Image de la semaine | 23/05/2016
De la difficulté de relier ichnofossiles et fossiles : exemple des bilobites et autres traces fossiles
23/05/2016
Résumé
Des traces fossiles pas toujours évidentes à attribuer à leurs auteurs.
La paléontologie étudie les restes des êtres ayant vécu par le passé. Ils sont décrits, comparés, classés et nommés (nom de genre et d'espèce, appartenance à une classe, un embranchement...). Mais les paléontologues décrivent aussi des fossiles particuliers : les ichnofossiles, c'est-à-dire des traces d'activités d'êtres vivants (traces de pas, pistes, terriers...). Ces traces sont généralement observées en l'absence de leur auteur (terrier vide, portion de piste de déplacement ou de prédation...) et sont de ce fait décrites indépendamment de celui-ci. Comme pour les fossiles "classiques", les ichnofossiles sont décrits, comparés, classés et nommés. Les auteurs de ces traces sont parfois connus lors de découvertes associant fossile et ichnofossile, comme, par exemple, un animal au bout de sa piste ou dans son terrier. Mais ces cas sont très rares, et souvent on n'a jamais trouvé le fossile F associé à la trace T. Les auteurs des traces sont alors déduits ou supposés par l'étude de la faune présente dans le niveau fossilifère présentant ces traces, ainsi que par comparaison avec les traces laissées par les êtres vivants actuels.
Les falaises de Moher sont l'un des sites de tourisme naturaliste les plus réputés d'Irlande, avec de superbes falaises "taillées" dans le Carbonifère supérieur horizontal. C'est dans ces strates horizontales que l'on trouve des "bilobites" (empreintes bilobées). Les plus belles se trouvent dans les murs, les dallages... donc pas en place et on peut hésiter sur leur polarité (empreinte ou contre-empreinte ?). En marchant au sommet de la falaise, on peut trouver de belles surfaces horizontales permettant d'observer ces pistes in situ. Ces pistes ont été rapprochées des traces fossiles du genre Olivellites (synonyme de Psammichnites), traces attribuées à des gastéropodes sans que l'on en ait la preuve formelle. Si l'interprétation de ces pistes comme des traces de gastéropodes est exacte, cela montre que le lien couramment fait entre bilobites et trilobites (arthropodes) n'est pas toujours justifié.
Parfois, hélas très rarement, les auteurs des traces sont fossilisés "en place", au bout de leur piste.
L'aide d'Emmanuel Martin, doctorant à l'Université Claude Bernard, Lyon 1(UCBL) a été décisive pour l'interprétation des traces irlandaises.
Christian Gaillard (UCBL) est vivement remercié pour son cliché exceptionnel bilobite/trilobite.