Image de la semaine | 25/01/2016
Les pertes de la Valserine (Ain) et de l'Ain (Jura)
25/01/2016
Résumé
Encaissement ou disparition limitée du cours de la Valserine et de l'Ain dans des gorges ou sous des blocs.
La semaine dernière, nous avons les pertes du Rhône (cf. Les pertes du Rhône (Ain et Haute-Savoie), une ancienne curiosité géologique maintenant engloutie), site maintenant englouties sous les eaux du lac de Génissiat où le plus puissant fleuve de France (débit compris entre 250 et 500 m3/s selon les saisons) disparaissait presque complètement dans une gorge très étroite dont le fond pouvait être complètement envahi de chaos rocheux. Si ce site est invisible car recouvert par les eaux du lac de Génissiat, on peut avoir une idée de ce à quoi ressemblaient ces pertes du Rhône en visitant les pertes de la Valserine, situées à moins de 2300 m de là. La Valserine se jette dans le Rhône 200 m en aval de la sortie de la perte du Rhône. Et 2 km en amont de ce confluent, la Valserine reproduit en miniature ce que le lac de Génissiat a inondé : ce sont les pertes de la Valserine. Il s'agit vraiment d'une "miniature", le débit moyen de la Valserine étant 30 fois inférieur à celui du Rhône au niveau de leur confluent. Comme le Rhône, la Valserine entaille des calcaires urgoniens horizontaux en une gorge profonde et étroite raccordant un bief amont et un bief aval situé plus d'une quinzaine de mètre plus bas. Le bief amont correspond à une vallée "normale" pour une rivière jurassienne : la Valserine coule sur le calcaire urgonien quasiment pas entaillé. La Valserine se précipite dans ses gorges par une cascade. La partie étroite de cette gorge se poursuit sur 250 m. Mais la morphologie de la terminaison de ces pertes et celle du bief aval sont invisibles, car noyées sous les eaux d'un barrage (encore un !). Cette gorge montre également de très nombreuses marmites de géants (cf. Les marmites de géant de la cascade du Sautadet, La Roque-sur-Cèze, Gard et Les marmites de géant de Bourke le chanceux (Bourke's Luck Potholes), canyon de la Blyde River, Afrique du Sud), ce qui ajoute à son charme. Ces pertes de la Valserine sont très faciles d'accès : parking (avec panneaux explicatifs) sur le bord de la route, chemin piéton y descendant…
Après une carte localisant les pertes du Rhône et celle de la Valserine, nous vous montrons 10 autres photographies de ces pertes presque rescapées des aménagements hydrauliques. Puis après avoir rappelé le mécanisme de formation de ces pertes, nous nous rendrons 75 km au Nord pour visiter d'autres pertes jurassiennes : les pertes de l'Ain.
Une autre perte, facile à visiter, est célèbre dans la région des Monts du Jura : la perte de l'Ain, dans le département du Jura. Mais si l'Ain parcourt de très étroites et très profondes gorges sur une longueur de 250 m, avec un dénivelé de 40 m entre l'amont et l'aval, si l'Ain disparait presque à la vue, la cause de cette entaille profonde n'est pas la même que dans le cas des pertes du Rhône et de la Valserine. Les strates calcaires en effet ne sont pas horizontales, mais inclinées. Il ne s'agit pas du recul d'une cascade sur un escarpement préexistant formé par une cuesta, mais du franchissement d'une barre rocheuse inclinée qui représente le flanc d'un synclinal. Comme toute la région est recouverte de dépôts glaciaires, on peut proposer que cette étroite gorge soit due à un phénomène de surimposition (cf. figure 10 dans La cluse du Val de Fier et l'anticlinal du Gros Foug (Savoie et Haute Savoie) : antécédence ou surimposition ?). Il n'est pas impossible que cette gorge ait en partie pour origine une ancienne rivière souterraine effondrée.
Mais quelle que soit l'origine de ces pertes de l'Ain, cela n'empêche pas d'y faire de belles promenades.