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Image de la semaine | 06/10/2014

Les stromatolithes de la Carrière du Boulonnais (Pas de Calais)

06/10/2014

Pierre Thomas

Laboratoire de Géologie de Lyon / ENS de Lyon

Diane Vidier

Docteur en géologie

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Lamines, boules et dômes : stromatolithes observées en surface et en coupe.


Bloc de calcaire stromatolithique dans le Viséen (Carbonifère inférieur), Carrière du Boulonnais, Pas de Calais

Figure 1. Bloc de calcaire stromatolithique dans le Viséen (Carbonifère inférieur), Carrière du Boulonnais, Pas de Calais

Ce bloc permet de bien voir (1) la surface en dômes et boules, structure assez fréquemment élaborée par les bactéries et autres unicellulaires constructeurs de stromatolithe, (2) la section faite de lamines superposées caractéristiques des stromatolithes. La surface est recouverte d'une fine couche d'argile rouge.


Détail de la section du calcaire stromatolithique de la figure précédente, montrant des lamines plus ou moins parallèles qui tendent à former des petits dômes dans la partie supérieure du bloc

Figure 2. Détail de la section du calcaire stromatolithique de la figure précédente, montrant des lamines plus ou moins parallèles qui tendent à former des petits dômes dans la partie supérieure du bloc

Ce bloc (le même qu'à la figure précédente) n'est pas constitué que de lamines stromatolithiques puisqu'on voit quelques niveaux de mudstone interstratifiés dans les lamines bactériennes.


Tous les amateurs des "choses de la nature" connaissent de nom les stromatolithes, mais bien peu savent que ce sont des constructions calcaires extrêmement fréquentes. Pour beaucoup, les stromatolithes sont quasi-exclusives de l'Archéen et très rares dans la nature récente et actuelle où on n'en trouverait que dans la « Baie des Requins » (Hamelin Pool dans Shark Bay en Australie, le seul site que connaissent les médias) ou dans quelques rares autres lieux exotiques aux eaux très chaudes. Les stromatolithes d'âges intermédiaires entre l'Archéen et l'époque actuelle sont souvent considérées comme exceptionnelles. Rien n'est plus faux, puisqu'on trouve des stromatolithes très nombreuses, à toutes les époques (cf. Les stromatolithes ), et que les stromatolithes actuelles se développent très bien en des lieux aussi variés que des lacs de Patagonie du Sud (cf. Stromatolithes actuels en Patagonie du Sud ) ou des ruisseaux du Tarn et Garonne (cf. Cascade pétrifiante, travertins et stromatolithes actuels de Saint Pierre-Livron, Caylus, Tarn et Garonne ). Les stromatolithes sont des concrétions calcaires, laminées, déposées par des êtres unicellulaires, très souvent des cyanobactéries. Il existe tout une classification de ces concrétions de même origine, allant des oolites (taille millimétrique) aux stromatolithes sensu stricto (taille décimétrique à plurimétrique), aux tapis bactériens qui peuvent couvrir des centaines de mètres carrés, en passant par les pisolites (taille infra-centimétrique) et les oncolites (taille centimétrique à pluricentimétrique (cf. figure 9 de Schistosité moulant des stromatolites (oncolites) à la base de la nappe des Corbières, Pont de Ripaud (Aude) ). Les stromatolithes de grande taille croissent sur substrat dur (le socle rocheux, un tronc d'arbre…) ou un fond non induré, mais immobile et stable. Oolites, pisolites et oncolites "poussent" sur un grain de sable, un micro-fragment de coquille, voire une coquille entière en milieu plus agité.

La Carrière du Boulonnais qui entaille le Viséen (Carbonifère inférieur) sur 400 m d'épaisseur montre plusieurs niveaux riches en stromatolithes et autres concrétions bactériennes, allant des tapis bactériens recouvrant de vastes surfaces aux structures plus classiques en dômes et boules (de taille en général inférieur au décimètre, contrairement aux hyperclassiques boules pluridécimétriques à métriques de la Baie des Requins) en passant par les oncolites. Nous vous montrons aujourd'hui quelques stromatolithes photographiées (soit en place, soit dans des blocs éboulés au pied des paliers d'exploitation) au printemps 2013 lors d'une visite de cette carrière organisée par à Yves Robitaillé du groupe Carrières du Boulonnais. Merci à lui.


Surface en dômes et boules d'un bloc calcaire, Carrière du Boulonnais (Pas de Calais)

Figure 4. Surface en dômes et boules d'un bloc calcaire, Carrière du Boulonnais (Pas de Calais)

Une des boules semble avoir sa surface fracturée, comme si elle s'était desséchée (fente de dessiccation ?).


Surface en dômes et boules d'un bloc calcaire, Carrière du Boulonnais (Pas de Calais)

Figure 5. Surface en dômes et boules d'un bloc calcaire, Carrière du Boulonnais (Pas de Calais)

Même bloc que précédemment, sous un angle de vue et un éclairage différents.

Une des boules semble avoir sa surface fracturée, comme si elle s'était desséchée (fente de dessiccation ?).


Vue générale d'un bloc de calcaire viséen de la Carrière du Boulonnais (Pas de Calais) appartenant au niveau dit « Caroline »

Figure 14. Vue générale d'un bloc de calcaire viséen de la Carrière du Boulonnais (Pas de Calais) appartenant au niveau dit « Caroline »

Ce bloc montre des couches constituées de lamines parallèles plates, très vraisemblablement d'origine stromatolithique mais ne formant pas de dômes et boules.


Zoom d'un bloc de calcaire viséen de la Carrière du Boulonnais (Pas de Calais) appartenant au niveau dit « Caroline »

Figure 15. Zoom d'un bloc de calcaire viséen de la Carrière du Boulonnais (Pas de Calais) appartenant au niveau dit « Caroline »

Ce bloc montre des couches constituées de lamines parallèles plates, très vraisemblablement d'origine stromatolithique mais ne formant pas de dômes et boules.