Image de la semaine | 24/11/2014
L'anticlinal conforme de l'Écoutoux et le synclinal perché du Chamechaude, massif de la Chartreuse, Isère
24/11/2014
Résumé
Plis, anticlinaux, synclinaux, relief conforme et relief inverse : exemples dans un massif subalpin des Alpes externes.
Au second plan de la figure ci-dessus, juste derrière les rochers et arbres formant le premier plan, on reconnaît très bien un anticlinal (à gauche) en relief formant une montagne nommée l'Écoutoux. La partie supérieure de l'Écoutoux est formée d'une barre calcaire, la barre tithonique (Jurassique terminal). Toujours au second plan, on voit cette barre tithonique dessiner une belle vallée (un val) occupé par des villages et des prés, et emprunté par un ruisseau. C'est la vallée du Sappey, nom du principal village. De l'autre côté de la vallée, la barre tithonique (très boisée) remonte en formant une surface structurale et se termine par la corniche du Saint Eynard qui domine la plaine de l'Isère. C'est depuis cette corniche qu'a été prise la vue sur la vallée du Grésivaudan de la semaine dernière (fig. 18). Cette couche tithonique est soulignée en bleu sur le schéma interprétatif. Quand les anticlinaux forment les points hauts et les synclinaux les points bas dans une chaîne plissée, on parle de relief conforme.
À l'avant dernier plan, on voit que le cœur du synclinal est "rempli" de formations a priori assez tendres (pas de falaises) recouvertes d'une dalle calcaire dessinant un synclinal (trait orange sur le schéma interprétatif). Cette barre calcaire est la barre urgonienne (Barrémien-Aptien, Crétacé inférieur), qui forme le sommet du Chamechaude (2082 m), le plus haut sommet de la Chartreuse. Entre les barres tithonique et urgonienne, il y a plusieurs centaines de mètres de marno-calcaires (Berriasien + Valanginien + Hauterivien). Au niveau du Chamechaude, le fond du synclinal n'est plus un point bas, mais au contraire un point haut, épargné par l'érosion qui a complètement "enlevé" les anticlinaux (aux sommets initialement plus élevés) qui se trouvaient à gauche et à droite et dont les cœurs sont maintenant des points bas. Quand les synclinaux forment les points hauts et les cœurs des anticlinaux éventrés par l'érosion les points bas dans une chaîne plissée, on parle de relief inverse. Les synclinaux initialement des points bas se retrouvant en altitudes sont appelés « synclinaux perchés ».
Le site GEOL-ALP de Maurice Gidon donne le détail des séries stratigraphiques et des failles "annexes" affectant l'Écoutoux et le Chamechaude.
Tout au fond de l'image, on devine d'autres sommets de la Grande Chartreuse, dont la Dent de Crolle à droite du Chamechaude. Les sommets enneigés qui ferment l'horizon à droite font partie du massif de Belledonne, l'un des massifs cristallins externes des Alpes.
On dit souvent que le Jura est le pays des reliefs conformes et les chaînons subalpins (les « Préalpes » des géographes) celui des reliefs inverses. Cet exemple montre que l'on peut "facilement" passer de l'un à l'autre en quelques kilomètres. Et, contrairement à ce qui pourrait sembler intuitif, c'est là où le relief est "inverse" que l'érosion a été la moins forte (il reste du Crétacé). Là où l'érosion a été la plus forte et où (presque) tout le Crétacé a été érodé, le relief est conforme. On parle parfois de relief conforme dérivé dans le cas où la surface dessinant les anticlinaux élevés et les synclinaux en creux n'est pas la couche terminale de la série, mais une couche plus profonde totalement dégagée par l'érosion.
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