Image de la semaine | 02/03/2015
Les Chutes du Rhin (Rheinfall), canton de Schaffhouse, Suisse
02/03/2015
Résumé
Quand un cours d'eau perturbé par une glaciation reprend partiellement son ancien lit, des chutes par surimposition.
Chaque continent possède ses grandes chutes d'eau emblématiques, barrant un grand fleuve avec un fort dénivelé : les chutes du Niagara en Amérique du Nord, de l'Iguaçu en Amérique du Sud, du Zambèze en Afrique... L'Europe a aussi son "Niagara", certes plus petit, et bien peu connu en France, alors qu'il n'est situé qu'à 80 km de la frontière franco-germano-suisse, et à moins de 100 km de Mulhouse. C'est le Rhin qui, avec son débit moyen de 750 m3/s dans ce secteur (1,5 fois le débit de la Seine à Paris), franchit une chute (avec paliers il est vrai) d'une hauteur totale de 23 m sur plus de 150 m de large. L'escarpement rocheux qui forme cette chute est constitué de calcaires jurassiques.
Ces chutes sont situées dans une agglomération suisse de Schaffhouse, située entre Bâle et Constance. La visite (payante si on veut s'approcher) est facilitée par un réseau de sentiers, un ensemble de belvédères et même des possibilités de promenade en bateau.
Nous vous montrons 11 photos prises depuis les différents chemins et points de vue sur la rive gauche, aussi bien du sommet des berges qu'au raz de la chute et du fleuve, 2 photos prises de bateau, et 2 vues Google Earth. Puis nous proposerons une explication quant à la présence de telles chutes dans une région peu élevée : le haut des chutes est à 383 m d'altitude, le bas à 360 m.
L'origine des Chutes du Rhin est à rechercher dans un phénomène de surimposition. Avant la dernière glaciation, le Rhin avait creusé une vallée relativement encaissée dans des calcaires résistant datant du Jurassique supérieur. Cette vallée mesurait entre 20 et 30 m de profondeur. La dernière glaciation a rempli cette paléo-vallée et recouvert la région de quelques dizaines de mètres de moraines et sédiments glaciaires. Le Rhin s'est creusé une nouvelle vallée dans ces formations glaciaires très peu résistantes à l'érosion, mais pas forcément à l'aplomb de l'ancienne vallée. Il a rapidement creusé les quelques dizaines de mètres de formations glaciaires, a atteint le substratum jurassique, et le creusement a fortement ralenti du fait de la grande résistance de ce calcaire à l'érosion. Ce creusement a ralenti, sauf là où le nouveau cours du Rhin rejoignait l'ancien lit plein de formations glaciaires, où il a continué à creuser. Il s'est rapidement établi un ressaut topographique correspondant au dénivelé entre le fond de l'ancienne vallée et la surface supérieure des calcaires jurassiques, ressaut topographique formant les actuelles Chutes du Rhin. Il y a donc là un phénomène de surimposition parce qu'un nouveau réseau hydrographique s'est établi sur des terrains surimposés à une ancienne topographie, topographie d'érosion et non pas topographie tectonique dans ce cas.