Image de la semaine | 19/09/2022
Les blocs erratiques de Monthey (Canton du Valais, Suisse) et d'autres lieux
19/09/2022
Résumé
Glaciers, déglaciation et blocs erratiques, exemples suisses, lyonnais et autres.
La Pierre des Marmettes (Monthey, Suisse) est l'un des plus grands blocs erratiques de Suisse. Le bloc a été “sauvé” de la destruction entre 1905 et 1908 car ces blocs, dominant la plaine du Rhône pauvre en “bonnes pierres” et souvent faits de granite “sain”, étaient débités par des carriers. Il est actuellement propriété de l'Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT) et situé au centre du parking de l'hôpital de Monthey. Cette Pierre des Marmettes n'est que le plus gros des nombreux blocs erratiques déposés par les glaciers wurmiens sur la rive gauche du glacier du Rhône dans le secteur de Monthey. Elle mesure dix-neuf mètres de long, dix mètres de large, et neuf mètres de haut. Son volume est de 1824 m3 et sa masse d'environ 5 000 tonnes.
De tels gros blocs isolés et souvent constitués d'une roche de nature différente de celle du substratum sur lequel ils reposent sont fréquents en Europe du Nord, autour (et dans) les Alpes… Ils ont donc été amenés à leur site actuel à la suite d'un transport, d'une “errance”, et ont de ce fait été appelés “blocs erratiques”. Leur origine a posé des problèmes aux premiers géologues du début du XVIIIe siècle. D'aucuns faisaient intervenir le Déluge biblique, d'autres des crues ou des débâcles catastrophiques… Il a fallu attendre la toute fin du XVIIIe siècle pour que leur transport par d'anciens glaciers (beaucoup plus étendus que maintenant) soit proposé, et le milieu du XIXe pour que cette origine glaciaire soit admise par la communauté scientifique.
Source - © 2006 Wing-Chi Poon – CC BY-SA 2.5
La Pierre des Marmettes constitue le point de départ d'un “sentier des blocs erratiques”. Des panneaux explicatifs y sont disposés. Nous vous montrons quelques-uns de ces panneaux situés au pied de la Pierre des Marmettes (figures 6 à 10), puis quelques blocs erratiques que l'on peut voir sur ou aux environs du sentier aménagé (figures 11 à 14) : la Pierre à Dzo, la Pierre à Muguet, le Bloc Studer. Puis nous replacerons ces blocs erratiques dans leur contexte géologiques (figures 15 à 17).
Source - © 2013 D.A. Kissling | Source - © 2022 Fabrice Ducret |
Source - © 1960 D’après Atlas Géologique de la Suisse | |
Le glacier du Rhône en particulier, et des Alpes en général, allaient beaucoup plus loin que Monthey au cours des glaciations quaternaires. Le glacier du Würm s'arrêtait au niveau de l'aéroport de Saint-Exupéry (à 20 km à l'Est de Lyon) ; ceux du Riss recouvraient complètement la ville de Lyon comme l'atteste le célèbre Gros Caillou de la Croix Rousse (cf. Le Gros Caillou de la Croix-Rousse). Nous vous montrons deux autres blocs erratiques déposés par le glacier du Rhône : un bloc à Lausanne, très vraisemblablement laissé là lors de la déglaciation wurmienne, et un bloc à Saint-Fons, témoin distal de l'extension maximum des glaciers rissiens. Une carte de l'extension de ces glaciers rissiens est visible à la figure 18 de Les terrasses fluvio-lacustro-glaciaires du plateau de Louze, Chanas (Isère). On peut remarquer que Saint-Fons, commune limitrophe de Lyon, en plus de son bloc erratique, est riche en curiosités géologiques bien méconnues, même des Lyonnais, et non mises en valeur (cf. Les chenaux des « molasses » miocènes de la région lyonnaise (Rhône), Les flute casts des “molasses” miocènes de la région lyonnaise (Rhône), et Les galets mous de la molasse miocène de Saint-Fons (Rhône), comparaison avec leurs équivalents actuels dans les slikkes.
Source - © 2020 Gzzz – CC BY-SA 4.0
Quand on tape “bloc erratique” sur un moteur de recherche, on a accès à de très nombreuses photographies montrant la variété des morphologies et des tailles de ces blocs, et aussi la manière dont la végétation s'accommode de la présence de ces blocs étrangers. Nous vous montrons quelques-unes de ces photographies.
Source - © 2008 Lexaxis7 – CC BY-SA 3.0 | Source - © 2006 Williamborg – domaine public |
Source - © 2014 Le Journal de Montréal | |
Source - © 2011 Aaron Zhu – CC BY-SA 3.0 | Source - © 2011 Aaron Zhu – CC BY-SA 3.0 |