Image de la semaine | 09/05/2022
Orpierre (Hautes Alpes) : plis, falaises d'escalade, mines et minéraux
09/05/2022
Résumé
Falaises calcaires affectées de plis disharmoniques, plis-failles et filons de calcite minéralisés localement anciennement exploités.
Le village d'Orpierre, dans les Hautes-Alpes, est très connu dans le monde des amateurs d'escalade grâce à ses falaises riches de très nombreuses voies de difficultés très variées. Ces falaises d'Orpierre sont au top 10 des sites d'escalade en France ! Mais Orpierre mériterait d'être connu pour au moins deux autres raisons, raisons géologiques cette fois.
Aussi bien dans le secteur de la figure 1 qu'au-dessus du village, les falaises d'Orpierre constituent un véritable “musée des plis”, en particulier des plis disharmoniques (cf. figures 1 à 16). Cette disharmonie se voit parce que les rayons de courbure de ces plis sont très variables, allant du “plissotement” resserré aux simples “ondulations”. Ces variations des rayons de courbures sont “réglées” par la compétence des roches, par l'épaisseur des strates individuelles… Elles accommodent les variations de longueur interne dans un grand plis (extension d'extrados et compression d'intrados… ), les glissements sur des niveaux argileux particulièrement ductiles… Un très célèbre pli disharmonique se trouve d'ailleurs 30 km au Nord dans le même secteur de la vallée du Buech, à Saint-Julien-en-Beauchêne (cf Les plis disharmoniques de Saint-Julien-en-Beauchêne, Hautes Alpes).
D'autre part, le secteur d'Orpierre est parcouru de nombreux filons de calcite, dont certains sont richement minéralisés en sulfures de zinc, plomb, cuivre… et en minéraux secondaires annexes. Ces minéralisations ont été exploitées par de nombreuses petites mines actives à la fin du XIXe siècle et au début du XXe (cf. figures 17 à 25). Plus de 37 espèces minérales différentes ont été recensées dans ces anciennes mines.
Source - © 2020 D'après GEOL-ALP, modifié
C'est sur ces falaises plissées que, tels des geckos sur un mur ou des mouches sur une vitre, grimpent de très nombreux amateurs (ou professionnels) de varappe. Mais combien de ces varappeurs remarquent qu'ils grimpent sur des plis disharmoniques ?
L'Ouest du village d'Orpierre (Hautes-Alpes) est dominé au Sud par une falaise qui est, elle aussi, un “musée de la disharmonie”. Nous vous présentons une série de zooms localisés sur les zones centrales et occidentales de cette falaise.
Le secteur d'Orpierre (Hautes-Alpes) est parcouru de nombreux filons de calcite, dont certains sont richement minéralisés, surtout en zinc, mais aussi en plomb, cuivre… D'après ce qu'on voit sur le terrain et sur la carte géologique à 1/50 000 de Serres (fig. 26), ces filons sont rectilignes et sont donc postérieurs aux plissements. Il existe de nombreuses minéralisations en plomb-zinc dans ce secteur de l'Ouest des Hautes-Alpes et du Sud de la Drôme. Ces indices métallifères sont souvent localisés à proximité de terrains du Trias supérieur, riches en évaporites. On peut d'ailleurs noter qu'Orpierre est situé à une dizaine de kilomètre à l'Est du diapir triasique de Lazer (cf. Le diapir de gypse triasique de Lazer, Hautes Alpes). Ce seraient des eaux salées issues du Trias qui auraient lessivés les terrains mésozoïques, et se seraient chargées en métaux et en carbonate de calcium. Calcite et sels métalliques variés se seraient déposés dans les fractures où elles circulaient, formant ainsi des filons de calcite minéralisés. Ces minéralisations ont été exploitées par des dizaines de petites mines artisanales ou semi-industrielles, qui ont toutes cessé leur activité au début du XXe siècle, dont 11 exploitations de taille variable dans le secteur d'Orpierre. Plus de 37 espèces minérales différentes ont été trouvées dans les anciennes mines d'Orpierre (cf. les mines d'Orpierre sur mindat.org). Les minéraux primaires contemporains de la formation des filons sont principalement des sulfures : la sphalérite – ou blende – (ZnS), la galène (PbS), la pyrite (FeS2) plus ou moins mélangée avec des traces de chalcopyrite (CuFeS2). Ces sulfures ont pu être secondairement oxydés en carbonates, sulfates… Le lessivage de ces minéraux primaires et secondaires par les eaux s'écoulant dans les galeries a pu donner des minéraux de troisième génération déposés sur les parois de la mine.
Je n'avais ni éclairage, ni équipement de spéléo, ni autorisation quand je suis passé dans ce secteur pendant les vacances d'aout 2016. Toutes les photographies qui suivent ont donc été trouvées sur le web.
Source - © 2015 Dominique Edon – aventure-miniere.fr | Source - © 2015 Dominique Edon – aventure-miniere.fr |
Source - © 2018 Stéphane Maury / mindat.org | |
Source - © 2018 Jean-Luc Portes / mindat.org | Source - © 2016 Jean-Luc Portes / mindat.org |
Source - © 2022 mindat.org |