Image de la semaine | 26/09/2016
Les trois plus beaux affleurements de la limite K-T en Pays Basque : Bidart, Baie de Loya et Zumaia
26/09/2016
Résumé
La limite Crétacé-Tertiaire bien visible dans des affleurements de dépôts marins continus.
La limite K-T (66 Ma) a fait couler des tonnes d'encre depuis qu'une origine météoritique fut proposé par Alvarez et al. en 1980, puis qu'une origine volcanique fut proposées quelques années plus tard et notamment défendue en France par Vincent Courtillot. Le but de cet article n'est pas de discuter l'origine de cette extinction (voir, par exemple, pour cela La crise Crétacé-Paléogène et l'hypothèse météoritique, 34 ans après). Le but est de montrer à quoi ressemble "macroscopiquement" cette limite sur le terrain telle qu'on peut la voir avec des élèves, aussi bien en Pays Basque français qu'espagnol où trois affleurements sont particulièrement démonstratifs, quand ils ne sont pas recouverts par des éboulis, fréquents dans ce pays de falaises lors des grandes tempêtes.
Il y a une sédimentation marine permanente pendant tout le Crétacé supérieur et tout le Paléocène au Pays Basque, ce qui est rare en France où la période Crétacé terminal / Paléocène basal correspond souvent à une période d'émersion (cf. La limite Crétacé-Tertiaire). En Pays Basque, 80% de ces sédiments sont de nature turbiditique, et se sont donc déposés de manière assez discontinue. Mais 20% de ces sédiments sont des sédiments pélagiques, qui se sont déposés de manière très continue. Cette pluie sédimentaire constante, à défaut d'être homogène, a notamment enregistré les cycles de Milankovitch à Zumaia (cf. Failles affectant une série marno-calcaire montrant des cycles astronomiques de type Milankovitch, Zumaia, Espagne). Par chance, au moins sur trois sites, la limite K-T (plus précisément la limite Maastrichtien / Danien) s'est produite pendant un épisode de sédimentation purement pélagique et les sédiments ayant enregistré cette transition n'ont pas été perturbés, ni par des avalanches ou éboulement sous-marins, ni par des slumpings...
Nous vous montrons cette semaine 10 photos prises sur la plage de Bidart (ainsi qu'un schéma explicatif), affleurement très facilement accessible juste au Sud de Biarritz (il suffit que la marée ne soit pas trop haute), 7 photos prises dans la baie de Loya, 2 km au Nord-Est d'Hendaye, tel qu'il était en 1998 [un éboulement en 2005 a (provisoirement ?) recouvert le plus bel affleurement de la limite K-T de cette baie], et 6 photos prises à Zumaia à 40 km à l'Ouest de la frontière franco-espagnole (la marée doit être basse pour y accéder.) Les fichiers kmz suivants permettent de localiser ces 3 sites avec précision : Bidart.kmz, Baie-de-Loya.kmz et Zumaia.kmz.
À Zumaia, des autorités et/ou des associations compétentes ont mis en place sur la plage un panneau explicatif qui localise les points géologiquement intéressants de la côte (dont la limite K-T et deux « clous d'or ») et donne des explications claires (en basque et en espagnol). Hélas, si on peut trouver des informations sur la Baie de Loya à l'ancienne "ferme" Asporotsttipi (gérée par le CPIE Littoral basque située à 1200 m de la limite K-T), on ne trouve aucune information à Bidart, ou alors cette information est bien cachée. La seule chose que semble avoir fait la municipalité, c'est de mettre un panneau interdisant globalement la plage, panneau qui évidement n'est respecté ni par les surfeurs, ni par les naturistes, ni par les géologues. En France, en effet, plutôt que de signaler les quelques sites vraiment dangereux pour laisser aux citoyens la liberté de jugement et de choix (falaise en surplomb au pied de laquelle il vaut mieux éviter de prendre un bain de soleil pendant une forte tempête, le seul danger réel pour prendre l'exemple de la plage de Bidart) les autorités françaises préfèrent très souvent une interdiction globale. Le but de ce genre d'interdiction n'est pas de sauver des vies, puisqu'une interdiction globale qui n'explique rien de l'éventuel danger n'est respectée par personne et ne sauve donc personne, ce que les autorités savent. Le but de ce type d'interdiction, c'est simplement de décharger les autorités de la responsabilité d'un éventuel accident, ce qu'on peut appeler le principe de précaution judiciaire ou administrative.
On pourrait apprendre la fable d'Ésope aux autorités françaises : à force de « crier au loup » quand il n'y a pas de loup, les gens ne fuient plus quand quelqu'un crie au loup et qu'il y en a effectivement un qui arrive. En France, il est impossible de séparer les 95% des panneaux "de précaution judiciaire" que les gens ont pris l'habitude de ne pas respecter, parce que le danger est objectivement très faible et facilement maitrisable, des 5% des panneaux signalant un vrai danger difficile à maitriser.