Image de la semaine | 22/03/2021
Festival de boudins, de plis et de minéraux métamorphiques, ile d'Elbe (Italie)
22/03/2021
Résumé
Marbres (méta-calcaires) et marnes métamorphiques montrant plissements et boudinages… ainsi qu'une variété minéralogique de haute température / basse pression.
L'ile d'Elbe est un résumé-condensé-musée de la géologie alpino-apennino-méditerranéenne. Il est dommage que cette ile soit plus connue des Français pour avoir “hébergé” Napoléon de mai 1814 à février 1815 plutôt que pour sa géologie, alors qu'elle n'est qu'à 250 km de Nice et 60 km de Bastia. Cette ile est constituée de la croute continentale apulo-adriatique, d'ophiolites téthysiennes et de leur couverture sédimentaire, et d'intrusions granitiques mio-pliocènes. Son histoire (résumée à la figure 6) résulte d'une subduction océanique, puis d'une subduction-collision continentale et enfin d'une forte extension associée à l'ouverture de la mer Tyrrhénienne, extension accompagnée d'intrusions granitiques.
Plusieurs aspects de cette géologie extraordinaire ont déjà été abordés :
- beaux pillow lavas : La « Madone des pillows », Marciana Marina, île d'Elbe (Italie),
- Moho avec des sédiments directement sur le manteau : figures 15 à 24 de Les ophiolites en 180 photos – 5/7 Le Moho,
- Pluton granodioritique : La granodiorite porphyroïde Miocène du Monte Capanne, Capo San Andrea, ile d'Elbe (Italie) et Les enclaves basiques des granites, granite du Monte Capanne, Capo San Andrea, île d'Elbe, Italie,
- Fractures et filons avec tourmaline : Les tourmalines des gigastructures dendromorphes tectonisées du granite du Monte Capanne, ile d'Elbe (Italie) et leurs équivalents normaux en Namibie,
- Métamorphisme de contact et wollastonite : Les sphérolites de wollastonite de l'ile d'Elbe (Italie), témoins métamorphiques de la mise en place d'un granitoïde pendant une extension lithosphérique.
Toutes les photographies présentées ici ont été prises lors d'un stage CBGA organisé en 2007 par Jean Pierre Bouillin et Raymond Cirio.
Source - © 2013 D'après E. Pandeli et al.
Source - © 2013 D'après E. Pandeli et al.
Le but de cet article n'est pas de détailler l'histoire géologique de l'ile d'Elbe (le livret guide cité ci-dessus fait 114 pages), ni d'en établir ou démontrer tel ou tel aspect. Il s'agit simplement d'illustrer deux des manifestations spectaculaires de cette histoire géologique longue et complexe, manifestations probablement principalement dues aux phénomènes messiniens (6 à 8 Ma). En plus des cinq photographies qui précèdent, nous vous montrons quatre photographies de plis et quatorze de boudins, avec des minéraux de métamorphisme quand les clichés sont pris de suffisamment près. Toutes ces photographies ont été prises sur les mêmes rochers de la baie de Spartaia, dans un rayon de 75 m.
Comment replacer ces plissements montrant (au moins localement) un déplacement du haut de l'affleurement vers le Sud, alors que la géologie de cette partie de l'Ile d'Elbe indique la présence d'une faille normale ductile, avec le compartiment supérieur se déplacement vers la droite (vers le Nord-Est). Il suffit de proposer que ces plis soient des plis de deuxième ordre associés à des plis d'entrainement de premier ordre, eux-mêmes conséquences du mouvement d'une faille normale à pendage Nord-Est (cf. figure 12). Pour confirmer (ou infirmer) cette interprétation, il faudrait faire des études tectoniques détaillées sur une surface plus grande que la fraction d'hectare visitée en 2007, ou déterminer la polarité des strates (dans cette hypothèse, elles devraient être à l'envers).
Les figures 13 à 20 montrent un petit secteur de méta-calcaires plus ou moins purs avec de très beaux boudins et des minéraux métamorphiques reconnaissables à l'œil nu sur le terrain. Outre la calcite (CaCO3) dominante, on peut reconnaitre avec un bon degré de confiance le grossulaire, grenat calcique de couleur orange à brun rouge et de formule Ca3Al2(SiO4)3, et la wollastonite [inosilicate de formule CaSiO3, cf. Les sphérolites de wollastonite de l'ile d'Elbe (Italie), témoins métamorphiques de la mise en place d'un granitoïde pendant une extension lithosphérique]. Les teintes vertes pourraient être dues à divers minéraux mélangés à la calcite, comme du diopside [pyroxène de formule CaMgSi2O6], de la vésuvianite [sorosilicate de formule Ca10(Mg, Fe)2Al4(SiO4)5(Si2O7)2(OH, F)4], de la cordiérite [tectosilicate de formule Al3Mg2AlSi5O18]… Il est difficile de trancher à l'œil nu, et encore plus sur des photographies.