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Article | 01/12/2017

Aléas et risques

01/12/2017

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Pierre Thomas

Laboratoire de Géologie de Lyon / ENS de Lyon

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Définir et comprendre ce qu'est un aléa, un enjeu, une vulnérabilité et un risque. Exemples et approche des particularités du risque climatique.


Déroulé d'une formation en ligne

Le parcours proposé ci-dessous est basé sur le contenu final de la formation en ligne délivrée du 21 septembre au 9 novembre 2017. Il a été entièrement relu et corrigé. Corrections, précisions et compléments d'information aboutissent, avec la reformulation de certains passages, à un parcours plus complet.

Étape 1 - Définitions de base

Ressources à (re)découvrir et questions

À l'aide du module, du glossaire proposés ci-dessus et d'éventuels compléments de votre choix, répondez aux besoins suivants.

  1. Trouvez des définitions simples des termes aléa, vulnérabilité et risque.
  2. Citer les principaux aléas naturels "externes", "internes" et les aléas d'origine anthropique (ou technologique).
  3. À l'aide de définitions plus complètes ou bien de schémas introduisez et reliez les termes suivants : prévision, protection, prévention en précisant la place, par exemple, des termes limitation, atténuation, adaptation, éducation, sensibilisation, acceptabilité.
  4. Facultatif . Que mesure-t-on (estime-t-on) souvent pour exprimer un risque ? Quelle application économique peut découler de cette "estimation" ?

Éléments de réponse

Aléa [naturel] = évènement / phénomène [naturel] plus ou moins prévisible, hors de contrôle. On décrit un aléa par sa nature, sa localisation, sa fréquence (probabilité et/ou date d'occurrence) et son intensité.

Vulnérabilité = fragilité (effets néfastes prévisibles) d'un enjeu (population, activité et/ou construction humaines) face à un aléa.

Risque = éventualité d'occurrence d'un événement dommageable lié à l'exposition d'enjeux vulnérables à un aléa. L'aléa est alors perçu comme un danger.

Remarque : en l'absence d'enjeu, il n'y a pas de risque. Par exemple, il n'y a pas de risque si des séismes (même fréquents et intenses) touchent une zone non peuplée, non exploitée.

Principaux aléas externes  : tempête, pluies torrentielles, crues, sécheresse, vague de froid, canicule, avalanche, glissement de terrain*, éboulement*, chute de météorite. (* causes internes possibles)

Principaux aléas internes  : séisme, tsunami, éruption volcanique (coulée de lave, cendres, lahar, nuée ardente).

Principaux risques technologiques  : rupture de barrage, pollution (marée noire...), affaissement minier, accident de centrale nucléaire.

La prévision est l'étude de l'aléa (nature, fréquence, localisation, intensité, voire date des événements majeurs) permettant un calcul plus précis du risque.

La protection est l'ensemble des mesures prises pour diminuer l'impact potentiel d'un aléa sur un enjeu donné (population, construction...), et donc diminuer le risque en diminuant la vulnérabilité.

La prévention d'un risque est l'ensemble des mesures visant à anticiper aléas et impacts par divers moyens (apprentissage de gestes ou consignes à suivre en cas de problème, mise en place et respect de règles ou protocoles d'action...) afin de diminuer le risque global.

L' adaptation est la diminution de la vulnérabilité par diminution à la fois de l'exposition à l'aléa et de ses effets potentiels en prenant en compte les caractéristiques de l'aléa (mise en place de dispositifs spécifiques du fait de la présence d'un aléa donné à un endroit donné). La recherche de la diminution de l'exposition est la limitation alors que la recherche de la baisse des effets néfastes est l' atténuation .

La prévention passe, entre autres, par la formation des populations et des décideurs lors d'actions de sensibilisation (un risque existe, des "protections" existent et doivent/devraient être prises en compte) ou d' éducation (information et apprentissage de gestes ou actions préventifs et/ou d'urgence).

L' acceptabilité est le seuil de tolérance (la capacité à supporter les conséquences) d'une personne, d'un groupe ou d'une société face à un risque. Ce seuil dépend des enjeux touchés, des dégâts potentiels, des informations disponibles (permettant d'estimer au mieux le risque) mais aussi de considérations personnelles, culturelles ou économiques (pour les risques "purement" financiers). L'acceptabilité peut donc être différente selon le niveau envisagé (personnel, groupe, état), le lieu (culture, informations disponibles) et le temps (évolutions culturelles et sociétales, éducation...).

Par exemple, étudier l'intensité maximale attendue des séismes en un lieu donner est de la prévision qui permettra des actions de protection, de type limitation (on ne construira pas de nouveau barrage si de gros séismes sont prévisibles) et/ou adaptation (on construira selon des normes parasismiques adaptées), et des actions de prévention en formant la population aux bons réflexes en cas de séisme.


Expression d'un risque. Un risque estime le cout des dommages possibles liés à une activité humaine, et donc, entre autres, permet le calcul d'une prime d'assurance. Une formule classique est "aléa (probabilité) x vulnérabilité (cout des dégâts) = risque (cout de la prime d'assurance)". Ainsi un aléa de fréquence estimée à 1 fois tous les 15 ans (1/15) engendrant des dégâts de 300 000 € nécessite une prime d'assurance minimale de 20 000 €/a.

La limite est l'estimation du cout de pertes humaines (blessés et/ou morts). On parle de risque majeur pour les configurations pouvant engendrer des conséquences humaines et destructions importantes (avec d'éventuelles conséquences sociales).

Commentaires

L'une des difficultés de l'exercice est que certains mots à définir sont des mots d'usage courant à replacer dans un contexte bien précis.

Il est essentiel de distinguer les différents objets d'étude : 1/ aléa et prévision, 2/ enjeu vulnérable et protection, 3/ risque et prévention. L'utilisation d'exemples est un bon moyen de retenir les termes grâce à une illustration concrète. À adapter selon ses sensibilités et/ou son public.

Attention, prévoir n'est pas prédire  ! On prévoit les séismes car on détermine les zones sismiques même si on ne peut prédire les séismes, c'est-à-dire donner la date et/ou l'intensité du prochain séisme.

Attention aussi à bien garder en tête le sens commun des mots, ainsi la vulnérabilité n'est pas la capacité à se défendre / à résister, mais bien la fragilité ou l'incapacité à se défendre / résister. Quand on parle de vulnérabilité, on met en avant la fragilité (d'une personne ou d'un bien). Plus on est vulnérable plus on est fragile. Définir la vulnérabilité comme la capacité à résister est faux. Définir la vulnérabilité comme la mesure de la capacité à résister pourrait être accepté (mesurer jusqu'à quand on résiste ou à partir de quand on ne résiste plus revient au même), mais il faut alors immédiatement préciser que plus on résiste moins on est vulnérable, alors que si on mesure la fragilité, sans rien préciser, il va de soi que plus on est fragile plus on est vulnérable. Simplifions donc les définitions de manière à ce qu'il apparaisse clairement que plus l'aléa est probable / intense, plus on est vulnérable / fragile, plus le risque est important (et plus chère la prime d'assurance).

Le schéma proposé ci-dessus est basé sur la distinction entre ces objets et sur une définition de type "assurance" du risque. En effet, l'utilisation du signe "x" (multiplié par) se rapporte au calcul probabiliste de gain (ou perte), une espérance de gain étant le produit de la probabilité de gain par le montant du gain (et même, la somme des produits des différents montants possibles de gain par leurs probabilités respectives, à condition que ces évènements soient indépendants). Lorsqu'on présente un schéma avec des "cercles" qui se recoupent, pour montrer qu'un risque est la rencontre entre un aléa et un enjeu vulnérable, on se rapporte alors au domaine mathématique des "ensembles" et on devrait alors parler d'intersection et noter risque = aléa ⋂ vulnérabilité.

Les ressources proposées à la lecture sont issues du domaine du développement durable et de la géographie, domaine dans lesquels l'aspect humain et politique est plus développé. Cela explique certainement que nombre de schémas se placent dans la perspective de la "gestion du risque". Dans ce cadre centré sur le risque et sa gestion, on perd rapidement de vue les objets "aléa" et "enjeu" qui se retrouvent englobés dans des considérations plus vastes. La prévention, par exemple, est alors perçue comme englobant protection et prévision puisque décider d'étudier un aléa (prévision) apparait comme de la prévention, ou la protection d'un enjeu apparait comme de la prévention en confondant décision de protéger (prévision) et protection elle-même.

Un autre type d'aléas a parfois été proposé, l'aléa sanitaire. C'est un exemple de transcription au domaine de la santé de définitions présentées ici en sciences de la Terre, mais de portée plus générale. On peut décrire un aléa (virus, bactérie), un enjeu (santé d'un individu ou d'une population) et un risque (épidémie, pandémie et leurs conséquences humaines et économiques). On peut aussi parler prévision, protection, prévention...

Étape 2 - Géodynamique interne, sismicité et conséquences

Ressources à (re)découvrir et questions

Figure 2. Cartes des iso-intensités, séisme de Sendai, 11 mars 2011.

La côte Nord-Est de Honshu est à un niveau de VIII sur l'échelle MSK (Mercalli modifiée).

L'étoile noire indique l'épicentre du séisme.


À partir de cet article et d'éventuelles lectures complémentaires, retrouver les aléas, vulnérabilités et risques liés à cet évènement. Quels sont les éléments de prévision, de protection et de prévention disponibles et quelles ont été les limites expliquant la catastrophe nucléaire de Fukushima ?

Éléments de réponse

La région de Fukushima, comme le Japon en général, est soumise à l'aléa sismique du fait de la situation géographique en limite de plaques avec subduction des plaques Pacifique ou Philippine sous les plaques Eurasie ou Nord-américaine. Région côtière du Pacifique, océan riche en zones sismiques et volcans, elle connait aussi l'aléa tsunami, phénomène qui peut être déclenché par un séisme ou par un effondrement (simplement gravitaire ou plus généralement consécutif à un séisme ou une éruption volcanique). Le Japon dispose de nombreuses données historiques, ainsi que de réseaux de surveillance des séismes et des tsunamis. Les phénomènes sont très bien étudiés, cartographiés, enregistrés...

La présence de centrales nucléaires pose la question de l'aléa technologique. On peut cependant considérer deux grands types de risques, avec, d'une part, les risques "extérieurs" liés au fait que les centrales constituent un enjeu soumis à des aléas naturels et, d'autre part, les risques "propres" liés à la dangerosité potentielle de l'activité en cas d'erreur humaine (aléa "humain") et/ou de défaillance technique (aléa "technique"), voire prise de risque volontaire (limiter la hauteur des digues pour des raisons d'économie).

Les enjeux sont liés à l'urbanisation et à l'activité économique (constructions, infrastructures, population dense) et à la présence d'une centrale nucléaire. Les dommages possibles sont des destructions, des blessés et des morts ainsi qu'un accident nucléaire (de la fuite "limitée" d'éléments radioactifs à la perte de contrôle du cœur des réacteurs avec explosions et large pollution).

Les constructions répondent à des normes parasismiques qui limitent les dégâts matériels et surtout humains (résistance accrue et/ou diminution des risques d'effondrements). Certaines installations disposent de digues de protection pour se prémunir des tsunamis. Mais il est difficile et même impensable d'ériger des digues sur toute la côte pour empêcher les plus grosses vagues de pénétrer à l'intérieur des terres. Ces digues particulièrement hautes auraient dues être réservées aux installations particulièrement "sensibles", mais ont été sous-estimées pour des raisons d'économie. La meilleure protection est alors le recensement ou la mise à disposition de points hauts accessibles rapidement aux populations pour se mettre à l'abri. L'éducation de la population permet aussi l'application de consignes qui sauvent des vies (sortir rapidement pour ne pas être enseveli, connaissance de l'existence de répliques...). Des plans de secours et d'intervention existent pour intervenir au plus vite, protéger les populations et rétablir les communications vitales.

La prévention fait partie de la vie quotidienne des Japonais. Les risques sont connus, les populations sont sensibilisées et éduquées aux bonnes pratiques, des exercices ont régulièrement lieu.

Dans le cas du séisme de Sendai de 2011, il faut d'abord remarquer qu'il s'agit d'un séisme particulièrement intense et que les protections sont d'autant plus couteuses et difficiles à mettre en place que le phénomène auquel résister est lui-même intense. Les normes parasismiques, bien que prévue pour des séismes moins violents, ont permis de limiter les dégâts sur les principales infrastructures, dont la centrale de Fukushima (qui a certainement des normes parasismiques renforcées par rapport à d'autres infrastructures). Mais si la centrale nucléaire n'a subi aucun dégât important du fait du séisme, c'est la vague du tsunami qui a causé des problèmes électriques (inondation des groupes électrogènes de secours mal positionnés puisque tous mis au rez-de-chaussée et aucun en hauteur) à l'origine de l'arrêt du refroidissement des réacteurs, de leur surchauffe et de leur perte de contrôle plus ou moins prolongée. Une digue était présente (prise en compte de l'aléa "tsunami" et adaptation par la construction d'une digue évitant l'entrée des eaux) mais sous-dimensionnée face à cet évènement particulier bien que moins intense que d'autres tsunamis du 20e siècle. Remarquons que les principaux dégâts ont été le fait des vagues du tsunamis, vagues répétées et particulièrement hautes dont les conséquences ont été localement aggravées par un affaissement du sol qui en a amplifié la hauteur relative. De plus, l'épicentre du séisme étant relativement proche de la côte, le temps de réaction fut court et l'estimation de la hauteur des vagues moins précises que dans le cas d'un séisme plus "lointain".

La limite a été ici la protection face au tsunami : aléa connu mais "insuffisamment" contré. La centrale est construite près de la mer pour des besoins d'eaux de refroidissement, une digue permet d'éviter les vagues d'une certaine taille (par exemple 10 m). Cette taille a été décidée en fonction du risque connu et du seuil défini. Si une centrale est prévue pour fonctionner 50 ans et que la probabilité d'une vague de 10 m dépasse le seuil retenu alors on se prémunira contre ce risque, mais si une vague de 10 m ou plus est jugée très peu probable, alors les protections adéquates ne seront pas édifiées. Le "problème", ici, est qu'un tsunami d'une telle ampleur avait déjà eu lieu "de mémoire d'homme vivant", la non-prise en compte du risque d'un événement "vague de plus de 10 m" résulte donc d'un choix lié soit à une sous-estimation de la probabilité de l'aléa durant la "vie" de la centrale, soit à une prise de risque "en toute connaissance" (risque jugé minime) afin de réaliser des économies et de verser plus de dividendes aux actionnaires... Dans l'absolu, on peut décider de se prémunir de tous les risques, dans le réel, les protections ont un cout qui peut être vu soit comme une nécessité, soit comme un investissement diminuant la rentabilité financière (une centrale plus protégée ne produit pas plus d'électricité mais coute plus cher et rapporte donc moins aux actionnaires). Remarquons qu'une autre protection aurait pu être appliquée à "peu" de frais (à moins de frais que pour l'édification d'une digue de 30 m) : installation d'au moins un générateur électrique de secours en hauteur. Ainsi, la digue aurait empêché les inondations lors des tsunamis de "faible amplitude", alors que le générateur haut perché (à construire aussi selon des normes parasismiques adaptées) aurait permis un fonctionnement électrique de secours pour les circuits de refroidissement et/ou pour enclencher les procédures d'arrêt des réacteurs lors de tsunamis plus puissants inondant les parties basses.

Commentaires

Les éléments de réponses ci-dessus peuvent être complétés par des cartes, par des données chiffrées sur les normes de protection, les pertes humaines ou les dégâts engendrés, par des exemples historiques, par des publications scientifiques, par des résultats d'enquêtes suites à cet évènement majeur...

Le côté "catastrophe nucléaire" n'a pas non plus été développé : controverses sur la protection et les certitudes qu'aucun accident n'est possible avant que cela n'arrive, effets à court/moyen/long terme sur place, pollution à l'échelle mondiale (étude des transferts atmosphériques et des pollutions "diffuses")... C'est aussi une occasion de parler du fonctionnement d'une centrale nucléaire et de ses différentes enceintes, voire de la production d'énergie (état des lieux en France et dans le monde ou comparaison de 2 ou plusieurs modes de production). C'est aussi certainement un moyen de faire comprendre ce qu'est l'acceptabilité (qui peut être variable selon que l'aléa est "naturel" ou "à forte dominante humaine" (soit l'aléa lui-même, soit les décisions de protection/prévention).

Rappel. Un aléa n'est ni faible, ni moyen ou ni élevé. En un lieu donné, il existe ou non. Prenons le cas des séismes. Si on parle d'aléa sismique, c'est que le lieu considéré est situé dans une zone connue pour être soumise à des tremblements de terre. Ces séismes sont plus ou moins probables, de violence (et surtout d'intensité) plus ou moins forte. C'est le risque associé qui est alors faible, élevé ou moyen en fonction, entre autres, de la probabilité de ce phénomène sismique. Au Japon, suite au séisme de Sendai, on peut réévaluer le risque sismique. Tout d'abord, le risque est accru si on prend en compte une magnitude maximale attendue de l'ordre de 9, comme à Sendai, plutôt qu'une magnitude maximale estimée jusqu'alors à 8,5 ou 8, soit un séisme libérant, respectivement, environ 5 ou 30 fois plus d'énergie. Ensuite, la redistribution des contraintes tectoniques engendrées par le déplacement de long de la faille modifie de fait la probabilité d’occurrence d'un séisme majeur. Un tel séisme est désormais plus probable aux extrémités Nord et Sud du plan de faille activé en mars 2011. De ce fait, remarquons que le risque sismique à Tokyo a augmenté car la probabilité d'un fort séisme au large de la capitale nippone s'est doublement accrue : magnitude extrême plus élevée (même si, dans le détail, il est possible que les contraintes se relâchent par de multiples séismes de plus faible puissance plutôt que par un séisme majeur) et probabilité plus forte de séisme en ces lieux situés vers l'extrémité Sud du plan de faille qui a joué pour le séisme de Sendai

On trouve cependant des cartes d'"aléas" qui sont en fait des cartes de risque lié à un aléa particulier. On aura, par exemple, une carte d'aléa sismique avec des couleurs selon que cet "aléa" est fort, moyen ou faible. Dans les faits, ces cartes localisent les zones géographiques dans lesquelles la probabilité qu'un séisme d'intensité donnée (et donc engendrant des dégâts plus ou moins importants) advienne, et nécessite donc une adaptation des constructions, est forte, moyenne ou faible. On délimite en fait généralement des zones géographiques auxquelles s'appliquent des normes de protection face à un risque donné.

Étape 3 - Géodynamique externe, tempête et submersion

Ressources à (re)découvrir et questions

Figure 3. Report sur la carte de Cassini du tracé de côte actuel (rouge) par rapport à la côte du XVIIIème siècle (renforcée en bleu).

La variabilité des côtes en deux siècles saute aux yeux et montre l'instabilité du trait de côte.

Les traits "doubles" indiquent des zones immergées à marée haute mais situées "à l'intérieur" des terres.


À partir de cet article et d'éventuelles lectures complémentaires, retrouver les aléas, vulnérabilités et risques liés à cet évènement. Quels sont les éléments de prévision, de protection et de prévention disponibles et quelles ont été les limites expliquant la catastrophe observée ?

Éléments de réponse

Aléas. Tempêtes (dépressions atmosphériques et vents violents) et marées.

Tempêtes. Les prévisions météorologiques permettent d'anticiper l'arrivée et la force des tempêtes. Les phénomènes météorologiques étant complexes, les modèles sont régulièrement réajustés avec les valeurs mesurées pour affiner les prévisions (intensité, lieux et heure d'impact).

Marées. Les marées sont tellement prévisibles que l'on parle même de "prédiction". Le SHOM (service hydrographique et océanographique de la Marine) publie ainsi un annuaire annuel des marées qui contient, pour la métropole, les heures et hauteurs des marées « en 23 ports principaux et les corrections pour 257 ports rattachés ».

Enjeux. Populations, infrastructures et activités côtières. Enjeux particulièrement vulnérables : tout ce qui se trouvent sous le niveau de la mer.

Ces enjeux sont vulnérables face aux vents violents et face aux assauts de la mer.

Face au vent, on peut ancrer solidement certaines installations, mettre à l'abri tout ce qui peut être facilement emporté, limiter (voire interdire) les sorties et les déplacements (risque d'être emporté, déporté).

Face aux assauts de la mer (vagues), comme pour le vent, on évite de se trouver en bord de mer (pour ne pas être emporté par une vague), on peut aussi arrêter le fonctionnement d'infrastructures (routes, voies ferrées) trop exposées.

Cas particulier des polders qui n'existent que parce qu'on les protège par des digues, en cas de submersion, les dégâts attendus sont plus importants du fait du retrait des eaux forcément plus lent voire limité par rapport à une submersion beaucoup plus temporaire lorsqu'on est "au-dessus du niveau de la mer". L'entretien des digues et de systèmes d'évacuation des eaux est essentiel. Le plus sage est de limiter l'exposition des enjeux les plus vulnérables.

Risques. Risques de destructions par la tempête, le vent : bâtiments mais surtout toits et petites infrastructures, projection de débris, chutes d'arbres, blessures par débris... Risques de destruction suite à submersion : routes côtières, bâtiments proches de la côte), risque de blessure ou de mort pour les personnes emportées par une vague. Pour les zones sous la mer, en cas de submersion, il y a risque d'inondation persistante avec grand risque de noyade et d'isolement de personnes dont l'évacuation sera difficile.

Le risque de submersion est le plus difficile à appréhender car il est multifactoriel avec une partie "prédite", la hauteur et l'heure des marées, et une partie plus "aléatoire", qui sont les surcotes dues à la dépression (dépression de 10 hPa = surcote de 10 cm), aux vents d'Ouest qui poussent la mer sur les côtes et aux vagues qui engendrent des surcôtes liées à la vitesse du vent mais aussi aux configurations locales (trait de côte, profil de la côte).

Des services communaux et préfectoraux d'alerte permettent la diffusion de consignes de sécurité pour alerter les populations et prendre les mesures nécessaires pour limiter les dégâts.

La tempête Xynthia.

Les risques liés aux vents violents ont bien été pris en compte et anticipés même si les vitesses maximales semblent avoir été légèrement sous-estimées. La consigne principale pour les populations fut de rester chez soi pour éviter les blessures par des débris et les déplacements non nécessaires (accidents pour cause de véhicule déporté...).

Le risque de submersion "grave" était connu (on sait que les polders sont sous le niveau de la mer). La difficulté était de se rendre compte de la hauteur d'eau exceptionnelle liée à cet évènement. La surcote due au vent a pu être sous-estimée du fait des vitesses plus faibles attendues, la surcote liée à la dépression était connue ou facile à déduire à partir des données météorologiques, la hauteur de la marée était connue (marée de coefficient 102 sur 120 (ce qui en faisait une marée de vives eaux mais pas une marée extrême). Le cumul de ces surcote est liée à l'heure de passage de la tempête car à quelques heures près, le cœur de la tempête serait passé à marée basse (de vives eaux donc marée particulièrement basse). Le cumul a-t-il été fait ? Trop tardivement pour anticiper efficacement ?

La protection formée par les digues semble être le maillon faible. En effet, ces digues anciennes n'ont pas été relevées pour prendre en compte la hausse du niveau marin au cours du vingtième siècle mais, de plus, leur entretien faisait défaut comme décrit par l'auteur de la carte géologique locale dans les années 1970. À cela s'ajoute un défaut de prévention car les terrains inondés n'ont été rendu constructibles que "récemment", pression immobilière oblige, ce qui aurait dû accroitre la pression pour la rénovation et l'entretien des digues : des constructions ont été exposées à un aléa connu sans entretenir, développer et réévaluer la protection nécessaire.

Il y a surtout eu concomitance de deux événement (montée des eaux et vents violents) pour lesquels les consignes de sécurité sont contradictoires : évacuation en cas de risque imminent de submersion, confinement en cas de vents violents (le confinement évitant aussi les risques d'être emporté par les vagues en bord de mer). Seule une consigne pouvait être donnée : évacuer ou confiner. Le "risque" était alors de se "tromper" de consigne. En cas d'évacuation sans submersion au final, on aurait reproché au décideur tout incident lié au vent affectant les évacués (blessés ou morts pour cause de chutes de tuiles, arbres...). Ici, le confinement a été décidé... et cela a piégé les personnes qui se sont retrouvées inondées, isolées... mais à l'abri du vent. La difficulté pouvait être le choix entre un risque certain (le vent) et un risque dont la probabilité et l'impact ont certainement été sous-évalués (submersion) car n'ayant jamais eu lieu depuis les constructions. La décision de confinement a peut-être aussi été prise non par choix mais par méconnaissance du risque de submersion.

Commentaires

"Inondation" ou "submersion" sont des risques et non des aléas. En un lieu donné, un risque d'inondation peut être dû à divers aléas : pluies abondantes avec évacuation difficile, crue d'une rivière (due à des précipitations locales vite évacuées ou à des précipitations en amont), rupture d'une digue de canal, rupture d'un barrage... Ce qui revient à dire qu'un aléa peut contribuer à plusieurs risques.

Il peut sembler limite de considérer les marées comme un aléa, mais si on en revient à la définition posée à l'étape 1, les marées sont bien un phénomène naturel hors contrôle « plus ou moins prévisibles » avec une prévisibilité confinant à la prédiction même si dans le détail, les effets locaux doivent être pris en compte pour une véritable prédiction d'où des calculs précis en un certain nombre de lieux puis des corrections empiriques pour d'autres et une référence au point de prédiction le plus proche. pour tous les autres lieux.

Il est souvent difficile, dans une présentation de bien séparer la "généralité" (les tempêtes) du cas particulier (la tempête Xynthia). Les articles proposés à la lecture (Sendai et Xynthia) sont des "récits" mêlant les deux. Ces exemples permettent d'appréhender les notions à découvrir, mais il est important, pour les comprendre et pour les transmettre de bien distinguer les différentes notions (pas toujours évident), mais aussi aléa et évènement particulier.

Étape 4 - Se documenter, construire un exemple

Ressources à (re)découvrir et questions

De nombreux exemples de glissements de terrains, d'éruptions, de séismes... ont été présentés sur Planet-Terre (cf. la recherche thématique Aléas naturels, risques, prévention). Certains traitent d'évènements particuliers d'importance majeure, comme pour Sendai ou Xynthia, d'autres évoquent des curiosités locales.

Il est généralement demandé dans les programmes de traiter le plus possible de cas locaux ou régionaux pour illustrer les notions de sciences de la Terre. Il vous est ici proposé de préparer une intervention sur la thématique "aléa - risque" à partir d'un exemple si possible "local", en présentant tout ou partie des concepts d'aléa, d'enjeux ou risques et en discutant plus ou moins prévision, protection, prévention.

En partant d'un cas présenté sur Planet-Terre, de vos connaissances, de l'actualité, d'un évènement local passé... choisissez un lieu, un aléa ou un enjeu et rassemblez des informations, des textes, illustrations, liens... afin de constituer une petite base documentaire à partir de laquelle il vous sera possible d'élaborer une "activité" : un cours, une séquence, un exercice, un contrôle, un TP, une sortie de terrain... Un évènement particulier peut servir de point de départ mais l'activité ne se résumera pas alors à décrire cet évènement, elle devra permettre une réflexion, une découverte sur les notions d'aléa et de risque.

Pour ne pas partir dans l'inconnu, pensez à visiter les sites des communes, des préfectures, des DREAL/DEAL, les sites de l'IRMa-Grenoble, du gouvernement (partie risques), le site géorisques (accès à une carte et/ou par choix de risque en déroulant le menu en haut à droite).

L'idée est d'effectuer un travail de recherche sur un cas pratique au choix (lieu d'exercice, de vacances...). Le document final sera proposé à la critique (au sens noble) d'un autre participant qui donnera son avis, apportera d'éventuels compléments d'informations et/ou d'autres idées d'utilisation lors de l'étape suivante. Aussi bien pour l'auteur du travail que pour le relecteur, il sera possible de rendre un travail (ou une analyse) anonyme (aucune modification ne sera faite sur les documents, ni pour les anonymiser, ni pour en lever l'anonymat). Ce travail d'analyse, fera partie du rendu de l'étape 5. Sans obligation, une sélection de travaux, éventuellement remaniés, pourront être proposés au téléchargement en fin de formation pour servir de propositions, d'exemples traitant de cas variés.

Exemples d'activités envisagées

Les activités élaborées sont de types variés : devoir, tâches complexes, exercices guidés, mises en situation... Ces activités s'intéressent à un ou plusieurs des aléas suivants : tempête, ouragan, tempête de neige, inondation, submersion, érosion dunaire, érosion littorale, glissement de terrain, gonflement des argiles, affaissements miniers, accident nucléaire, rupture de barrage, sismicité, volcanisme, chute de météorite. Généralement la zone d'étude est assez restreinte, en France ou à l'étranger. Les études portent aussi bien sur la mise en évidence et prévision des aléas que sur les adaptations des enjeux ou la prévention des risques.

Quelques travaux réalisés lors de cette étape sont ici proposés par leurs auteurs non pas comme des modèles à suivre, mais comme des exemples de réalisations. Certains sont à compléter ou remanier de l'avis même des auteurs, d'autres ont été testés en classe, certains sont proposés en l'état, d'autres ont été légèrement modifiés avant mise à disposition. À consulter pour voir ce que des enseignants de collège et de lycée envisagent de faire avec des élèves.

Étape 5 - Le risque climatique

Ressources à (re)découvrir et questions

Après lecture ou survol des ressources citées ci-dessus, déceler les particularités des aléas et risques climatiques liés au réchauffement actuel (prévision, protection, prévention) par rapport à ce qui a été vu auparavant.

Éléments de réponse

Le « risque climatique » peut être défini comme le risque lié au changement climatique, changement qui entraine des modifications des aléas existants (dont les aléas météorologiques parfois appelés climatiques) et font apparaitre de nouveaux aléas directement liés (pression supplémentaire sur la biodiversité).

Les aléas sont connus (canicule, sécheresse, tempêtes, submersion...). Les protections sont donc aussi connues. Ce qui est nouveau, c'est généralement l'augmentation de la fréquence et/ou de l'intensité de ces aléas en un lieu donné ainsi que les déplacements et/ou l'extension des zones géographiques soumises à certains aléas. Un enjeu "nouveau" est aussi impacté : la biodiversité.

Si les hommes ne contrôlent pas ces aléas, ils "contrôlent" en partie les causes du réchauffement climatique. Ainsi, il est normalement possible de travailler sur les conséquences avec le volet "vulnérabilité" en s'adaptant, mais aussi sur les causes de ces "nouveaux aléas" en prenant des mesures de limitation du réchauffement dû à l'effet de serre de nature anthropique.

Même en niant ou minimisant le rôle de l'homme dans le réchauffement, il n'est pas possible de nier le réchauffement observé et la nécessaire adaptation aux conséquences actuelles et à venir de ce réchauffement et, pour une vision à moyen/long terme, il est nécessaire de comprendre les mécanismes en jeu, les effets attendus pour anticiper les risques à venir et limiter les dégâts matériels, humains et sociétaux.

L'une des difficultés est la prévision. Prévision du réchauffement global, de ses effets globaux et conséquences locales. Si les grandes évolutions sont "prévues", les "incertitudes" scientifiques ont longtemps été perçues non pas comme des incertitudes sur l'ampleur exacte du phénomène mais comme des incertitudes de l'existence même du phénomène.

Une difficulté pour le décideur est aussi d'enclencher des changements, des investissements dont les bénéfices risquent de n'être pleinement visibles qu'à long terme (retour sur investissement économique ou électoral trop "risqué"). S'il est facile de rapidement changer certaines pratiques au dernier moment, face à l'évidence (interdire la culture du maïs avec irrigation et donc remplacer sa culture (annuelle) par la culture d'une autre plante moins exigeante), d'autres semblent être de vrais paris sur l'avenir (renouvellement de forêts ou vergers avec des essences plus adaptées au climat qui devrait régner lors de la pleine rentabilité de la plantation), ou des contraintes économiques électoralement risquées (obligations de construction plus strictes pour mieux préserver les locaux de la chaleur, obligation d'installations solaires et de récupération d'eaux pluviales... autant de contraintes immédiates à la construction qui auront de toute façon un retour à l'usage -moins de chauffage, de climatisation...).

La dimension mondiale est une difficulté supplémentaire. Pourquoi agir localement alors que, quoi que l'on fasse le réchauffement continuera si les autres ne font rien ? On peut attendre longtemps si l'on attend que tous les autres agissent pour s'y mettre. De plus, que l'on participe ou non au réchauffement mondial, une adaptation locale sera de toute manière nécessaire.

Des mesures économiques incitatives ou "punitives" semblent indispensables pour "motiver" des actions d'ampleur. Si on ne paie pas aujourd'hui les produits et services au juste prix (matières premières, transformation, énergie, environnement, climat), il y a de fortes chances que l'on aura à payer plus cher les dégâts par la suite.

Un développement de la sensibilisation et de l'éducation aux risques actuels et futurs est un moyen de diminuer le risques par une meilleure prévention mais aussi un moyen de transformer les apparentes "contraintes" en "comportements normaux".

Pour compléter

- Sélection de ressources complémentaires à retrouver sur les autres sites experts.

Sur Géoconfluences : La reconstruction du Tôhoku (nord-est du Japon) après les catastrophes du 11 mars 2011 , Arles sous les eaux du Rhône : la crue de décembre 2003 , Risques "naturels" et territoires en France , Communication et information sur les risques , le dossier Risques et sociétés .

Sur CultureSciences-Physique : Connaître et maîtriser les risques des nanoparticules, qu'elles soient d'origine naturelle, anthropique ou produites intentionnellement .

- Productions de sites d'accompagnement pédagogique.

Sur ACCES-Éduterre : dossier Risques naturels .