Image de la semaine | 03/12/2012
Bryce Canyon (Utah, USA), un musée des formes d'érosion torrentielle dans des argiles gréseuses plus ou moins indurées
03/12/2012
Résumé
Crêtes et pinacles dus à la présence de niveaux indurés lors d'une érosion intense.
Bryce Canyon est sans doute un des parcs nationaux les plus spectaculaires de l'Ouest américain. Il s'agit d'un ensemble de « cirques » entaillant un plateau, dont la coalescence constitue le bassin de réception d'un système d'érosion torrentiel amont d'un affluent du Colorado. La série stratigraphique locale, tabulaire, est constituée d'une alternance de dépôts continentaux d'âge paléocène (≈-60 Ma) principalement argileux, dépôts qui font partie de la Claron Formation. Cette argile est très souvent colorée en rouge par des oxydes ferriques (Fe3+). La résistance de ces couches à l'érosion est variable, du fait d'une teneur variable en grès et en carbonates. L'érosion par les eaux de ruissellement creuse des ravins, aux pentes de plus en plus raides en fonction de la résistance à l'érosion ; les pentes peuvent même être verticales quand la roche est très résistante à l'érosion (argiles gréseuses ou argiles calcaires bien indurées). Ces ravins isolent des crêtes, qui peuvent même devenir des pinacles. Ces figures sont localement nommées hoodoos. Les sommets de ces crêtes et pinacles sont souvent situés dans un même plan horizontal, car formés des restes d'une couche particulièrement résistante à l'érosion. Quand ils forment des pinacles chapeautés par un fragment de couche particulièrement résistante, ces hoodoos peuvent alors être appelés « cheminées de fée » ou « demoiselles coiffées ».
Ce modelé est certes fonction de la nature du sous-sol, mais il est aussi fonction de la topographie et du régime des pluies. Le plateau se situe à environ 2500 m d'altitude, le pied des escarpements à 2300 m, ce qui fait 200 m de dénivelé sur une faible distance. La vitesse des eaux de ruissellement y est forte. La pluviométrie moyenne est assez faible (450 mm/an), mais la majorité de cette eau tombe pendant de brefs mais violents orages d'après-midi de fin d'été, où il tombe souvent 50 litres d'eau par m2 et par heure. Cette énorme quantité d'eau tombe sur un sol très sec et imperméable, elle ruisselle sans s'infiltrer, et a une grande puissance érosive.
On peut comparer cette morphologie d'érosion avec celle qu'on trouve dans les Badlands (région du parc national des Badlands dans le Dakota du Sud), où une érosion dans un relief assez similaire avec un régime pluviométrique voisin entaille une série argileuse beaucoup plus homogène et globalement moins résistante à l'érosion.
Source - © 2012 Vasily Vlasov sur panoramio.com
Pour le plaisir des yeux, nous vous montrons quelques photographies prises en deux saisons et avec trois horaires de prise de vue différents. Il y aura tout d'abord des vue prises du rebord du plateau, puis des vues que l'on peut prendre en descendant la pente et en se « promenant » au sein des hoodoos.