Image de la semaine | 09/11/2020
Les flute casts des “molasses” miocènes de la région lyonnaise (Rhône)
09/11/2020
Résumé
Figures de courant, érosion et moulage, indications sur le milieu de dépôt.
Nous avons vu la semaine dernière des affleurements de molasse miocène au Sud-Est de Lyon, principalement à Saint-Fons (rue Paul Descartes) et à Feyzin (cf. Les chenaux des « molasses » miocènes de la région lyonnaise (Rhône)). Nous retournons cette semaine rue Paul Descartes à Saint-Fons pour voir, étudier et essayer de comprendre deux affleurements séparés de 100 m l'un de l'autre et distants (à vol d'oiseau) de seulement 4 km de l'ENS de Lyon, et 6,7 km de la Place Bellecour (le centre de Lyon). Rappelons que les flute casts sont formés par affouillement d'un fond sédimentaire non induré par des courants d'eau (chenaux fluviatiles, chenaux deltaïques, courants de marées…). Ils correspondent théoriquement à des dépressions oblongues, allongées, allant d'une forme cylindrique à une forme conique plus ou moins ouverte. Leur “pointe” indique le sens d'où vient le courant (voir figure 7). Ces dépressions creusées dans des sédiments tendres sont rarement conservées, contrairement à leurs “moulages” (ou contre-empreintes) par les sédiments déposés par le “courant postérieur érodant” quand sa vitesse diminue. Parce que déposé par un courant plus rapide, ce remplissage est plus grossier et plus résistant que la couche qu'il surmonte (sable fin sur argilite, sable grossier sur sable fin…). Les flute casts les plus fréquents sont donc visibles sur des bases de bancs, moulages “en relief” des dépressions creusées dans la couche sous-jacente ; ils forment des rides oblongues, allongées ou triangulaires dont la “pointe” indique le sens du courant. Des flute casts nombreux et groupés donnent donc à une base de banc une allure de tôle ondulée. En plus de ces flute casts classiques bien présents, les affleurements de Saint-Fons montrent des flute casts cylindriques ou en cônes allongés très resserrés, isolés dans les sables, ce qui n'est pas sans poser des problèmes d'interprétation. Cette morphologie “en cylindre ou cône pointu isolé” doit sans doute être à rechercher dans l'interaction entre d'une part la sédimentation et d'autre part la grésification diagénétique, irrégulière et guidée par la granulométrie et la perméabilité de la roche. Pour expliquer un flute cast isolé, on peut proposer que le remplissage d'un sillon particulier était différemment perméable que celui de ses “voisins” ; lors de la circulation intra-sédimentaire des eaux responsable de la grésification diagénétique, seuls quelques sillons ont été fortement grésifiés et sont maintenant mis en relief par l'érosion différentielle. Pour expliquer la section cylindrique de certains flute casts, isolés ou groupés, on peut proposer que la grésification diagénétique a affecté un cylindre, débordant vers le haut le chenal initial hémicylindrique. Planet-Terre serait ravi si un spécialiste des figures sédimentaires et/ou diagénétiques pouvait nous amener des précisions.
Nous vous montrons (1) trois autres photographies de cet affleurement, (2) cinq photographies d'un échantillon tombé au pied de cet affleurement et ramené à l'ENS de Lyon, et (3) un schéma expliquant l'origine des flute casts et de leurs deux morphologies extrêmes. Enfin (4) nous verrons sept photographies d'un deuxième affleurement situé 100 m plus au Sud sur le bord de la même rue Paul Descartes à Saint-Fons.
Source - © 2014 D'après Halee Mcdowell, modifié