Image de la semaine | 25/05/2020
Week-end géologique à la Pointe du Chay – Crinoïdes, pinnes et autres mollusques du Jurassique supérieur de Charente-Maritime
25/05/2020
Résumé
Calcaires bioclastiques à articles de pédoncule de crinoïdes (entroques) et à mollusques du Jurassique supérieur.
Les côtes sont très souvent les lieux de belles observations géologiques, car elles comportent fréquemment des falaises qui, contrairement aux fronts de tailles et tranchées artificielles, sont en permanence nettoyées, rafraichies par les marées et le recul des côtes. Nous avons vu la semaine dernière (cf. Week-end géologique à la Pointe du Chay – Oursins et coraux du Jurassique supérieur de Charente-Maritime) des photographies d'affleurements du Kimméridgien (Jurassique supérieur, 153 Ma) faites sur la côte entre les Pointes du Chay et de la Belette, 6 km au Sud de La Rochelle (Charente-Maritime). Ces photographies ont été prises “rapidement” par l'un d'entre nous pendant un week-end de février 2020 à La Rochelle. Les photographies de la semaine dernière concernaient les oursins et les coraux et nous ont permis de reconstituer l'environnement local au Jurassique supérieur. Cette semaine, nous vous montrons la suite de ce week-end hivernal avec des crinoïdes, des pinnes et autres mollusques du Kimméridgien.
Les fragments de crinoïdes sont très fréquents en géologie, et ont été parmi les plus importants organismes créateurs de roches, dont les fameux “calcaires à entroques” (cf., par exemple, figures 4 et 5 de Calcaire bioclastique à échinodermes). Des crinoïdes entiers remarquablement conservés se trouvent dans beaucoup de musées, par exemple le Musée des Confluences de Lyon (cf. Comatules (Crinoïdes nageurs) fossiles du Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain) ou «Scyphocrinites, crinoïdes d'Erfoud (Maroc)). Mais si le rôle lithogénétique des crinoïdes est maintenant bien moindre qu'au Paléozoïque et au Mésozoïque, les crinoïdes forment un groupe d'échinodermes bien présent dans les mers et les océans actuels, même si la majorité des professeurs de SVT ont sans-doute plus souvent vu des articles de crinoïdes fossiles que des crinoïdes bien vivants.
Pour simplifier, il existe deux types de crinoïdes : les crinoïdes mobiles (nageurs ou marcheurs, appelés comatules), et les crinoïdes fixés au substratum par une tige (tige également appelée pédoncule). Pour que chacun puisse voir d'où viennent les articles de crinoïdes fossiles des photographies précédentes, nous vous présentons un crinoïde fixé fossile presque entier, et quatre photographies de crinoïdes fixés vivants, pour montrer leur morphologie et leur milieu de vie.
Source - © 2008 Vassil – Alias Collections – CC BY-SA 3.0 | |
Source - © 2016 NOAA | Source - © 2010 NOAA Okeanos Explorer Program, INDEX-SATAL 2010 – CC BY 2.0 |
Source - © 2008 Anne Hoggett – CC BY 3.0 |
En plus des coraux et des oursins vus la semaine dernière, et des crinoïdes ci-dessus, les calcaires bioclastiques kimméridgiens de la Pointe du Chay abondent en mollusques divers. En voici quelques-uns.
Source - © 2018 Giuseppe Mazza / Monaco Nature Encyclopedia
Les calcaires bioclastiques de la Pointe du Chay permettent aussi de découvrir de nombreux nodules de sulfure de fer : pyrite ou marcassite (deux polymorphes du même sulfure de fer, FeS2, cf. Pyrite et Marcassite). De tels nodules sont classiques dans les calcaires. En général, les sédiments du fond de la mer sont oxydés par l'eau de mer riche en dioxygène dissout. Mais passé une certaine épaisseur de sédiment, ce dioxygène est consommé par les bactéries des sédiments, qui deviennent alors anoxiques. Du Fe2+, relativement soluble, peut circuler dans ces sédiments réduits. Si ces sédiments contiennent une accumulation locale de matière organique (cadavre, excrément, terrier …) des bactéries sulfato-réductrices vont utiliser le sulfate dissout de l'eau de mer (SO42−) pour oxyder la matière organique (respiration anaérobie). Cette réduction du sulfate le transforme en sulfure (S2−). Or, le sulfure de fer est très peu soluble, et de la pyrite ou de la marcassite précipitent localement et forment un nodule. Ce nodule pourra grossir pendant la diagenèse, servant de germe de nucléation qui capte les ions ferreux et sulfure qui circulent.