Image de la semaine | 10/10/2016
Les mines de sel de Bex, canton de Vaud (Suisse) : anhydrite, gypse et sel
10/10/2016
Résumé
Exploitation de halite dans la brèche salifère des salines de Bex, brèche tectonique d'anhydrite issue de gypse évaporitique du Trias.
Les mines de Bex (canton de Vaud, Suisse) sont les plus grandes mines souterraines en activité de Suisse. Le réseau interconnecté comporte 13,2 km de galeries et près de 48 km de sondages et de tubages. Elles ont un intérêt industriel (29 690 t de sel produit en 2006) et touristique (67 000 visiteurs en 2006).
Les dépôts évaporitiques, anhydrite (CaSO4) et halite (NaCl) datent du Trias supérieur, et sont exploités pour le sel. Ces dépôts ont bien sûr subi la tectonique alpine associée à un "léger" métamorphisme : les dépôts de gypse primaire (CaSO4, 2 H20) se sont déshydratés et le gypse est devenu anhydrite (cf. Métamorphisme et décollement de gypse).
Cette anhydrite a subi, postérieurement à ce métamorphisme, des déformations plus cassantes, et est devenue localement une véritable brèche tectonique parcourue de très nombreuses cassures. La halite qui était parfois associée aux sulfates est restée très ductile pendant que l'anhydrite avait un comportement cassant. Le sel a migré, et est venu combler les interstices entre les blocs d'anhydrite. Ainsi est née la roche exploitée, brèche d'anhydrite à ciment de halite. Cette roche est nommée localement le « roc salé » ou la « brèche salifère ».
Ce Trias se trouve à la base des nappes dites helvétiques, nappes constituées de matériel interne (Briançonnais ou assimilé) charriées par dessus les Massifs Cristallins Externes.
Les sources salées de la région de Bex, à l'Est de Monthey, sont connues depuis toujours, et utilisée depuis le 15ème siècle. L'exploitation "industrielle" du sel a débuté en 1684, et dure encore. Pendant longtemps, l'exploitation fut de deux types (données Géotope suisse n°226 (VD)) :
- Exploitation minière classique où des mineurs extrayaient par galeries et "salles" la brèche salifère en laissant sur place l'anhydrite non bréchique ne contenant pas de sel. La brèche salifère, qui contenait jusqu'à 25% de sel était broyée, et le sel était extrait par lessivage suivit d'une évaporation.
- Des injections (par puits) d'eau qui ressortait salée après avoir circulé dans des poches de brèche salifère. Le sel était extrait de cette eau par évaporation. Seule cette deuxième technique est employée actuellement, mais considérablement modernisée.
Une petite partie des galeries atteignant des niveaux de brèches salifères, ainsi que de vaste salles correspondant à des amas de brèches salifères complètement vidées de leur contenu par les anciens mineurs se visitent actuellement (site Sel des Alpes). On accède à ces salles par un petit train, et on parcourt salles et galeries où l'on peut voir la structure de l'anhydrite, la géométrie de ses couches (souvent très plissées), des suintements de sels, des néoformations de cristaux de gypse, des carottes de forages montrant les différents faciès (de l'anhydrite pure jusqu'à la brèche salifère), des vieilles machines d'exploitations minières, des panneaux retraçant et l'histoire du sel et celle de son exploitation, une exposition de minéraux locaux… En dehors des carottes, on ne voit quasiment pas de brèche salifère en place sur le trajet ouvert à la visite, les mineurs ayant systématiquement enlevé la roche économiquement intéressante.
Bref, la visite à portée de tous d'un patrimoine géologique, historique et industriel comme on aimerait pouvoir en faire de plus nombreuses en France.
Ces mines ne sont qu'à une cinquantaine de kilomètre d'Évian ou de Chamonix ; n'hésitez pas à aller les visiter.
Il existe tout un ancien réseau de tubes, forages et canalisations partant des galeries et des salles, destiné à exploiter par dissolution des poches de brèches salifères situées pas trop loin de ces galeries et salles. Le débouché de ces anciens ouvrages dans les salles et galeries donne lieu à un festival de concrétions de sels.
Dans certaines salles, les exploitants de la mines ont disposés des carottes, des machines d'exploitations, et des minéraux trouvés et dans la mines et dans la région.
Source - © 1966 d'après H. Badoux (www.jeanduperrex.ch), modifié | |