Image de la semaine | 23/09/2024
Le recul des glaciers Pers et Morteratsch, massif de la Bernina, canton des Grisons, Suisse
23/09/2024
Résumé
Mise en évidence du recul de glaciers à l’échelle de quelques décennies.
Nous allons retracer en images, cartes et diagrammes les 140 dernières années d'évolution de ce système glaciaire Morteratsch-Pers et du système glaciaire voisin Tschierva-Roseg. Pour cela, nous utiliserons (1) Google Earth classique, (2) Google Earth Street View pour avoir des vues prises du sol, (3) Wikipedia, et deux sites académiques suisses (4) SwissEduc avec la rubrique Glaciers online, où chaque glacier possède fiches, album photographies… et (5) le réseau des relevés glaciologiques suisse (GLAMOS) . On ne peut que regretter que des sites équivalents à Glaciers online de SwissEduc ou GLAMOS n'existent pas en France (ou que, s'ils existent, ils soient si bien cachés dans le web).
Source - © 1866 Dufourkarte extrait de map.geo.admin.ch |
Source - © 2021 Glaciers online / SwissEduc | Source - © 2021 Glaciers online / SwissEduc |
Source - © 2005 Günter Seggelbäing – GFDL-1.2-or-later |
Source - © 2004 Glaciers online / SwissEduc | Source - © 2008 Kurst Ritschard – CC BY-SA 2.0 |
Source - © 2012 Glaciers online / SwissEduc | Source - © 2021 Glaciers online / SwissEduc |
Source - © 1994 – 2024 Glaciers online / SwissEduc – Pierre Thomas |
Le réseau des relevés glaciologiques suisse (GLAMOS) permet de connaitre les variations de longueur ou de masse de ces deux glaciers. Les variations de longueur sont classiquement exprimées en mètres. Les variations de masse, en fait le bilan de masse (différence entre l'accumulation hivernale et la fonte estivale) est mesuré en « mètre équivalent eau » (abrégé “m w.e.” = meter water equivalent, en anglais). En cas de bilan négatif, cela représente l'épaisseur de l'eau que l'on obtiendrait en faisant fondre la glace qui a disparu et en la répartissant à la surface du glacier.
À 7 km à l'Ouest-Nord-Ouest des glaciers Pers et Morteratsch, deux autres glaciers confluaient, les glaciers Roseg et Tschierva (voir figure 4). Ces deux glaciers ont, proportionnellement, beaucoup plus reculé que les glaciers Pers et Morteratsch. Leur langue a disparu et ils sont réduits à l'état de glaciers de cirque. En reculant, le glacier Tschierva a laissé “sur place” deux superbes moraines latérales fossiles. On peut voir d'aussi belles anciennes moraines un peu partout dans les Alpes, par exemple tout à l'Ouest de l'arc alpin (en Tarentaise, cf. Moraine latérale d'un glacier alpin), montrant le caractère global du retrait glaciaire depuis 1900.
Les Suisses sont-ils responsables du recul de leur glaciers ? On peut remarquer d'abord que ce recul est mondial et non pas limité à la Suisse (cf., par exemple, en Patagonie avec Le recul des glaciers et l'avancée de leur glace). Les deux causes du réchauffement sont, dans l'ordre chronologique, la fin du Petit Âge Glaciaire (fin XIXe siècle), pris en relais par la perturbation climatique d'origine anthropique, de plus en plus importante au cours des décennies. D'autre part, les 8 millions de Suisses ne représente qu'1 pour 1000 de la population mondiale. Et malgré leur niveau de vie largement supérieur à la moyenne mondiale (les « riches » produisent, directement ou indirectement, beaucoup plus de gaz à effet de serre que les « pauvres »), malgré les très nombreux sièges de grandes sociétés (grandes productrices de gaz à effet de serre) localisés en Suisse…, les 8 000 000 de Suisses ne sont pas des responsables majeurs du “dérèglement climatique”, mais y ont leur part, plus que d'autres per capita. Mais cela ne les empêche pas de participer (et peut-être plus qu'à leur part) à la lutte contre le réchauffement climatique, en particulier par leur politique des transports. Mon voyage en Suisse fin juin / début juillet 2024, entièrement en transports en commun (train, téléphérique…) électriques (et l'électricité est très majoritairement d'origine renouvelable en Suisse) m'a fait découvrir ce qu'est une vraie politique de transports en commun respectueuse de l'environnement et très commode pour les habitants. Dans le cadre de cette rubrique image de la semaine, nous vous montrons quatre figures illustrant cette “politique” des transports en commun. Deux de ces figures concernent la ligne frontalière Saint-Moritz /Tirano que nous avons déjà vue à la figure 1 et qui dessert certes des sites touristiques, mais aussi des villages, des petites villes, avec une fréquence supérieure à bien des lignes de TER françaises. Et, à cause du relief difficile des montagnes suisses, les ingénieurs ferroviaires ont fait passer des voies ferrées dans des endroits “incroyables”. Deux autres figures compareront les politiques ferroviaires française et suisse, et ce n'est pas à l'avantage de la France.
Source - © 2022 D'après Histoire Itinérante |