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Les adakites de Coyhaique (Chili) : des prismes extraordinaires faits de roches rares dans un contexte géologique peu fréquent
13/11/2017
Résumé
Magmatisme adakitique en contexte de subduction de dorsale océanique.
Les adakites sont des roches magmatiques rares, au moins pour les adakites post-archéennes (plus récentes que 2,5 Ga). Ce sont surtout des roches volcaniques, mais quelques plutons sont connus. Ces roches sont, macroscopiquement et minéralogiquement, très voisines des dacites. Comme elles, elles sont associées à une subduction. Elles en diffèrent un peu vis-à-vis des éléments majeurs (rapport Na/K plus élevé pour les adakites que pour les dacites) et surtout vis-à-vis des éléments traces (déficit en terres rares "lourdes", par exemple). Bien que ne constituant qu'un infime pourcentage des roches terrestres, les adakites sont des roches importantes, et ce pour deux raisons. (1) Elles montrent de façon spectaculaire que la version 1967-1968 de la tectonique des plaques (version forcément simple en ces temps héroïques mais qui, hélas, est encore très présente non affinée et non modifiée dans bien des têtes) n'était qu'une première approche ; ce qu'on comprend en 2017 est plus complexe que ce qu'on pensait en 1967. En effet, les adakites sont des roches volcaniques présentes là où une dorsale est entrainée en subduction, situation bien négligée et bien tue dans les années 1970. (2) Les adakites sont les rares équivalents modernes de roches très présentes à l'Archéen (de -4 à -2,5 Ga), roches soupçonnées d'avoir très largement contribué à l'origine de la croute continentale. Rien que ça ! Dans les premières versions forcément simplifiées de la tectonique des plaques, les continents étaient passifs, déplacés, fracturés, réunis… par la dynamique qui se passait dans et sous les océans. Cette tectonique des plaques, à son rythme actuel, était incapable en 1970 d'expliquer la surface et le volume de la croute continentale. En effet, le magmatisme des zones de subduction actuelles est largement insuffisant pour expliquer les quelques 6.109 km3 de croute continentale, croute différente du manteau (et de la croute océanique) entre autres par sa richesse en SiO2, et ce même étalé sur 4 Ga. Non expliquée par les premières versions de la tectonique des plaques, l'origine de la croute continentale était souvent passée sous silence.
Le but de cet article n'est pas de décrire en détail la chimie des adakites, ni d'en expliquer la genèse à coup de diagrammes géochimiques, de pétrologie expérimentale…, ni de comparer les adakites modernes et leur très probables équivalents archéen (les TTG =Tonalite-Trondhjémite-Granodiorite). Tout cela est très bien expliqué dans l'article de J. F. Moyen de 2004, TTG et adakites : cas particuliers de magmas de zone de subduction. Le but de cet article est de montrer des paysages, des roches, des lames minces, donnant une réalité concrète à des roches bien mystérieuses pour beaucoup, mais ô combien importantes pour qui s'intéresse à la Terre et à son histoire.
Minéralogiquement, on peut décrire les adakites de cet affleurement de la façon suivante : la pétrologie de cette roche correspond à celle d'une dacite. De nombreux cristaux pluri-millimétriques de feldspath, d'amphibole et quelques cristaux de quartz et biotite, sont contenus dans une mésostase claire. Il y a aussi présence d'enclaves polycristallines formées principalement d'amphibole et de feldspath (cf. Adakite sur la lithothèque de l'ENS de Lyon).
Source - © 2017 Damien Mollex / Lithothèque ENS de Lyon | Source - © 2017 Damien Mollex / Lithothèque ENS de Lyon |
Source - © 2017 Vincent Conion / Lithothèque ENS de Lyon | |
Source - © 2017 Damien Mollex / Lithothèque ENS de Lyon | Source - © 2017 Damien Mollex / Lithothèque ENS de Lyon |
Source - © 1999 H. Martin, modifié