Article | 08/01/2021
Les robots mobiles sur Mars : des moyens irremplaçables d'étude
08/01/2021
Résumé
Choix de quelques sites martiens visités par des rovers : paysages, formations, roches, minéraux, analyses et principaux apports avant l'arrivée de Perseverance.
Table des matières
- Les voies “normales” d'exploration du système solaire
- Pourquoi aller sur Mars, et pourquoi avec des robots mobiles ?
- Les anciennes questions et les résultats déjà acquis
- Des sites sur Mars
- Site 1 – Spirit près de Home Plate, février 2005
- Site 2 – Le site d'atterrissage de Curiosity, aout et septembre 2012
- Site 3 – Curiosity dans Yellowknife Bay, décembre 2012
- Site 4 – Curiosity près du Mont Remarkable, le 15 mai 2014
- Site 5 – Curiosity dans Hidden Valley, 8 décembre 2014
- Sites 6 et 6 bis – Curiosity dans des strates fines, au pied de Vera Rubin Ridge, le 13 août 2017, ou dans Pahrump Hills, le 8 décembre 2014
- Site 7 – Opportunity près du cratère Erebus, 31 décembre 2005
- Site 8 – Curiosity près de la roche Old Soaker, le 17 janvier 2017
- Site 9 – Opportunity près du rocher El Capitan le 2 mars 2004
- Site 10 – Curiosity, entre Pahrump Hills et Gobabed, le 27 août 2015
- Site 11 – Curiosity au pied de Naukluft Plateau le 17 février 2017
- Site 12 – Curiosity près de Maria Pass, mai à juillet 2015
- Des analyses sur Mars
- Analyse 1 – Découverte de la jarosite et d'un milieu acide
- Analyse 2 – Découverte des smectites et d'un milieu neutre
- Analyse 3 – Mesure des relations SiO2/Na2O+K2O, découverte d'une série alcaline
- Analyse 4 – Mesure des relation SiO2/TiO2, découverte d'une altération acide
- Analyse 5 – Identification du sulfate de calcium
- Analyse 6 – Il y a des molécules carbonées dans les roches martiennes, mais Curiosity ne peut pas les analyser
- Et Perseverance…
Avertissement
Cet article est un développement, une mise en forme au “format” Planet-Terre de conversations téléphoniques, d'envois de photos, de mails… que j'ai eu pendant le confinement avec des étudiants en journalisme. Ces étudiants devaient faire, dans le cadre de leur cursus, un dossier web sur un thème d'actualité de leur choix. Parce qu'un robot de la NASA doit se poser sur Mars en février 2021, ils avaient choisi le thème “Les robots martiens, les résultats déjà obtenus, leurs méthodes de travail, leurs avantages sur les missions en orbite, leurs limites par rapport aux missions humaines…”. Normalement, ces étudiants auraient dû passer à l'ENS de Lyon pour m'y rencontrer, mais le confinement dû à la covid-19 en a décidé autrement. Les développements / mises en forme présentés ici ont été faits juste après ces échanges, en profitant du temps libre laissé par ce confinement, mais en gardant l'ordre et le “niveau” des échanges avec des étudiants non spécialisés en géologie.
Les voies “normales” d'exploration du système solaire
Cet été, trois sondes sont parties vers Mars, dont deux avec pour mission d'y poser un robot mobile : une sonde chinoise, Tianwen-1, et une sonde américaine, Mars 2020 et son robot Perseverance. Une sonde européenne, Exomars, aurait dû aussi profiter de cette fenêtre de tir. Mais des problèmes techniques ont fait reporter ce lancement pour la prochaine fenêtre de tir, en 2022. Comment s'intègrent ces sondes dans la “voie normale” d'exploration d'une planète ?
Il y a, en simplifiant, six étapes pour explorer un corps du système solaire.
- Un simple survol, la sonde ne faisant que passer au-dessus de la planète pour ensuite continuer plus loin sur sa lancée. Tous les corps majeurs du système solaire ont eu droit à de tels survols, mais Uranus, Neptune, Pluton (et leurs satellites), quelques comètes et certains astéroïdes n'ont, jusqu'à présent, été étudiés que de cette façon.
- Une mise en orbite autour du corps. Mercure, Vénus, la Lune, Mars, Jupiter, Saturne, Vesta et Cérès, une comète et trois petits astéroïdes ont été étudiés de cette façon.
- Se poser à la surface avec un robot fixe, et étudier l'éventuelle atmosphère en la traversant pendant les phases d'approche. Cela a été fait pour Vénus, Mars, la Lune, Jupiter et Saturne (sans bien sûr un atterrissage sur cette planète gazeuse mais simplement l'étude de la haute atmosphère), Titan, Éros (un astéroïde), la comète Churyumov-Gerasimenko, et récemment deux petits astéroïdes Bennu et Ryugu.
- Se poser avec un robot mobile (rover) capable de faire plusieurs centaines de mètres ou quelques kilomètres à la surface. Cela n'a été fait que sur la Lune (il y a plus de 40 ans avec des missions soviétiques et il y a quelques années par deux missions chinoises) et sur Mars (avec des missions américaines).
- Se poser avec un robot (fixe ou mobile), ramasser des échantillons, puis redécoller et les ramener sur Terre. Pour l'instant seuls les soviétiques et les chinois ont réussi cela sur la Lune et les Japonais sur les astéroïdes Itokawa et Ryugu. Une mission américaine de ce type a eu lieu durant cet été 2020 sur l'astéroïde Bennu (retour sur Terre prévu pour l'automne 2023).
- L'exploration humaine (avec retour d'échantillons), qui n'a été réalisée que sur la Lune par les américains. Pour ses missions Apollo, la NASA a sauté les étapes 4 et 5.
Pourquoi aller sur Mars, et pourquoi avec des robots mobiles ?
Mais pourquoi étudier Mars plus que Vénus ou Mercure par exemple ? C'est en 1965 avec la sonde Mariner 4 (simple survol) et surtout en 1972 avec la mission Mariner 9 (mise en orbite) qu'on a commencé à vraiment découvrir la surface de Mars. Cette première mission orbitale, puis toutes celles qui ont suivi ont montré que Mars, par certains côtés, ressemblait plus à la Terre qu'à la Lune, la seule référence qu'on avait à l'époque. En plus des calottes polaires qu'on connaissait depuis longtemps (elles ont été découvertes en 1666 par Cassini) et une atmosphère, on voyait des failles et des volcans géants, des lits de rivières… Les rivières étaient asséchées, les volcans semblaient éteints, mais cette “inactivité” semblait relativement récente (géologiquement parlant), c'est-à-dire postérieure à la fin du bombardement intense des premiers temps du système solaire. Ce qu'on voyait posait plein de questions purement scientifiques, dont une qui va plus loin que la seule soif de connaissances à cause de ses implications “philosophiques” : au temps où les volcans crachaient et les rivières coulaient, Mars a-t-il été habitable, voire habité, ne serait-ce que par les plus simples des micro-organismes possibles ? Il ne faut pas oublier que, quand de l'eau coulait sur Mars, la vie naissait sur Terre. Et si une forme de vie est née sur Mars, cette planète ne serait-elle pas encore habitée dans quelques recoins à l'abri du rayonnement solaire et des peroxydes qu'il engendre ?
Pour répondre à ces questions, les études « à distance » depuis l'orbite (et il y en a eu beaucoup), si elles sont nécessaires, ne suffisent pas. Pour compléter les apports des sondes en orbite, de leurs caméras, de leur spectromètres (optiques, infrarouge, gamma…), il faut que des géologues aillent sur place indirectement par robots interposés, aillent « sur le terrain » pour employer leur jargon professionnel. Indirectement sur le terrain, ils vont faire le travail dont ils ont l'habitude : analyser l'état actuel de l'affleurement à toutes les échelles et reconstituer ce qui s'est passé sur ce site et à telle ou telle époque. Sur Terre, les géologues font ce travail soit pour des raisons de recherche fondamentale (quelle est l'origine de l'Himalaya, par exemple, où trouver des traces de vie les plus vieilles possibles) soit pour des raisons très appliquées (trouver du pétrole ou des minerais, par exemple, ou étudier la stabilité d'un versant…). Sur place, le travail du géologue terrestre consiste certes à reconnaitre les roches (la première et souvent la seule chose à laquelle pense un étudiant en géologie lors de sa première sortie sur le terrain), mais aussi à étudier la géométrie des affleurements pour retracer leur dynamique sédimentaire ou volcanique, à étudier leurs éventuelles déformations, altération…, à déterminer là où il va faire des mesures, et enfin à choisir les roches qu'il va prélever et ramener au laboratoire pour des analyses ultérieures.
Le robot Perseverance de la mission Mars 2020 a pour but ultime de sélectionner des échantillons, de les prélever et de les mettre « en dépôts », pour que de futures missions (à la fin des années 2020 / au début des années 2030 si tout se passe comme prévu) viennent les rechercher pour les ramener sur Terre. Ramener des échantillons sur Terre est en effet nécessaire pour analyser ultra-finement les éventuelles molécules carbonées qui se trouveraient dans les échantillons, déterminer si ces molécules ont un “intérêt” prébiotique, ou même si elles sont d'origine biologique, dater les roches par radiochronoologie... Les instruments capables de faire cela sont en effet trop massifs pour être spatialisés dans l'état actuel de techniques et des lanceurs. Mais ces échantillons à ramener sur Terre ne doivent pas être choisis “au hasard” contrairement à ceux ramenés de la Lune en décembre 2020 par la mission chinoise Chang'e-5 et prélevés sur place, là où s'est posé la sonde Chang'e-5. La collecte des échantillons martiens à ramener se fera “intelligemment”. Elle se fera là où les analyses morphologiques, puis minéralogiques et chimiques faites in situ suggèreront qu'ils sont “intéressants”. Et les analyses détaillées in situ, morphologiques et/ou chimiques ne se feront que là où des géologues, via les caméras du robot, penseront que les conditions géologiques (eau, argile…) auront été propices à de la chimie prébiotique, voire à une forme de vie, et à leurs préservations.
Dans le cas de Mars, on peut aller sur le terrain « par procuration » avec des robots, mais on pourra aussi y aller « en vrai » avec des missions habitées dans un futur plus ou moins lointain. Et un bon géologue sur Mars peut faire bien plus qu'un robot. Par exemple, un géologue équipé d'un véhicule semblable à la jeep lunaire des missions Apollo 15 à 17 aurait pu en moins d'une semaine obtenir la quasi-totalité des résultats qu'Opportunity a mis 14 ans à obtenir. Et si, en plus, il ramène des échantillons lors de son retour sur Terre… Mais si et quand les problèmes “techniques” des missions habitées seront résolus, quand il s'agira de choisir entre une (des) missions habitée(s) ou une (des) mission(s) robotisée(s), il se posera le problème du rapport “bénéfices scientifiques escomptés / couts financiers” entre ces deux options. En effet, on peut estimer le cout d'une mission habitée à 50 à 100 fois celui d'une mission robotisée. Ne vaudrait-il pas mieux, si on n'a que des buts purement scientifiques, explorer avec des robots 100 sites soigneusement choisis plutôt qu'en étudier un seul par des géologues en chair et en os ? Mais si les futurs explorateurs martiens ont le moyen de se déplacer sur très de longues distances à la surface de Mars, cela change les données du problème. Et aux buts scientifiques, se surajouteront forcément des buts politiques…
Les anciennes questions et les résultats déjà acquis
Cela fait donc presque 50 ans que l'on sait que de l'eau a coulé sur Mars. Mais cette eau était-elle pérenne ou très épisodique, douce ou salée, neutre, acide ou basique… ? Si la vie terrestre peut habiter dans des milieux aux conditions extrêmes (acides, basiques, haute température…, cf. Les extrémophiles dans leurs environnements géologiques - Un nouveau regard sur la biodiversité et sur la vie terrestre et extraterrestre), la chimie prébiotique terrestre semble nécessiter des pH neutres ou légèrement basiques mais semble impossible en milieu acide (cf. L'origine de la vie sur Terre vue par un géologue : quoi de neuf depuis 2015 ?). Et la vie terrestre nécessite une certaine “constance”.
Résumons quelques-uns des résultats géologiques auxquels sont arrivés les géologues des missions Spirit, Opportunity et Curiosity.
Spirit s'est posé en 2004 au fond d'un cratère à fond plat. Les images prises depuis l'orbite laissaient penser (il y a plus 16 ans) que le fond de ce cratère était recouvert de sédiments déposés dans un ancien lac. L'étude de ces sédiments devait permettre de reconstituer les conditions de l'époque de leur dépôt. Fatale erreur ! Les observations et analyses faites sur place ont montré que ce cratère était rempli d'anciennes laves et cendres basaltiques, qui avaient recouvert les éventuels sédiments lacustres. Mais, aussi bien les analyses chimiques (faites automatiquement par le robot) que l'interprétation de la géométrie des affleurements d'après les photographies faites au sol, ont montré que ces éruptions volcaniques avaient parfois eu lieu sous l'eau d'un lac ou dans des terrains gorgés d'eau.
Opportunity (en 2004) et Curiosity (en 2012) se sont posés, eux, sur des terrains faits de roches sédimentaires bien stratifiées comme on l'avait déterminé (sans erreur cette fois) avec les sondes en orbite. En analysant les milliers de photographies faites durant leurs trajets et les analyses chimiques et minéralogiques effectuées sur place, on a pu reconstituer dans quels milieux et paysages s'étaient déposées ces roches il y a 3 à 4 milliards d'années (Ga) et ce qui leur était arrivé depuis. Dans ce passé lointain, la région de Mars où s'est posé Opportunity correspondait à une plaine parfois recouverte de dunes éoliennes faites de sable basaltique, parfois inondées sous une faible tranche d'eau (quelques centimètres), eau temporaire et alors parcourue de courants déposant du sable. Cette eau était salée et très acide. Curiosity s'est posé dans une région successivement occupée, dans ce même passé lointain, par deux épisodes lacustres (lacs plus ou moins profonds et temporaires), séparés par une longue période d'émersion avec érosion. Les eaux de ces lacs étaient salées, mais non acides. Les sites où a roulé Curiosity pendant ses trois premières années correspondaient aux bords du lac le plus récent, bords parfois sous l'eau, parfois en position littorale avec des dunes éoliennes. Puis, au bout de 3 ans, Curiosity a atteint des couches sous-jacentes, qui correspondaient au centre du lac le plus vieux. Ces deux lacs successifs parfois s'asséchaient temporairement et étaient remplacés par des plaines vaseuses ou des champs de dunes. Dans l'ancienne vase, Curiosity a trouvé des traces de matière carbonée, mais trop dégradée et en teneur trop faible pour savoir si elle avait ou non une origine biologique. Après le dépôt de ces sédiments, aussi bien dans la région explorée par Opportunity que dans celle explorée par Curiosity, de l'eau circulait en profondeur dans le sous-sol, en altérait les roches et déposait des minéraux dans les fractures.
Pour choisir les affleurements à étudier en détail, puis pour tirer ces conclusions, les géologues des équipes scientifiques qui se trouvaient derrière les caméras et autres instruments des robots devaient avoir une très bonne culture géologique et une solide expérience du terrain. Comment ces géologues, sur place par procuration via les robots, ont-ils pu arriver à de telles conclusions ?
Plutôt que de longs discours théoriques, nous allons vous montrer, avec les exemples de douze sites explorés par des missions précédentes, la démarche des géologues et le type de conclusions qu'ont pu tirer les scientifiques avec les images et mesures des robots mobiles Spirit, Opportunity et Curiosity. Ce sont des études de ce genre (mais avec de nouveaux instruments) que mènera l'équipe de géologues pilotant Perseverance afin de choisir le plus judicieusement possible les sites d'analyses fines in situ puis de prélèvements. Et les équipes devront travailler vite : le prélèvement du jour J dépendra des conclusions tirées le jours J−1 à partir des observations du jour J−2 sur un site choisi le jour J−3…
Des sites sur Mars
Nous allons donc regarder quelques exemples d'études de terrain et de conclusions qu'on peut tirer de 12 sites martiens, conclusions qu'on ne peut pas (dans l'état actuel des sondes) tirer d'études depuis l'orbite. Un site étudié sera tiré des explorations du robot de la NASA Spirit (2004-2009), deux seront tirés de la missions Opportunity (2004-2018), et neuf de la mission Curiosity (fonctionnant depuis 2012). Dans la mesure du possible, nous comparerons roches et paysages martiens avec des équivalents terrestres probables. Nous avons volontairement choisi des exemples de milieux les plus différents possibles caractérisés par ces trois robots, avec une logique “géologique” et non dans l'ordre chronologique de leur étude, ordre chronologique dépendant beaucoup des facilités / difficultés de progresser sur le terrain. Nous verrons ensuite six résultats d'analyses chimiques ou minéralogiques effectuées par cinq des instruments d'analyse présents sur Opportunity et Curiosity.
Site 1 – Spirit près de Home Plate, février 2005
Source - © 2014 NASA/JPL – NASA/JPL/Cornell |
Site 2 – Le site d'atterrissage de Curiosity, aout et septembre 2012
Source - © 2012 NASA / JPL-Caltech / MSSS (Malin Space Science Systems) | Source - © 2012 NASA / JPL-Caltech / MSSS |
Source - © 2012 NASA / JPL-Caltech / MSSS et PSI | Source - © - panoramio |
Source - © 2014–2015 NASA / JPL-Caltech / LANL / CNES / IRAP / LPGNantes / CNRS / IAS / MSSS – Sauter et al.
Site 3 – Curiosity dans Yellowknife Bay, décembre 2012
Source - © 2012 NASA / JPL-Caltech | Source - © 2013 NASA / JPL-Caltech / MSSS |
Source - © 2013 NASA / JPL-Caltech / MSSS |
Site 4 – Curiosity près du Mont Remarkable, le 15 mai 2014
Source - © 2014 NASA / JPL-Caltech, modifié |
Site 5 – Curiosity dans Hidden Valley, 8 décembre 2014
Source - © 2014 NASA / JPL-Caltech / MSSS |
Sites 6 et 6 bis – Curiosity dans des strates fines, au pied de Vera Rubin Ridge, le 13 août 2017, ou dans Pahrump Hills, le 8 décembre 2014
Source - © 2017 NASA / JPL-Caltech / MSSS | Source - © 2014 NASA / JPL-Caltech / MSSS |
Site 7 – Opportunity près du cratère Erebus, 31 décembre 2005
Source - © 2014 NASA/JPL/Cornell | |
Site 8 – Curiosity près de la roche Old Soaker, le 17 janvier 2017
Source - © 2016 NASA / JPL-Caltech | Source - © 2017–2008 NASA / JPL-Caltech / MSSS – Pierre Thomas |
Site 9 – Opportunity près du rocher El Capitan le 2 mars 2004
Source - © 2004–2012 NASA / JPL / Cornell – NASA / JPL / Cornell / USGS | |
Site 10 – Curiosity, entre Pahrump Hills et Gobabed, le 27 août 2015
Source - © 2015 NASA / JPL-Caltech / MSSS | |
Source - © 2014 NASA / JPL-Caltech, modifié |
Entre le moment où se forment les roches et aujourd'hui, il peut leur arriver beaucoup de choses. Elles peuvent être déformées, altérées, érodées… Dans les régions explorées par Opportunity et Curiosity, les roches ont été fracturées et parcourues par des eaux riches en sels divers.
Site 11 – Curiosity au pied de Naukluft Plateau le 17 février 2017
Source - © 2016 NASA / JPL-Caltech / MSSS, modifié | |
Source - © 2016 NASA / JPL-Caltech / MSSS |
Site 12 – Curiosity près de Maria Pass, mai à juillet 2015
Source - © 2015 NASA / JPL-Caltech / MSSS
Source - © 2015 NASA / JPL-Caltech / MSSS
Des analyses sur Mars
En plus des observations “visuelles”, les robots étaient pourvus de divers instruments d'analyse minéralogique ou chimique, plus performants pour Curiosity que pour Spirit et Opportunity. Nous vous montrons six résultats d'analyses et les conclusions qu'on peut rapidement en tirer.
Analyse 1 – Découverte de la jarosite et d'un milieu acide
Source - © 2004 NASA / JPL / University of Mainz
Analyse 3 – Mesure des relations SiO2/Na2O+K2O, découverte d'une série alcaline
Source - © 2015 Sauter et al.
Analyse 4 – Mesure des relation SiO2/TiO2, découverte d'une altération acide
Source - © 2015 NASA / JPL-Caltech / University of Guelph
Analyse 5 – Identification du sulfate de calcium
Source - © 2013 NASA / JPL-Caltech / LANL / CNES / IRAP / LPGNantes / CNRS
Analyse 6 – Il y a des molécules carbonées dans les roches martiennes, mais Curiosity ne peut pas les analyser
Source - © 2014 NASA / JPL-Caltech
Et Perseverance…
C'est en combinant toutes ces observations faites sur des sites comme les douze sélectionnés dans cet article, sélectionnés pour leur variété et pour la richesse des conclusions qu'on peut en tirer, et faites bien sûr sur des centaines d'autres sites, que les géologues des équipes de Spirit, Opportunity et Curiosity ont pu reconstituer l'histoire géologique de ces trois sites d'atterrissage relatée au début de cet article.
Et c'est ce genre de démarche que devront faire « en direct » les scientifiques et les ingénieurs de Perseverance (robot de la mission Mars 2020 qui doit se poser le 18 février 2021 sur la planète rouge). Avec des vues orbitales et d'autres prises par Perseverance avec des caméras à grand angle, les ingénieurs et les géologues choisiront les sites à visiter et le trajet à prendre pour y aller. Avec les caméras à plus petit champ, donc à meilleure résolution, et avec le spectro-imageur à distance SuperCam, les géologues choisiront quelle(s) partie(s) du site étudier à haute résolution, « par contact ». Au contact de l'affleurement et grâce à un bras porte-outils, la spectrométrie X à haute résolution, la fluorescence UV et la diffusion Raman permettront aux ingénieurs et aux géologues de connaitre les compositions chimique, minéralogique et « organique ». En fonction de ces résultats, les géologues décideront ou non de prélever des mini carottes à ramener sur Terre dans une dizaine d'années. Comme Perseverance ne pourra recueillir au maximum que 43 carottes d'une dizaine de grammes chacune, les géologues n'auront pas intérêt à se tromper dans leur choix au risque de rapporter des « cailloux sans intérêt ».