Image de la semaine | 26/09/2022
Galets imbriqués et autres faciès sédimentaires dans les terrains glaciaires (au sens large) de l'Est Lyonnais
26/09/2022
Résumé
Affleurements péri-glaciaires ou fluvio-glaciaires le long du canal de Miribel-Jonage (Jons, Rhône).
Source - © 2022 D’après RiverLy – INRAE/ |
Les terrains montrés dans les photographies précédentes et dans celles qui suivent sont dits « glaciaires », en particulier sur les légendes et notices de la carte géologique de Montluel à 1/50 000 et de celle de Lyon à 1/250 000 (voir figure 11). Attention, “terrain glaciaire” ne veut pas forcément dire “moraine”. Maurice Gidon dans son site Geol-Alp définit ainsi les dépôts morainiques : « Les caractéristiques principales des dépôts morainiques sont l'hétérométrie et le désordre des éléments que l'on y rencontre. "Hétérométrie" : les éléments sont de tout calibre, depuis les colloïdes argileux jusqu'à des gros blocs (parfois plurimétriques), en passant par les graviers et les cailloux de toutes tailles. De plus les éléments arrondis se mêlent sans distinction aux éléments anguleux. Dans le Bas Dauphiné et la région lyonnaise une partie des éléments arrondis correspond à des galets arrachés aux conglomérats du bedrock rocheux (la molasse miocène). Une autre partie, sans doute la plus importante, est due à l'incorporation des apports latéraux par les cours d'eau descendant des pentes de la vallée glaciaire. "Désordre" : les éléments sont de nature et donc de provenances très diverses ; ils ne sont pas triés ni organisés en strates mais mélangés en vrac et en proportions variables d'un point à un autre. »
À côté des moraines déposées par les glaciers, il y a tout le monde de terrains fluvio-glaciaires où des cours d'eau (souvent issus de la fonte du glacier) ont érodé, remaniés, transporté, redéposés… des éléments morainiques. Il peut alors y avoir tri granulométrique, dépôt en strates, arrondissement des galets… En toute rigueur, ce remaniement peut même avoir lieu localement sous le glacier s'il existe un important réseau de torrents sous-glaciaires.
Ce qu'on voit dans les photographies prises sur le bord du canal de Jonage ne correspond absolument pas à la description de Maurice Gidon, puisqu'on voit très bien que les sédiments sont triés, organisés en strates, sans aucun blocs anguleux…
L'interprétation se complique encore si on lit la notice de la carte géologique de Montluel à 1/50 000 qui écrit ceci :
Complexes morainiques. Sous le vocable de moraines sont rassemblés tous les terrains alluviaux liés directement aux glaciers à l'exception des alluvions fluvio-glaciaires où l'intervention des eaux courantes de fusion est prépondérante. Les deux faciès principaux sont :
- les moraines argileuses (argile à blocaux) de caractère hétérométrique depuis l'argile jusqu'aux blocs erratiques et à galets striés fréquents ; elles tirent leur origine principale des moraines d'ablation (= de surface) du glacier vivant ; comme telles, elles sont souvent superposées au faciès ci-après mais elles correspondent aussi aux moraines de fond ;
- les moraines caillouteuses (= moraines à éléments calibrés) ont une structure en lits réguliers dont les éléments sont calibrés et orientés ; ce caractère leur confère un faciès pseudo-fluviatile, source de confusion, mais la structure n'est pas entrecroisée ; elles proviennent des moraines feuilletées (internes). On a jadis souvent désigné ce faciès caillouteux sous les termes locaux de « Préglaciaire » ou « alluvions grises » en le confondant avec des alluvions véritablement fluvio-glaciaires. Bien sûr existent aussi des formations sous-glaciaires, des kames (terrasses adventives), des dépôts glacio-Iacustres, etc. qui font partie du complexe morainique non différencié sur la carte.
Une monographie de Louis David (datant de 1967) sur les Formations glaciaires et fluvio-glaciaires de la région lyonnaise montre la complexité du problème.
Les conditions locales d'affleurement, qui, sur la commune de Jons, ne sont que des affleurements ponctuels et limités (voir figure 8), ne permettent pas localement de trancher entre les diverses hypothèses proposées. Nous vous montrons maintenant des images d'un autre affleurement situé à 150 m du précédent sur le bord du même canal de Miribel-Jonage (figures 9 à 14) et qui permet de tirer les mêmes conclusions que le premier affleurement. Ces deux affleurements appartiennent à la formation légendé FGx5 (nappe alluviale fluvio-glaciaire wurmienne, stade de Grenay) sur la carte au à 1/50 000 et Gx (dépôt glaciaire rissien) sur la carte à 1/250 000. Nous ne chercherons pas à replacer ces terrains dans le complexe glaciaire risso-wurmien. Nous allons donc simplement étudier ces deux affleurements pour en tirer des conclusions locales, puis nous regarderons quelques photographies aériennes et cartes géologiques du secteur (carte géologiques vieilles de plus de 40 ans) pour replacer ces affleurements dans leur contexte.