Image de la semaine | 02/11/2020
Les chenaux des « molasses » miocènes de la région lyonnaise (Rhône)
02/11/2010
Résumé
Chenaux, stratifications obliques et entrecroisées, et grésification plus ou moins régulière de dépôts sablo-conglomératiques.
La ville de Lyon, et plus précisément ses quartiers et banlieues Sud et Sud-Est sont construites sur des terrains miocènes, très souvent recouverts par des terrains péri-glaciaires et glaciaires du Quaternaire (cf. Les grands traits de l'histoire géologique de Lyon et La géologie de Lyon depuis la confluence Rhône-Saône). Ces terrains miocènes affleurent remarquablement bien sur les communes de Saint-Fons et de Feyzin, en particulier au pied de la pente raccordant le “plateau” et la vallée du Rhône. Il s'agit d'affleurements de bord de petites rues/routes ou de chemins piétonniers qui longent la voie ferrée, affleurements formant souvent des falaises. Les photographies présentées ici ont en majorité été prises entre les deux punaises jaunes des figures 5 à 7. Les autres ont été prises en bord de routes ou au hasard des promenades dans des chemins creux dans le triangle Lyon-Voiron-Valence (points rouges sur la figure 8).
Cette mer miocène occupait le bassin flexural péri-alpin. Les sédiments qu'elle a déposés sont majoritairement sablo-gréso-conglomératiques. Ils sont regroupés sous l'ancien vocable de « molasse », vieux terme suisse signifiant que les grès qu'on y trouvait étaient excellents pour y tailler des « meules ». En effet, (1) il existe dans cette formation des niveaux de sables fins et de granulométrie homogène, et (2) la circulation de fluides et la diagenèse, irrégulières, y ont localement cimenté et grésifié certains niveaux. Les niveaux à meules correspondent à d'anciens sables fins et homogènes particulièrement (et homogènement) cimentés et grésifiés.
La notice de la carte de Givors décrit ainsi cette « molasse de Saint-Fons : m2.Helvétien-Tortonien ».
Les dépôts miocènes constituent la totalité du substratum anté-quaternaire dans la moitié orientale de la feuille. Dans le fossé d'effondrement rhodanien, localement subsident, la transgression miocène a atteint la région lyonnaise au cours de l'Helvétien puis, durant le Tortonien, le régime marin a laissé progressivement la place au régime continental. L'ensemble des sédiments se présente sous trois faciès dont le faciès des sables de Saint-Fons. C'est un sable calcaire et micacé, jaune clair ou gris, à grains fins, capricieusement consolidé en molasse gréseuse ; son origine est alpine. Dans la masse s'intercalent des lentilles avec galets d'argile ferrugineuse, jaunes et micacés qui proviennent du démantèlement de vases estuariennes et de leur reprise par les courants marins […]. La faune est dispersée, parfois rassemblée dans les lits plus grossiers. Elle comprend plus de 70 espèces dont 35 de Bryozoaires. Les organismes sont tous roulés : ils caractérisaient une mer tempérée chaude de profondeur inférieure à 100 mètres.
On peut aussi y trouver des intercalations de niveaux de galets. Cette « molasse » contient de très nombreuses figures de courant, notamment des stratifications obliques et entrecroisées, des chenaux… La sédimentation se faisait donc dans un milieu parcouru de courants, courants fluvio-deltaïques ou courants de marées.
Après les figures 5 à 10 précisant le cadre géologique, nous vous montrerons d'autres figures illustrant les faciès de cette molasse. Les photographies 11 à 13 et 16 à 18 ont été prises entre les deux punaises des figures 5 à 7. Les autres (15, 16 et à partir de 19) ont été prises au hasard des chemins creux dans le triangle Lyon-Voiron-Valence.
Source - © 2018 D'après Olivier Lacombe, modifié |
Les deux prochaines semaines, nous verrons d'autres structures sédimentaires classiques (des flute casts) ou moins classiques (des galets mous), photographiées sur les bords de cette rue Paul Descartes de Saint-Fons, qui est maintenant (avec la rue du Vieux Collège de Feyzin) intégrée dans l'Inventaire Auvergne-Rhône-Alpes du patrimoine géologique.
Mais en dehors de ces voies exceptionnelles, dont le cadre n'est pas très romantique (le long d'une voie ferrée très fréquentée la séparant à peine d'une zone industrielle), on peut tomber par hasard sur de beaux affleurements de molasse quand on se promène dans les vallons et chemins creux à l'intérieur du triangle Lyon-Voiron-Valence. Voici quelques vues d'ensemble et de détail que peut faire tout enseignant du Rhône, de l'Isère ou de l'Ardèche en se promenant le week-end ou pendant ses petites vacances.