Image de la semaine | 30/09/2024
Les principales sources du méthane atmosphérique, l'un des principaux gaz à effet de serre
30/09/2024
Résumé
Un tableau prétexte à illustrer les principales sources naturelles et anthropiques de méthane.
Chez les humains, les gaz provenant de la digestion sont principalement intestinaux (à la différence des ruminants chez qui ils sont d'origine stomacale). Ils proviennent de fermentations (anaérobies) et de métabolismes dus au microbiote intestinal. On peut résumer les réactions entrainant une méthanogénèse de la façon suivante (voir aussi La production biologique de méthane).
Fermentations diverses par les microorganismes du microbiote intestinal donnant entre autres CO2 et H2 :
cellulose, amidon, glucose, pectine… → propionate, lactate, acétate, formiate, alcools… + CO2 et H2.
Méthanogenèses diverses dont la plus simple peut se résumer de la façon suivante :
CO2 + 4 H2 → CH4 + 2 H2O, avec G = −135 kJ/mole, et qui correspond en fait à la suite de quatre réactions :
CO2 + 2 H+ + 2 e− → HCOOH, puis HCOOH + 2 H+ + 2 e− → HCHO + H2O, suivi de HCHO + 2 H+ + 2 e− → CH3OH, et enfin de CH3OH + 2 H+ + 2 e− → CH4 + H2O.
Dans nos sociétés occidentales, le pet est mal vu, et très peu évoqué dans l'art, si ce n'est par Rabelais, ou de manière humoristique, comme ici, par Toulouse-Lautrec, ou pour se moquer de quelqu'un, par exemple du pape au XVIe siècle lors de la réforme protestante (cf. Lucas Cranach l'Ancien). Hors Occident, on peut aussi citer un ensemble d'estampes japonaises (en fait un rouleau) intitulé la bataille des pets.
Le Toulouse-Lautrec des figures 1 à 3 est exposé au récent Musée d'Art moderne de Fontevraud (Maine-et-Loire), musée ouvert en 2021 et installé dans les bâtiments de l'ancienne abbaye royale. Ce tableau fait partie d'une importante donation faite à la région Pays de Loire par Martine et Léon Cligman. Outre ce récent musée, Fontevraud est connu pour son abbaye, qui abrite, entre autres, les gisants d'Aliénor d'Aquitaine et de Richard Cœur de Lion.
Si vous passez par le Val de Loire, il n'y a pas que les châteaux, allez voir Fontevraud, son abbaye, son musée…
La part des flatulences humaines est à priori négligeable parmi les sources (naturelles ou artificielles) de méthane qui “alimentent” l'atmosphère. Ce tableau de Toulouse-Lautrec n'est que l'occasion de faire le point sur le méthane atmosphérique, son importance comme gaz à effet de serre (GES) et d'en quantifier les sources (figures 6, 7 et 8). Rappelons que le pouvoir d'absorption du rayonnement infrarouge par le méthane est égal à 32 fois celui du CO2 (par unité de volume). Parce qu'on est dans une “image de la semaine”, on illustrera les principales sources de méthane, et ce par ordre d'importance (figures 9 à 28).
Source - © 2020 D'aprèsM. Saunois et al. – CC BY 4.0 |
Nous allons voir maintenant quelques photographies ou cartes illustrant les huit principales sources de méthane, sources naturelles ou anthropiques, de la plus importante à la plus faible.
- Les zones humides et les zones péri-arctiques (figures 9 à 12).
- L'exploitation et/ou le transport du charbon et des hydrocarbures (figures 13 à 16).
- L'élevage des ruminants (figures 17 à 19).
- Les déchets agricoles et les décharges (figures 20 et 21).
- Les sources géologiques naturelles continentales et océaniques (figures 22 à 25).
- La riziculture (figure 26).
- La combustion des végétaux à cause des incendies de forêt et de prairie/champ naturels ou provoqués, de l'utilisation du bois pour le chauffage et la cuisine… (figure 27).
- Les animaux ”sauvages” dont les principaux sont les termites et les ruminants… (figures 28 et 29).
Source - © 1999 Jacques Gentili | |
Source - © - Anke Junkiger / engelundelfen |
L'exploitation et l'utilisation des combustibles fossiles, l'élevage des ruminants et la mauvaise gestion des déchets agricoles, domestiques et urbains constituent les principales sources de méthane d'origine anthropique.
L'exploitation, le transport, le raffinage… des hydrocarbures liquides et gazeux sont des sources importantes de méthane anthropique. L'exploitation du pétrole est toujours accompagnée de sortie plus ou moins abondante de méthane, qui peut être récupéré ou brulé (le torchage). Mais que ce soit dans les exploitations de pétrole ou de gaz (du méthane), il y a inévitablement des fuites ; une partie du méthane (heureusement faible en général) s'échappe dans l'atmosphère. Le pourcentage qui s'échappe dépend des réglementations nationales, de la façon dont elles sont appliquées, du choix des compagnies qui “arbitrent” entre bénéfices des actionnaires et environnement... La multiplication des forages pour l'exploitation des gaz de schistes multiplie le nombre et donc l'importance quantitative de ces fuites. Le méthane est ensuite transporté par gazoduc et/ou liquéfié, transporté par méthaniers, puis regazéifié, puis distribué par un autre réseau de gazoducs. Il peut être stocké dans des réservoirs aériens ou souterrains… Là encore, il y a inévitablement des fuites de méthane à chacune de ces étapes, fuites plus ou moins importantes en fonction des réglementations nationales, de la façon dont elles sont appliquées, de la conscience civique des compagnies gazières et/ou pétrolières… En France, il n'y a plus d'exploitation gazière (le gisement de Lacq est fermé depuis 2013). Mais il y a tout un réseau de gazoducs, des terminaux gaziers qui reçoivent des méthaniers chargés de gaz liquéfié (Dunkerque, Le Havre, Montoir-de-Bretagne, Fos-sur-Mer), des réservoirs de stockage souterrains (il y en a 16 en France)…
Source - © 2018 D'après GeoMondiale.fr , modifié | |
“On“ dit souvent que les pets de nos vaches sont l'un des phénomènes responsables de l'augmentation de l'effet de serre et du réchauffement climatique. C'est une double erreur/inexactitude.
C'est une erreur parce que les vaches n'émettent que peu de méthane par leurs pets, mais surtout par leurs rots. D'après l'INRA (D. Sauvant , 1992), une vache laitière éructe environ 90 kg de méthane par an, soit presque 350 litres par jour.
C'est une inexactitude car il n'y a pas que nos vaches qui rotent du méthane, mais tous les ruminants (d'élevage ou sauvages). C'est donc le cas de l'élevage des moutons, des chèvres… sous nos climats, des rennes par les éleveurs lapons et sibériens (le Père Noël devrait envisager de changer d'animaux de trait), des éleveurs de chameaux mongols… En effet, contrairement aux humains, il y a une très importante digestion stomacale chez les ruminants, en particulier dans le rumen (également appelé panse), l'une des quatre poches stomacales des ruminants. C'est cette digestion stomacale effectuée par le microbiote qui produit le méthane. Les voies métaboliques produisant ce méthane sont assez similaires à celles se produisant dans l'intestin des humains et des autres mammifères non ruminants.
Source - © 2014 MOs810 – CC BY-SA 3.0 | Source - © - Ezra Acayan / AFD |
À côté des sources naturelles biologiques de méthane (surtout les zones humides), il existe aussi des sources “géologiques” indépendantes des actions humaines. Ce sont principalement :
- Les “fuites” naturelles et spontanées provenant de gisements non exploités de charbons ou d'hydrocarbures. Ce type de « feux éternels » est “courant” au Moyen-Orient, dans la région de la Caspienne, en Roumanie… J'en connais deux cas en France.
- La réduction du CO2 par du dihydrogène issu de réactions de serpentinisation, le plus souvent au niveau des dorsales, parfois dans des affleurements continentaux de péridotites comme les ophiolites.
Source - © - IFREMER |
Source - © 2019 ECMWF / cartograf
Il n'y a pas que les animaux domestiques dont la digestion produit du méthane. Deux classes d'animaux sauvages en produisent aussi des quantités importantes, quatre fois moins que les animaux domestiques certes, mais c'est loin d'être négligeable. Les principaux émetteurs sont les ruminants sauvages (bisons, gnous, gazelles, cervidés, girafes…) et les termites. Chaque termite individuelle ne produit que bien peu de méthane, mais les termites sont si nombreuses…