation, et pendant une dizaine de millions d'années, ces inondations répétées déposèrent de 100 à 200 m d'argiles alternant avec de rares niveaux de sable. Des cendres volcaniques s'intercalèrent dans les niveaux supérieurs. Les niveaux marins crétacés sont riches en ammonites ; les niveaux continentaux éo-oligocènes contiennent de nombreux fossiles de vertébrés voisins des alligators, des hippopotames… Cette sédimentation cessa à la fin de l'Oligocène supérieur (ou les éventuels dépôts qui se seraient déposés ont tous été érodés). L'érosion à l'origine de la morphologie actuelle date du Quaternaire, et se poursuit encore.
Pour la beauté des paysages, nous vous montrons ci-dessous des images des badlands “classiques” prises dans le Parc national des Badlands, aussi bien des vues “grand champ” que des vues plus détaillées. S'il n'y a que peu d'alternances gréso-pélitiques, on note des alternances plus ou moins rouges, c'est-à-dire plus ou moins riches en hydroxydes ferriques (à Fe3+). Les niveaux rouges (1) soit sont constitués de sédiments provenant de l'érosion de niveaux anciens plus ou moins riches en fer ferrique, (2) soit correspondent à un arrêt de sédimentation et une exondation prolongée de la plaine d'inondation ayant permis l'oxydation des dépôts superficiels. Il faudrait étudier chaque niveau rouge pour trancher. Mais la régularité et la netteté des limites des niveaux rouges plaident pour la première solution pour l'essentiel de la série.
Source - © 2006 KimonBerlin / CC BY-SA 2.0 | Source - © 2013 Martin Kraft / CC BY-SA 3.0 |
Source - © 2004 Scott Catron / CC BY-SA 3.0 | Source - © 2005 Colin Faulkingham |
Malgré la relative monotonie des escarpements, les géologues américains y ont défini six “formations” caractérisées chacune par un type particulier de sédiments, de conditions de dépôts, de fossiles… Vu de loin, il est difficile à un touriste de séparer ces 6 formations les unes des autres. Mais des panneaux explicatifs installés par le Parc National des Badlands permettent ici ou là de distinguer ces formations et de les nommer.
Source - © 2017 Pi3.124 / CC BY-SA 4.0 |