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Image de la semaine | 26/06/2023

L'église monolithe troglodytique de Saint-Émilion (Gironde), la plus vaste du genre en Europe

26/06/2023

Patrick De Wever

Muséum national d'histoire naturelle
 

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

La plus vaste église souterraine d’Europe, creusée dans du calcaire oligocène.


L’église monolithe du XIe siècle de Saint-Émilion (Gironde) et, ici, son clocher rajouté au XVIe siècle

Figure 1. L’église monolithe du XIe siècle de Saint-Émilion (Gironde) et, ici, son clocher rajouté au XVIe siècle

L’esplanade sur laquelle sont les passants est au niveau supérieur de la partie troglodytique originelle de ce monument auquel a été ajouté par la suite un clocher.


Le samedi 8 juillet 2023, la huitième étape du Tour de France partira de Libourne, à moins de 10 km de Saint-Émilion.

Pour accompagner les 21 étapes du Tour 2023, un livret géologique d’accompagnement a été réalisé par Patrik De Wever (MNHN) avec la collaboration de Pierre Thomas et l’aide d’une dizaine de géologues apportant leurs connaissances “locales”. Pensé pour proposer des informations géologiques aux journalistes et commentateurs des télévisions, ce guide est ici mis à disposition de tous  : Tour de France 2023 – Aide au commentaire géologique, 134p., pdf de 19 Mo.

L'église monolithe originelle de Saint-Émilion, du XIe siècle, est entièrement creusée dans la roche, un calcaire assez tendre déposé il y a 30 millions d'années, le calcaire à Astéries du Rupélien (Oligocène). Elle est la plus vaste église souterraine d'Europe (et la deuxième du monde). Elle possède un clocher de 53 m de hauteur. Sa flèche érigée au XVIe  siècle culmine à 68 m. Elle fut classée monument historique en 1886. Sa construction a nécessité l'extraction de près de 15 000 m3 de roche. Des catacombes médiévales jouxtent la partie Ouest de la galerie d'accès dans l'église.

À la fin du XIe siècle, Pierre de Castillon, vicomte d'Aubeterre, fait creuser l'église (ainsi que celle d'Aubeterre-sur-Dronne en Charente) en s'inspirant de modèles connus au Moyen-Orient. Elle marque une influence orientale au retour de la première croisade, et évoque des églises paléochrétiennes du Moyen-Orient.

Une telle technique de creusement du haut vers la bas y est connue (1) pour des églises en Cappadoce, (2) pour les célèbres palais tombeaux de Petra (Jordanie), ou (3) les « grottes en cloches » en Israël (Parc national de Bet Guvrin-Maresha) qui ont servi à l'extraction de la pierre au début de notre ère, puis ont abrité des églises.

Porte du Trésor des Nabatéens (Al Khazna), Pétra, Jordanie

Figure 2. Porte du Trésor des Nabatéens (Al Khazna), Pétra, Jordanie

Cette façade en grès rose de 40 m de haut a été taillée du haut vers la bas. La façade a été travaillée de sorte que l’on a l’impression qu’il s’agit d’une construction “classique” faite de l’agencement de pierres taillées assemblées.


Grotte en cloche creusée du haut vers le bas (Bet Gevrin, Israël)

Figure 3. Grotte en cloche creusée du haut vers le bas (Bet Gevrin, Israël)

Initialement creusées pour l’extraction de la roche, certaines de ces grottes ont ensuite abrité des églises.


L'église de Saint-Émilion a souffert de la vente de l'édifice à la Révolution en 1793. Sa réutilisation en fabrique de salpêtre pour en faire de la poudre à canon, fait disparaitre définitivement toute décoration murale. L'édifice présentant des problèmes structurels aggravés par des infiltrations d'eau est fermé au public. En 1999, toute la juridiction de Saint-Émilion, dont l'église monolithe, est inscrite au Patrimoine mondial par l'UNESCO.

L’église monolithe de Saint-Émilion (Gironde)

Figure 4. L’église monolithe de Saint-Émilion (Gironde)

On voit la partie basse, sous l’esplanade de la figure 1, esplanade sur laquelle est plantée l’arbre.

On observe des surfaces “brutes”, des surfaces peu travaillées, et des surfaces finement taillées (comme le portail).


L’église monolithe de Saint-Émilion (Gironde)

Figure 5. L’église monolithe de Saint-Émilion (Gironde)

On voit la partie basse, sous l’esplanade de la figure 1, esplanade sur laquelle est plantée l’arbre.

On observe des surfaces “brutes”, des surfaces peu travaillées, et des surfaces finement taillées (comme les ouvertures).


Vue de l'église monolithe dans son contexte citadin, Saint-Émilion (Gironde)

Figure 6. Vue de l'église monolithe dans son contexte citadin, Saint-Émilion (Gironde)

On distingue facilement le clocher, l’esplanade plantée d’arbre, et, en contrebas, la partie “taillée dans le roc” de l’église troglodytique originelle.


Deux autels de l'église monolithe de Saint-Émilion (Gironde), entre 1900 et 1910

Figure 7. Deux autels de l'église monolithe de Saint-Émilion (Gironde), entre 1900 et 1910

On remarque que certaines surfaces sont quasi “brutes” (non travaillées), d’autres sont taillées et donnent l’impression d’un empilement de blocs, d’autres sont finement sculptées.


Salle souterraine dans l'église monolithe de Saint-Émilion (Gironde)

Figure 8. Salle souterraine dans l'église monolithe de Saint-Émilion (Gironde)

On remarque que certaines surfaces sont quasi “brutes” (non travaillées), d’autres sont un peu “lissées”, et que certains éléments sont plus finement sculptés (balustrades).


Autels des XVe et XVIIe siècle de l'église monolithe de Saint-Émilion (Gironde)

Figure 9. Autels des XVe et XVIIe siècle de l'église monolithe de Saint-Émilion (Gironde)

On remarque que certaines surfaces sont quasi “brutes” (non travaillées, juste “lissées”), d’autres sont taillées et donnent l’impression d’un empilement de blocs, d’autres sont finement sculptées (ouverture et autour de l’ouverture).


Un portail et le soubassement de l'église monolithe de Saint-Émilion (Gironde)

Figure 10. Un portail et le soubassement de l'église monolithe de Saint-Émilion (Gironde)

On repère la position de l’esplanade de la figure 1, esplanade sur laquelle est plantée l’arbre visible au-dessu du portail.

On observe des surfaces “brutes”, des surfaces peu travaillées, et des surfaces finement taillées (comme les ouvertures… dont l’une est peut-être celle de la figure précédente).


L'église troglodytique d'Aubeterre-sur-Dronne (Charente) est taillée dans la craie campanienne (80 millions d'années) qui atteint une soixantaine de mètres d'épaisseur. On y note plusieurs bancs de calcaires bioclastiques dont plusieurs niveaux de lumachelles à bivalves des gastéropodes, des polypiers, des spongiaires, des oursins, des rudistes, des accumulations de bryozoaires...