Image de la semaine | 23/09/2019
Les améthystes du Livradois et la maison de l'Améthyste, Le Vernet-Chaméane, Puy-de-Dôme
23/09/2019
Résumé
Filons et géodes à améthyste (quartz violet) déposée par circulation hydrothermale dans des failles affectant des granites, mécanisme différent de la minéralisation par circulation hydrothermale dans des laves encore chaudes à vacuoles.
Cet article est le résultat d'une visite sur le terrain, visite pilotée le 17 juin 2019 par Pierre Lavina de la maison de l'Améthyste et Mathieu Moulin, directeur de la Compagnie des Minéraux d'Auvergne, société visant l'exploitation des Mines de Poux.
L'améthyste est une variété de quartz (SiO2) de couleur violette. Cette couleur est due à du fer tétravalent se substituant au silicium dans une petite minorité des tétraèdres (SiO4)4−, avec une teneur en fer de quelques dizaines à quelques centaines de ppm (partie pour million). L'améthyste d'Auvergne se trouve dans des filons de quartz hydrothermal, filons tardi-hercyniens, filons réutilisant et minéralisant parfois (mais pas toujours) des brèches de faille. Les filons de quartz hydrothermaux sont fréquents dans toute la chaine hercynienne, filons uniquement quartzeux (cf., par exemple, Le quartz géant de St Paul La Roche (Dordogne, Sud-Ouest du Limousin)), ou bien filons où le quartz est associé à d'autres minéraux (cf., par exemple, Les mines d'or du district de Saint-Yrieix-la-Perche et la Maison de l'Or en Limousin au Chalard (Haute-Vienne)). Dans le Livradois (horst situé entre les grabens oligocènes d'Issoire et d'Ambert, où se trouve le Vernet-la-Varenne, voir figure 28), ces filons siliceux recoupent deux types de granites (leucogranite et monzogranite porphyroïde) intrusifs dans des migmatites. Ces filons sont classiquement dits “périgranitiques”, bien que la relation de ces filons avec les granites soit discutée. Il semble acquis que le granite en cours de refroidissement fournit la chaleur qui est le moteur des circulations hydrothermales périgranitiques. Mais ce qui est discuté, c'est l'origine de l'eau et des substances chimiques dissoutes dans ces eaux. Suivant les cas, les eaux hydrothermales et les substances dissoutes proviendraient soit de l'encaissant réchauffé, soit du granite en fin de cristallisation, soit des deux à la fois. De plus, dans le cas des améthystes d'Auvergne, il n'est pas exclu que les évènements volcano-tectoniques oligo-miocènes aient en plus partiellement réactivé-réutilisé d'anciens systèmes hydrothermaux hercyniens (un hydrothermalisme cénozoïque a également engendré un hydrothermalisme ayant déposé de la barytine BaSO4 (cf. La barytine de la Côte d'Abot (Puy de Dôme) et autres barytines jaune miel d'Auvergne). L'immense majorité des filons de quartz du Massif Central n'est pas constituée d'améthyste mais de quartz incolore. La majorité des quartz améthyste se trouve dans la région du Livradois (Vernet-Chaméane, La Chapelle sur Usson, Saint-Germain l'Herm…). Pourquoi cette localisation ?
L'améthyste du Livradois a été exploitée artisanalement au moins depuis le XVIIe siècle. Un commerce d'améthyste avec l'Espagne (bague pour les évêques ?) eu lieu au XVIIIe siècle. Profitant du développement du thermalisme en Auvergne à la fin du XIXe siècle avec de riches curistes venant « prendre les eaux », fut fondée la Taillerie de Royat qui vendait des améthystes (brutes et taillées) au public jusqu'en 2004 (sur la fin de son activité, la Taillerie de Royat ne vendait plus que des améthystes d'Amérique du Sud). Les dernières exploitations artisanales d'améthyste en Livradois à seule fin de bijoux et pierres taillées cessèrent en 1975.
La notice de la carte géologique de Saint-Germain-Lembron au 1/50 000, publiée en 1993 (mais rédigée quelques années auparavant) décrit comme suit les gisements d'Améthyste du Livradois.
Améthyste. Les gîtes et indices recensés correspondent à des filons encaissés dans des migmatites et/ou des monzogranites ou leucogranites, dans la moitié Nord de la carte en grande majorité. Les données économiques du fichier BSS […] indiquent que les filons d'améthyste recensés n'ont probablement plus aucun intérêt économique dans la conjoncture actuelle. Les trois principaux gîtes sont ceux de Genestine, Bansat et la Croix. Le gisement de Genestine a été exploité au XVIIe siècle, puis repris et exploité jusqu'en 1974, par puits et tranchées. En dehors de quelques tranchées, ces travaux anciens sont actuellement éboulés ou remblayés. Le gisement de La Croix est situé dans une caisse filonienne à gangue de quartz, de puissance métrique ou plus, les veines d'améthyste exploitées à ciel ouvert ou par puits avaient une puissance de 10 cm au maximum. Actuellement les anciens travaux sont éboulés, noyés ou remblayés et les réserves possibles sont faibles et de qualité médiocre.
Mais des acteurs locaux eurent l'idée de relancer une activité “améthyste” à destination des touristes au Vernet-la-Varenne, commune du Vernet-Chaméane (et également dans la commune voisine de La Chapelle-sur-Usson). En 2009, fut créée la maison de l'Améthyste, maintenant installée dans le château de Monfort (propriété de la commune du Vernet-Chaméane), qui domine le bourg du Vernet-la-Varenne. La maison de l'Améthyste propose un musée de l'améthyste, des activités de taille, des activités pour les enfants… Parallèlement, M. Nicolas Léger et Mme Aubard achetèrent des terrains contenant des filons partiellement exploités par le passé ainsi que des filons inédits, le site des Mines de Poux ; et c'est la société de droit privé Compagnie des Minéraux d'Auvergne (dont les propriétaires sont respectivement président et associée fondatrice) qui à la “charge” de les remettre en exploitation. Ces terrains sont donc maintenant des terrains privés, et d'accès réglementé (on ne peut y accéder que dans le cadre des activités de la maison de l'Améthyste). Cette société a établi un partenariat avec la maison de l'Améthyste : elle la fournit en échantillons, et la maison de l'Améthyste organise des visites des mines de Poux ; la recherche et la récolte sur place d'échantillons est comprise dans le prix de la visite dans la limite de 50 g/personne, et le supplément éventuel est facturé par le propriétaire de la mine pour environ 2 €/100g (20 €/kg).
Dans la suite de cet article, nous vous montrons : (1) quatre autres images du filon où ont été prises les premières photographies ; (2) quatre images d'une autre tranchée exploitant un autre filon situé un peu plus à l'Est ; (3) quatre photographies d'échantillons qu'on peut trouver autour des tranchés ; (4) sept images du musée de la maison de l'Améthyste ; (5) trois figures concernant le contexte géologique local ; et enfin (6) trois images concernant les principaux gisements d'améthyste du monde, gisements qui se sont formés dans un tout autre contexte géologique : les géodes d'améthyste des trapps basaltiques du Parana (Brésil, Uruguay et Argentine).
La maison de l'Améthyste comporte un musée avec des salles exposant des échantillons divers, des panneaux explicatifs, des installations de taille… Il y a aussi une boutique. Elle organise des visites guidées du musée et de la Mine de Poux, des activités pour les enfants, des visites pour les scolaires…
Actuellement, la majorité des améthystes extraites et vendues dans le monde provient d'un autre type de gisement que ceux d'Auvergne. Ces améthystes vendues dans les magasins et bourses aux minéraux, dans les bijouteries… ne viennent pas de filons de quartz (péri-granitiques) comme en Auvergne, mais du remplissage tardif de vacuoles (anciennes bulles de gaz), vacuoles parfois fréquentes dans certaines coulées de basaltes des grands trapps. Des eaux percolant dans ces coulées déjà solides mais encore chaudes déposent souvent dans ces vacuoles des zéolithes et des carbonates (cf. La double réfraction de la calcite) mais aussi parfois de la silice sous forme de calcédoine, de quartz (cf. Géodes et hydrothermalisme), et parfois d'améthyste. Le Brésil, l'Uruguay et dans une moindre mesure l'Argentine exploitent ce type de gisement dans les trapps du Crétacé inférieur du Parana. Ces géodes d'améthyste, une fois séparées du basalte les contenant, ont souvent une forme ovoïde, et beaucoup pensent que ces géodes d'améthyste remplissent des bombes volcaniques (cf. Mini et maxi bombes fuselées). Les marchands de minéraux qui, en Auvergne, laissent plus ou moins croire que ces améthystes sud-américaines sont d'origine auvergnate, ne démentent que rarement cette idée fausse.
Source - © 2017 legado.brasil.gov.br
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