Image de la semaine | 17/11/2025
Le volcanisme de la Cumbre Vieja, ile de La Palma, Canaries (Espagne)
10/11/2025
Auteur(s) / Autrice(s) :
Publié par :
- Olivier DequinceyENS de Lyon / DGESCO
Résumé
Alignement de volcans, cratères, cônes, coulées de lave anciennes et récentes.

Source - © 2025 — Google Earth
Il s'agit d'un alignement de cônes basaltiques formant la crête Sud de l'ile. La formation de cette chaîne de volcans s'étale de −150 000 ans à nos jours.
![]() Source - © 2025 — Turismo de Canarias Le volcan (complexe) au centre inférieur de la photo est le volcan El Duraznero (figures 6 à 9). On voit qu'il est constitué de trois cratères alignés dans la direction de la crête de la Cumbre Vieja. À son pied (en bas à gauche) se trouve un ancien lac de lave. La dernière éruption de ce complexe date de 1949. | |
![]() Source - © 2025 — Google Earth “1” localise le site de prise de vue de la figure 1, “2” celui de la figure 2. La flèche rouge localise le volcan El Duraznero (figures 6 à 9). La flèche jaune localise le volcan San Antonio (figures 10 à 14). |
![]() Source - © 2025 — Google Earth La punaise rouge localise le volcan El Duraznero (figures 6 à 9). La punaise jaune localise le volcan San Antonio (figures 10 à 13). |
Toutes les photographies de cette semaine concernent le Sud de l'ile de la Palma, le massif de la Cumbre Vieja (en jaune sur la carte géologique). Il y a environ 150 000 ans, le volcanisme sur l'ile de la Palma s'est limité au Sud de l'ile et du massif de Taburiente (cf. La caldeira de Taburiente et l'observatoire de Roque de los Muchachos, ile de La Palma, Canaries (Espagne)), avec des éruptions de laves principalement basaltiques formant progressivement la Cumbre Vieja. Il s'agit d'un volcanisme de rift (pris au sens de fissure ou de crevasse et non pas de graben à l'axe d'une dorsale). La direction de ce “rift” est marquée par la crête, l'alignement des cônes, la direction des dykes…

Source - © 2025 — Google Earth / Serrano et al., 2023 , modifié
Le massif de la Cumbre Vieja est figuré en jaune sur la carte géologique. Il est dominé par l'alignement de cônes volcaniques qui forment la crête Sud de l'ile entre les points A et B. La punaise rouge localise le volcan El Duraznero (figures 6 à 9), la punaise jaune le volcan San Antonio (figures 10 à 14), la punaise verte les bananeraies des figures 16 à 19 et les punaises oranges la coulée de 1949. Sur la carte géologique, la direction du “rift” est matérialisée par la double ligne en tireté.
Nous allons illustrer ce volcanisme de la Cumbre Vieja en nous focalisant sur deux volcans et leurs environs immédiats (le volcan El Duraznero et celui de San Antonio), ainsi que sur la côte Ouest, zone d'arrivée de nombreuses coulées, dont celle de 1949, et celles de l'éruption de 2021, éruption qui fera à elle seule l'objet de l'image de la semaine prochaine.
![]() Source - © 2025 — Google Earth Les dernières éruptions de ce volcan (et d'autres voisins établis sur la même famille de fissures – voir figure 25) débutèrent le 24 juin 1949, d'où le nom de « Volcans de la Saint Jean » qu'on leur donne parfois. Des coulées se dirigèrent vers l'Ouest et d'autres vers l'Est. Celles directement associées au cône et cratère d'El Duraznero coulèrent vers l'Est (vers la gauche sur la photo). Localisation par fichier kmz du volcan El Duraznero, La Palma (Canaries). |
![]() Source - © 2025 — Google Earth La coulée de 1949 correspond à l'étroite zone la plus sombre sur la gauche. Les coulées moins sombres sur la droite correspondent à des éruptions datant d'avant le XVe siècle. |
![]() Source - © 2025 — Google Earth |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View Ce lac s'est vidé vers l'Est par l'échancrure juste au pied du cône. |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Ce cône a une morphologie “parfaite” quand on le regarde depuis le Sud ; il date de 1677. À l'arrière-plan, on voit la crête de la Cumbre Vieja qui masque partiellement le massif de Taburiente tout au fond. Juste au premier plan, un petit cône avec cratère qu'on verra en détail sur la photo suivante. Localisation par fichier kmz du volcan de San Antonio, La Palma (Canaries). | |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View Au premier plan, un joli petit cône. |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas Au fond, le village de Los Canarios. |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas Au premier plan, le flanc du volcan de San Antonio. Le long de la mer et à gauche du petit village de Puntalarga, la zone plate correspond à la surface d'une coulée émise en 1677. Cette coulée est très largement plantée de bananeraies. |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas Au premier plan, le flanc du volcan de San Antonio. Le long de la mer et à gauche du petit village de Puntalarga, la zone plate correspond à la surface d'une coulée émise en 1677. Cette coulée est très largement plantée de bananeraies. |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas Cette surface est globalement de type aa, mais quelques mètres carrés ont été épargnés ici ou là par la rupture de la croute superficielle et montrent de belles surfaces cordées (cf. Coulées pahoehoe se transformant en coulées aa). Cette coulée a été émise en même temps que l'éruption d'El Duraznero (figures 6 à 9). Au second plan, au milieu des bananerais, deux cônes de scories : la Montaña de Todoque (au centre) et la Montaña La Laguna (à gauche). Ces deux cônes appartiennent au volcanisme de la Cumbre Vieja, malgré leur emplacement hors de l'axe volcanique principal. Localisation par fichier kmz de la coulée de lave de 1949 de la Cumbre Vieja, La Palma (Canaries). |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas Cette surface est globalement de type aa, mais quelques mètres carrés ont été épargnés ici ou là et montrent de belles surfaces cordées (pahoehoe) épargnées par la fracturation quand la coulée se transformait en coulée aa. Au second plan, le flanc de la Cumbre Vieja recouvert de forêts. Cette forêt est traversée par l'amont de la coulée de 1949 ; mais son point de sortie était caché par les nuages en ce mois d'octobre 2004. |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas Pour voir d'autres coulées pahoehoe on peut revoir l’article sur la Mise en place de laves cordées (ropy lavas), Hawaii, La Réunion. |
![]() Source - © 2025 — Google Earth L'émission de cette coulée est contemporaine (juin-juillet 1949) de celle sortant de l'autre côté de la crête depuis le volcan El Duraznero, distant de 3 000 m vers le Sud (à droite). C'est sur ce flanc, le 24 juin 1949, qu'a débuté l'éruption, d'où le nom de « fissure de la Saint Jean » donné à ce point de sortie. | |
![]() Source - © - — J.L. Moss et W.J. McGuire, modifié Les zones entourées en rouge sont celles illustrées par les figures 6 à 9, et 24. Carte d’origine à retrouver sur une page du Global Volcanism Program (Bulletin Reports). |
![]() Source - © 2025 — Google Earth L'astérisque rouge localise le point d'où j'ai pris les photos des figures 21 à 23. Les deux cônes de la Montaña de Todoque et de la Montaña La Laguna sont visibles dans le quart supérieur gauche de cette photo. |
![]() Source - © 2015 — Frank Vincentz – CC BY-SA 3.0 Ces deux cônes sont entourés de bananeraies. La coulée de 1949 est bien visible et traverse toute la photo derrière la la Montaña de Todoque. La Cumbre Vieja ferme tout l'arrière-plan. La plaine en bord de mer, tout au fond à droite, correspond au site des figures 15 à 19. |
Tout le secteur autour des cônes de la Montaña de Todoque et de la Montaña La Laguna a été complètement bouleversé par l'éruption de l'automne 2021. Nous vous montrons ci-dessous deux paires de photographies Google Earth prises avant et après pour en montrer l'importance de cette éruption, la dernière sur l'archipel des Canaries. La semaine prochaine, nous vous montrerons des images prises pendant (ou juste après) l'éruption, images toutes issues du web.
![]() Source - © 2025 — Google Earth La différence de couleur de ce qui a été épargné par les coulées de 2021 vient des saisons de prises de vue : juillet pour l'image avant l'éruption et janvier pour celle prise juste après. L'astérisque rouge localise le point d'où j'ai pris les photos 21 à 23 en 2004. |
![]() Source - © 2025 — Google Earth |

Source - © 2025 — Google Earth
La petite punaise rouge localise l'ile de Tenerife.
En octobre 2004, j'ai participé à un “voyage astronomique” (avion + bus) organisé par l'Association Française d'Astronomie (AFA) aux iles Canaries, voyage dont le but principal était la visite des nombreux observatoires installés sur ces iles, principalement sur les iles de Tenerife et de La Palma. Ces observatoires y ont été installés du fait des excellentes conditions atmosphériques qui y règnent (faible nébulosité au-dessus de 2000 m, faible turbulence de l'atmosphère…), conditions qui rappellent les conditions régnant à Hawaii où sont d'ailleurs installés d'autres grands observatoires astronomiques. Mais le tourisme non astronomique n'était pas absent de ce voyage. On a traversé et on s'est arrêté assez souvent (bien que pas assez à mon goût) admirer de somptueux paysages volcaniques, même s'il n'y a quasiment pas eu d'arrêts strictement “géologiques” permettant soit des échantillonnages soit d'étudier / photographier des structures particulières. L'article de cette semaine correspond à un aspect de cette visite “touristico-géologique” des iles de Tenerife et de la Palma, avec des images provenant du scan de vieilles diapositives argentiques, moins nombreuses que ce que j'aurais fait quelques années plus tard quand j'ai acquis mon premier appareil numérique. J'ai complété ces scans de diapos personnelles prises sur le terrain ou par la fenêtre du bus avec ce qu'on trouve en 2025 sur Google Earth Street View, où le véhicule scannant les bords de routes ainsi que le public y déposant ses photographies ont fait de la géologie, souvent sans le savoir. Après une première série de trois articles consacrés à l’ile de Tenerife, une seconde “trilogie” dédiée à l’ile de La Palma a commencé par l’observatoire de la caldeira de Taburiente avant de voir, ici, le volcanisme de la Cumbre Vieja puis de finir la semaine prochaine par l’éruption médiatique de 2021.



























