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Image de la semaine | 16/11/2009

Comatules (Crinoïdes nageurs) fossiles du Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

16/11/2009

Pierre Thomas

Laboratoire de Sciences de la Terre / ENS de Lyon

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Crinoïdes fossiles du Kimméridgien.


Solanocrites thiollierei, comatule fossile presque complète du Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

Figure 1. Solanocrites thiollierei, comatule fossile presque complète du Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

Ce fossile est l'unique individu de cette espèce, connue nulle part ailleurs dans le monde.


Les fossiles d'Échinodermes les plus fréquents des sont les Oursins et les Crinoïdes. Les Crinoïdes sensu lato existent du Cambrien à l'actuel. Ils étaient très abondants au Paléozoïque, ont vu leur diversité fortement diminuer à la fin du Paléozoïque (98 % d'extinction à la limite Permien-Trias). Les « survivants » ont continué à évoluer, et leur variété a ré-augmenté durant le Mésozoïque. L'accumulation des articles calcaires, issus des tiges ou des bras, a formé de véritables roches au Paléozoïque et au Mésozoïque : les calcaires à crinoïdes, ou à entroques. Puis les Crinoïdes ont fortement décliné, mais il en existe encore quelques groupes.

Calcaire à entroques du Jurassique moyen de l'Ardèche

Figure 2. Calcaire à entroques du Jurassique moyen de l'Ardèche

Les articles de crinoïdes ont souvent une section pentagonale (symétrie classique chez les Échinodermes). Une belle section pentagonale est visible approximativement au centre de la photo.


Calcaire à entroques du Jurassique moyen de l'Ardèche

Figure 3. Calcaire à entroques du Jurassique moyen de l'Ardèche

Les articles de crinoïdes ont souvent une section pentagonale (symétrie classique chez les Échinodermes). Une belle section pentagonale est visible approximativement au centre de la photo.


La majorité des Crinoïdes vivait fixée sur un substrat grâce à une tige flexible constituée de l'emboîtement de nombreux articles calcifiés. Il existait aussi des crinoïdes nageurs, sans tige fixatrice : les comatules. Les comatules constituent la grande majorité des crinoïdes actuels qui ont survécu à la drastique réduction de ce groupe qui a eu lieu depuis le Cénozoïque.

Les rares individus de crinoïdes trouvés à Cerin sont des comatules, d'espèces différentes des comatules actuelles bien sûr. Deux espèces ont été trouvées à Cerin, dont Solanocrites thiollierei. Le genre Solanocrites n'est connu qu'au Jurassique moyen et supérieur d'Europe de l'Ouest (France, Suisse, Allemagne). L'espèce S. thiollierei n'est connue que par un seul exemplaire, celui de Cerin.



Schéma général d'une comatule actuelle

Figure 6. Schéma général d'une comatule actuelle

On trouve le calice, les cirres (seules deux cirres ont été dessinés), la base des dix bras (la plus grande part de ces bras n'a pas été dessinée), bras d'où partent des pinnules.


Partie centrale du fossile de Solanocrites thiollierei, Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

Figure 7. Partie centrale du fossile de Solanocrites thiollierei, Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

Cette comatule est posée « à l'envers » : par rapport au schéma de la figure 4, on voit cette comatule par « le bas » avec au centre son calice d'où partent de nombreux cirres, cirres posés sur les dix bras (incomplets). On ne voit pas nettement de pinnules.


Détail de la partie centrale du fossile de Solanocrites thiollierei, Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)


Rayures dans la dalle de calcaire lithographique à Solanocrites thiollierei, Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

Figure 10. Rayures dans la dalle de calcaire lithographique à Solanocrites thiollierei, Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

Certains fragments des bras et des cirres manquent, mais il reste leurs empreintes. Disparition lors de l'extraction du fossile, ou bien avant la fossilisation ? Ce qui est intriguant, c'est que souvent la partie manquante ne correspond pas à une simple empreinte, mais à une empreinte « déplacée » et dont le déplacement a occasionné des  « rayures » dans le sédiment avant sa diagénèse, ce qui plaide pour une disparition avant la fossilisation. Dernières contractions des bras de l'animal lors de son agonie, ou bien déplacement de ces bras morts par un prédateur/charognard ?


Un autre fossile de Cerin permet de bien voir les pinnules : Pterocoma penata, espèce éteinte mais voisine des espèces actuelles du genre Antedon.


Pterocoma pennata, détail des bras, Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

Figure 12. Pterocoma pennata, détail des bras, Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

Cette vue permet de voir les pinnules partant des bras.


Antedon mediterranea, espèce actuelle de comatule méditerranéenne

Figure 13. Antedon mediterranea, espèce actuelle de comatule méditerranéenne

Cette espèce ressemble morphologiquement à l'espèce jurassique Pterocoma pennata.


 

La majorité des fossiles montrés ici fait partie des réserves du futur Musée des Confluences de Lyon, musée en cours de construction, qui devrait ouvrir en 2014-2015. Sous la conduite éclairée de Didier Berthet, responsable des collections de Cerin, j'ai pu accéder à ces réserves et en photographier une (petite) partie. Merci à lui de m'y avoir guidé et de m'autoriser à diffuser ces photos. À partir de 2014-2015, vous pourrez voir certains de ces échantillons et biens d'autres encore dans les expositions permanentes du musée ainsi que dans des expositions temporaires. Le Musée des Confluences a également publié un « beau livre », livre magnifiquement illustré par un photographe professionnel, livre retraçant l'histoire du site de Cerin qui complétera et approfondira ces dossiers Planet-Terre.