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Image de la semaine | 30/09/2024

Les principales sources du méthane atmosphérique, l'un des principaux gaz à effet de serre

30/09/2024

Pierre Thomas

Laboratoire de Géologie de Lyon / ENS de Lyon

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Un tableau prétexte à illustrer les principales sources naturelles et anthropiques de méthane.


Vue d'ensemble du tableau de Toulouse-Lautrec (1864-1901) intitulé oh ! que ce pet pue ! , peint vers 1884

Figure 1. Vue d'ensemble du tableau de Toulouse-Lautrec (1864-1901) intitulé oh ! que ce pet pue ! , peint vers 1884

Ce tableau est exposé au Musée d'Art moderne de Fontevraud (Maine-et-Loire), musée ouvert en 2021. Il est ici le “prétexte” pour parler des sources du méthane atmosphérique, le deuxième gaz à effet de serre après le CO2 (hors vapeur d'eau). En effet, les flatulences humaines (les pets) sont constituées principalement de diazote (20 à 80 %), de dioxygène (0 à 2,3 %), de dihydrogène (0,5 à 45 %), de dioxyde de carbone (5 à 25 %) et de méthane (jusqu'à 26 %), (R.R. Babb, 1977).


Chez les humains, les gaz provenant de la digestion sont principalement intestinaux (à la différence des ruminants chez qui ils sont d'origine stomacale). Ils proviennent de fermentations (anaérobies) et de métabolismes dus au microbiote intestinal. On peut résumer les réactions entrainant une méthanogénèse de la façon suivante (voir aussi La production biologique de méthane).

  1. Fermentations diverses par les microorganismes du microbiote intestinal donnant entre autres CO2 et H2  :

    cellulose, amidon, glucose, pectine… → propionate, lactate, acétate, formiate, alcools… + CO2 et H2.

  2. Méthanogenèses diverses dont la plus simple peut se résumer de la façon suivante :

    CO2 + 4 H2 → CH4 + 2 H2O, avec G = −135 kJ/mole, et qui correspond en fait à la suite de quatre réactions :

    CO2 + 2 H+ + 2 e → HCOOH, puis HCOOH + 2 H+ + 2 e → HCHO + H2O, suivi de HCHO + 2 H+ + 2 e → CH3OH, et enfin de CH3OH + 2 H+ + 2 e → CH4 + H2O.

Dans nos sociétés occidentales, le pet est mal vu, et très peu évoqué dans l'art, si ce n'est par Rabelais, ou de manière humoristique, comme ici, par Toulouse-Lautrec, ou pour se moquer de quelqu'un, par exemple du pape au XVIe siècle lors de la réforme protestante (cf. Lucas Cranach l'Ancien). Hors Occident, on peut aussi citer un ensemble d'estampes japonaises (en fait un rouleau) intitulé la bataille des pets.

Le Toulouse-Lautrec des figures 1 à 3 est exposé au récent Musée d'Art moderne de Fontevraud (Maine-et-Loire), musée ouvert en 2021 et installé dans les bâtiments de l'ancienne abbaye royale. Ce tableau fait partie d'une importante donation faite à la région Pays de Loire par Martine et Léon Cligman. Outre ce récent musée, Fontevraud est connu pour son abbaye, qui abrite, entre autres, les gisants d'Aliénor d'Aquitaine et de Richard Cœur de Lion.

Si vous passez par le Val de Loire, il n'y a pas que les châteaux, allez voir Fontevraud, son abbaye, son musée…

Entrée du Musée d'Art moderne de Fontevraud (Maine-et-Loire)

Figure 4. Entrée du Musée d'Art moderne de Fontevraud (Maine-et-Loire)

L'entrée du musée donne dans une cour des bâtiments de l'ancienne abbaye royale dont on voit les clochers à l'arrière-plan.

Localisation par fichier kmz du Musée d'Art moderne au sein de l'abbaye de Fontevraud-l'Abbaye (Maine-et-Loire).


Vue aérienne de l'ensemble des bâtiments de l'ancienne abbaye de Fontevraud (Maine-et-Loire)

Figure 5. Vue aérienne de l'ensemble des bâtiments de l'ancienne abbaye de Fontevraud (Maine-et-Loire)

L'entrée du musée est juste au centre de la photo.


La part des flatulences humaines est à priori négligeable parmi les sources (naturelles ou artificielles) de méthane qui “alimentent” l'atmosphère. Ce tableau de Toulouse-Lautrec n'est que l'occasion de faire le point sur le méthane atmosphérique, son importance comme gaz à effet de serre (GES) et d'en quantifier les sources (figures 6, 7 et 8). Rappelons que le pouvoir d'absorption du rayonnement infrarouge par le méthane est égal à 32 fois celui du CO2 (par unité de volume). Parce qu'on est dans une “image de la semaine”, on illustrera les principales sources de méthane, et ce par ordre d'importance (figures 9 à 28).

Importance relative des principales causes de l'effet de serre sur Terre

Figure 6. Importance relative des principales causes de l'effet de serre sur Terre

À gauche, l'effet de serre “naturel” (époque pré-révolution industrielle). Après la vapeur d'eau et le CO2, le méthane est le troisième gaz à effet de serre (GES). Cet effet de serre naturel rajoute 155 W/m2 au 341 W/m2 fournis en moyenne par le Soleil sur toute la surface de la Terre.

À droite, l'effet de serre “additionnel” dû aux gaz produits par l'activité humaine. Ces GES additionnels rajoutent 3 à 4 W/m2 aux (341+155 = 496 W/m2) naturels. Ce sont ces 3 à 4 W/m2 supplémentaires qui sont responsables des 1,4°C d'augmentation de température depuis le début du XXe siècle. Le méthane “anthropique” est responsable de 17 % de cette augmentation, ce qui est loin d'être négligeable. Il faudrait donc réduire ces émissions de méthane anthropique si on veut réduire le réchauffement climatique.


Importance relative des différentes sources de méthane au début du XXIe siècle

Figure 7. Importance relative des différentes sources de méthane au début du XXIe siècle

En vert, les sources naturelles ; en brun-orangé, les sources artificielles qui représentent environ 60 % de la totalité du méthane émis annuellement dans l'atmosphère.

Le réchauffement des zones péri-arctiques et de leur permafrost ainsi que la multiplication des forages pour l'exploitation des gaz de schistes va très probablement entrainer une augmentation du dégagement de méthane.


Cartes représentant l'importance des dégagements de méthane de quatre “sources” différentes sur les terres émergées

Figure 8. Cartes représentant l'importance des dégagements de méthane de quatre “sources” différentes sur les terres émergées

C'est autour de l'équateur ainsi qu'au Canada et en Russie que les zones humides sont les plus abondantes et produisent donc le plus de méthane. Les dégagements de méthane dues aux combustibles fossiles sont associés aux zones industrielles, et aux zones où sont extraits gaz, pétrole et charbon. Les zones agricoles produisant le plus de méthane sont les zones d'agriculture intensive et de riziculture. Les zones où la production de méthane par la combustion de biomasse est la plus importante correspond aux zones où les incendies de forêt (et de prairie/champ) sont les plus fréquents et aux zones où le bois est abondamment utilisé pour le chauffage et/ou la cuisine. On voit que la France est relativement “vertueuse”, sauf en ce qui concerne le méthane issu de l'agriculture et des déchets.

Source des cartes : M. Saunois et al., 2020. The global methane budget 2000-2017, Earth System Science Data, 12, 3, 1561–1623 (libre accès, CC BY 4.0)


Nous allons voir maintenant quelques photographies ou cartes illustrant les huit principales sources de méthane, sources naturelles ou anthropiques, de la plus importante à la plus faible.

  • Les zones humides et les zones péri-arctiques (figures 9 à 12).
  • L'exploitation et/ou le transport du charbon et des hydrocarbures (figures 13 à 16).
  • L'élevage des ruminants (figures 17 à 19).
  • Les déchets agricoles et les décharges (figures 20 et 21).
  • Les sources géologiques naturelles continentales et océaniques (figures 22 à 25).
  • La riziculture (figure 26).
  • La combustion des végétaux à cause des incendies de forêt et de prairie/champ naturels ou provoqués, de l'utilisation du bois pour le chauffage et la cuisine… (figure 27).
  • Les animaux ”sauvages” dont les principaux sont les termites et les ruminants… (figures 28 et 29).
Exemple de zone humide en zone équatoriale, les marais de Kaw en Guyane

Figure 9. Exemple de zone humide en zone équatoriale, les marais de Kaw en Guyane

Dans ces zones humides et marécageuses à forte productivité primaire, si les eaux sont stagnantes, il n'y a pas assez d'O2 dissout au fond de la tranche d'eau pour que la respiration puisse oxyder la totalité de l'apport de matière organique. La base de la tranche d'eau et la boue sédimentaire deviennent anoxiques. Il y a alors des fermentations diverses et de la méthanogènes (faites par des archées chimiolithotrophes). Les voies métaboliques aboutissant au méthane sont assez similaires à ce qui se passe dans l'intestin humain. Si ce méthane se dégage et s'enflamme spontanément la nuit, cela produit le phénomène des feux follets.


Bulles de méthane obtenues en remuant la vase, dans le Marais Poitevin

Figure 10. Bulles de méthane obtenues en remuant la vase, dans le Marais Poitevin

Quand on remue la vase du fond de certains marécages, du méthane s'en échappe (bulles), méthane qu'on peut enflammer. C'est en particulier le cas dans le Marais Poitevin où les guides promenant les touristes en barque font régulièrement cette “manip”.

À retrouver dans M.-A. Selosse, J.-M. Barnola, 2000. La production biologique de méthane, Planet-Terre.


Figure 11. Exemple de feux follets, inflammation spontanée du méthane produit par des métabolismes méthanogènes anoxiques

Cette inflammation spontanée serait due à la production biologique simultanée de méthane et de traces de phosphures d'hydrogène (P2H4, PH3…). Ces phosphures, très réactifs, réagissent spontanément avec l'O2 atmosphérique ce qui provoque l'inflammation du méthane.


Exemple de zone humide péri-arctique, le delta de la Kolyma en arctique russe

Figure 12. Exemple de zone humide péri-arctique, le delta de la Kolyma en arctique russe

D'autres vues de ce delta et de ses sols gelés (avec sols polygonaux, pingo…) peuvent être vues dans En survolant les méga-sols polygonaux des bouches de la Kolyma, extrême Nord-Est de la Sibérie. En été, comme dans toute zone humide, il y a production de méthane. Le permafrost situé dès quelques mètres de profondeur contient du méthane qui s'y est accumulé aux cours des millénaires sous forme de clathrates glaces [de formule n(H2O)CH4, cf. la partie Le méthane sur Terre» dans Dégagement de méthane sur Mars, connaissances terrestres et hypothèses martiennes]. C'est le méthane de ces clathrates qui peut être libéré dans l'atmosphère s'il y a déstabilisation des clathrates sous l'effet du réchauffement climatique, et par là-même, participer (éventuellement) à l'emballement du réchauffement.


L'exploitation et l'utilisation des combustibles fossiles, l'élevage des ruminants et la mauvaise gestion des déchets agricoles, domestiques et urbains constituent les principales sources de méthane d'origine anthropique.

L'exploitation, le transport, le raffinage… des hydrocarbures liquides et gazeux sont des sources importantes de méthane anthropique. L'exploitation du pétrole est toujours accompagnée de sortie plus ou moins abondante de méthane, qui peut être récupéré ou brulé (le torchage). Mais que ce soit dans les exploitations de pétrole ou de gaz (du méthane), il y a inévitablement des fuites ; une partie du méthane (heureusement faible en général) s'échappe dans l'atmosphère. Le pourcentage qui s'échappe dépend des réglementations nationales, de la façon dont elles sont appliquées, du choix des compagnies qui “arbitrent” entre bénéfices des actionnaires et environnement... La multiplication des forages pour l'exploitation des gaz de schistes multiplie le nombre et donc l'importance quantitative de ces fuites. Le méthane est ensuite transporté par gazoduc et/ou liquéfié, transporté par méthaniers, puis regazéifié, puis distribué par un autre réseau de gazoducs. Il peut être stocké dans des réservoirs aériens ou souterrains… Là encore, il y a inévitablement des fuites de méthane à chacune de ces étapes, fuites plus ou moins importantes en fonction des réglementations nationales, de la façon dont elles sont appliquées, de la conscience civique des compagnies gazières et/ou pétrolières… En France, il n'y a plus d'exploitation gazière (le gisement de Lacq est fermé depuis 2013). Mais il y a tout un réseau de gazoducs, des terminaux gaziers qui reçoivent des méthaniers chargés de gaz liquéfié (Dunkerque, Le Havre, Montoir-de-Bretagne, Fos-sur-Mer), des réservoirs de stockage souterrains (il y en a 16 en France)…

Crassiers issus de mines à Saint-Étienne (Loire)

Figure 13. Crassiers issus de mines à Saint-Étienne (Loire)

L'exploitation du charbon, comme ici à Saint-Étienne dans les années 1960-1970, décennie où la production du charbon en France était maximum (55 Mt/an). Cette exploitation libère beaucoup de méthane, le fameux grisou, cause de très nombreuses catastrophes minières.

Photo prise au Parc-Musée de la Mine du puits Couriot, cf. Le Parc-Musée de la Mine du puits Couriot, Saint-Étienne (Loire) et des affleurements, hélas maintenant disparus, situés près de l'ancien puits Pigeot, La Ricamarie (Loire).


Carte du réseau de gazoducs et des réservoirs souterrains de France et des pays limitrophes

Figure 14. Carte du réseau de gazoducs et des réservoirs souterrains de France et des pays limitrophes

Il y a inévitablement des fuites au niveau de toutes ces installations, heureusement théoriquement très marginales en temps normal.


Vue aérienne du terminal gazier de Montoir-de-Bretagne sur l'estuaire de la Loire à l'Est de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique)

Figure 15. Vue aérienne du terminal gazier de Montoir-de-Bretagne sur l'estuaire de la Loire à l'Est de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique)

Des méthaniers qui peuvent transporter entre 150 000 et 250 000 m3 de méthane liquide refroidi à une température inférieure à −162°C y arrivent et déchargent leur cargaison. Un tel méthanier est à quai sur cette photo. Le méthane liquide est alors regazéifié est injecté dans le réseau de gazoducs français.


Entrée du stockage souterrain d'Étrez, dans l'Ain

Figure 16. Entrée du stockage souterrain d'Étrez, dans l'Ain

Ce stockage est entré en service en 1979. Le gaz y est stocké dans une cavité creusée (par dissolution) dans une couche de sel oligocène déposé dans le bassin (“rift”) de la Bresse.


“On“ dit souvent que les pets de nos vaches sont l'un des phénomènes responsables de l'augmentation de l'effet de serre et du réchauffement climatique. C'est une double erreur/inexactitude.

C'est une erreur parce que les vaches n'émettent que peu de méthane par leurs pets, mais surtout par leurs rots. D'après l'INRA (D. Sauvant , 1992), une vache laitière éructe environ 90 kg de méthane par an, soit presque 350 litres par jour.

C'est une inexactitude car il n'y a pas que nos vaches qui rotent du méthane, mais tous les ruminants (d'élevage ou sauvages). C'est donc le cas de l'élevage des moutons, des chèvres… sous nos climats, des rennes par les éleveurs lapons et sibériens (le Père Noël devrait envisager de changer d'animaux de trait), des éleveurs de chameaux mongols… En effet, contrairement aux humains, il y a une très importante digestion stomacale chez les ruminants, en particulier dans le rumen (également appelé panse), l'une des quatre poches stomacales des ruminants. C'est cette digestion stomacale effectuée par le microbiote qui produit le méthane. Les voies métaboliques produisant ce méthane sont assez similaires à celles se produisant dans l'intestin des humains et des autres mammifères non ruminants.

Photomontage illustrant la teneur en méthane des rots des vaches

Figure 17. Photomontage illustrant la teneur en méthane des rots des vaches

Une photo de la “flamme” d'une des torchères de la raffinerie de Feyzin près de Lyon a été “collée” sur le museau d'une vache prim'holstein. Une façon “imagée” de rappeler que les vaches émettent leur méthane par leurs rots, et non pas par leurs pets.


Troupeau de brebis au petit matin sur le Causse Noir (Aveyron)

Figure 18. Troupeau de brebis au petit matin sur le Causse Noir (Aveyron)

Pour nous rappeler qu'il n'y a pas que les vaches comme ruminants d'élevage. Déguster une part de Roquefort contribue donc au réchauffement climatique. On pourrait même calculer à combien de mètres parcourus en voiture équivaut une portion de Roquefort en termes d'augmentation de l'effet de serre due au méthane roté par les brebis.


Troupeau de chameaux domestiques en Mongolie

Figure 19. Troupeau de chameaux domestiques en Mongolie

Une “boucle d'oreille” visible sur le chameau de droite du dernier rang montre qu'il ne s'agit pas d'animaux sauvages, mais bien de chameaux domestiques. Il n'y a pas que l'élevage des ruminants des pays occidentaux qui participe à la production de méthane anthropique.


Tas de fumier, mélange de lisier (excréments de bovins, de porcins…) et de paille

Figure 20. Tas de fumier, mélange de lisier (excréments de bovins, de porcins…) et de paille

Fermentations et autres métabolismes microbiens produisent beaucoup de méthane. Cette production de méthane, spontanée dans les tas de déchets agricoles ou agro-alimentaires, peut être contrôlée dans des méthaniseurs produisant du biogaz. Le biogaz, très riche en méthane est alors utilisé comme du méthane issu des gisements géologiques.


La tristement célèbre décharge de Manille (Philippines)

Figure 21. La tristement célèbre décharge de Manille (Philippines)

Il n'y a pas que les déchets agricoles et alimentaires qui peuvent produire du méthane. C'est le cas de tous les déchets riches en matière organique, dont les décharges “urbaines”, contrôlées ou, comme ici, sauvages.


À côté des sources naturelles biologiques de méthane (surtout les zones humides), il existe aussi des sources “géologiques” indépendantes des actions humaines. Ce sont principalement :

  1. Les “fuites” naturelles et spontanées provenant de gisements non exploités de charbons ou d'hydrocarbures. Ce type de « feux éternels » est “courant” au Moyen-Orient, dans la région de la Caspienne, en Roumanie… J'en connais deux cas en France.
  2. La réduction du CO2 par du dihydrogène issu de réactions de serpentinisation, le plus souvent au niveau des dorsales, parfois dans des affleurements continentaux de péridotites comme les ophiolites.
La Fontaine Ardente du Gua, Isère

Figure 22. La Fontaine Ardente du Gua, Isère

Il s'agit de la sortie spontanée, au pied du Vercors, de méthane (enflammé) issu des marnes noires (riches en matière organique) du Jurassique moyen. D'autres photos sont à retrouver dans La Fontaine Ardente du Dauphiné (Commune du Gua, Isère) : une source naturelle de méthane.


La Chimère, source de méthane (enflammé) sortant d'un massif de serpentinite (ophiolites) près de Cirali, au Sud de la Turquie

Figure 23. La Chimère, source de méthane (enflammé) sortant d'un massif de serpentinite (ophiolites) près de Cirali, au Sud de la Turquie

Ce méthane provient d'une suite de réactions abiotiques qu'on peut résumer de la façon suivante : olivine + eau + CO2 → serpentine + magnétite + brucite + méthane. Des précisions sur le contexte géologique et les réactions chimiques mises en jeu peuvent être trouvées dans Méthane abiotique enflammé et serpentinite du site de la Chimère, Cirali, Turquie.




Les célèbres rizières de Banaue, au Philippines

Figure 26. Les célèbres rizières de Banaue, au Philippines

La culture du riz dans les rizières nécessite d'inonder plusieurs mois par an les zones de culture. Et comme toutes les zones humides, les rizières produisent beaucoup de méthane. Si « l'occidental blanc » peut sans trop de désagrément limiter sa consommation de viande bovine ou ovine et de produits laitiers, il sera plus difficile aux Philippins, Indonésiens, Indiens… de limiter leur consommation de riz.

Retrouvez ces rizières, pour d'autres considérations géologiques, dans Le Pinatubo (Philippines), vingt-sept ans après.


Carte des aérosols au-dessus de l'Amérique du Sud le 22 août 2019

Figure 27. Carte des aérosols au-dessus de l'Amérique du Sud le 22 août 2019

Ces aérosols sont principalement dus aux incendies de forêt, incendies spontanés ou allumés par les agriculteurs et les “défricheurs”. Or, la combustion (incomplète) du bois et autres produits végétaux produit du méthane. Incendies de forêts ou de prairies spontanés ou provoqués, brulages post-récolte, utilisation du bois pour le chauffage ou la cuisine… tout cela produit du méthane.


Il n'y a pas que les animaux domestiques dont la digestion produit du méthane. Deux classes d'animaux sauvages en produisent aussi des quantités importantes, quatre fois moins que les animaux domestiques certes, mais c'est loin d'être négligeable. Les principaux émetteurs sont les ruminants sauvages (bisons, gnous, gazelles, cervidés, girafes…) et les termites. Chaque termite individuelle ne produit que bien peu de méthane, mais les termites sont si nombreuses…

Antilopes et gnou dans le Parc national d'Etosha en Namibie

Figure 28. Antilopes et gnou dans le Parc national d'Etosha en Namibie

Les grands parcs nationaux d'Afrique, des USA… sont de gros producteurs de méthane.


Termitière dans le Parc national Kruger, Afrique du Sud

Figure 29. Termitière dans le Parc national Kruger, Afrique du Sud

C. Rouland (1994) a mesuré in vitro la production de méthane de diverses termites ouvrières africaines. Selon les espèces, la production varie de 0,1 à 1 micromole / heure et par gramme de termite, soit le même ordre de grandeur que les vaches laitières (de l'ordre de 1 micromole / heure et par gramme pour une vache de 650 kg).