Image de la semaine | 16/12/2013
La Vierge aux nummulites, Rocher de la Vierge de Biarritz (Pyrénées Atlantiques)
16/12/2013
Résumé
Nummulites, fragments de coquilles et galets ronds dans l'Oligocène inférieur touristique de Biarritz.
Souvent, avant Noël, nous faisons un clin d'œil "religieux" en vous montrant quelques Vierges géologiquement intéressantes. Ainsi, nous vous avons montré une Madone à la météorite, une madone des pillows, une madone des oursins… Cette année, nous vous montrons une Vierge parmi les plus visitées de France, puisque des centaines de milliers de touristes (en fait tous les touristes qui passent par Biarritz) lui "rendent visite" et même lui "passent dessous" puisqu'un petit tunnel est creusé sous son socle. En effet, un petit îlot rocheux, situé à une trentaine de mètres de la côte et relié à celle-ci par une passerelle, est chapeauté par une Vierge qui a donné son nom à ce rocher. Mais quel pourcentage de ces centaines de milliers de touristes a remarqué que ce rocher est littéralement « farci » de millions de petites lentilles : des nummulites. Ce rocher est constitué de bancs calcaro-gréseux du Sannoisien, ancien nom de la base de l'Oligocène. La notice de la carte géologique de Bayonne 1/50 000 décrit ainsi cette formation : « g1a. Sannoisien inférieur. Grès tendres, jaunes, en bancs calcaréogréseux pétris de Nummulites (N. bouillei, N. vascus, N. intermedius, avec Eupatagus ornatus et même Scutelle), bancs au sein desquels on rencontre des lits de cailloux roulés. À cet horizon correspondent les rochers du Basta et du Port des Pêcheurs, ceux de l'Atalaye, le rocher de la Vierge et ceux encadrant le Port-Vieux. Au Sud, ce Sannoisien s'étend jusqu'à la Villa Belza, juchée sur un éperon rocheux à l'angle de la route conduisant aux Bains des Basques ».
Rappelons que les nummulites sont des foraminifères (protozoaires rhizopodes marins) qui vivaient du Paléocène à l'Oligocène. Ces unicellulaires possèdent un test intraectoplasmique calcaire pluriloculaire, discoïdal et spiralé, formé par la succession de loges communicantes. La taille des nummulites va du millimètre à la dizaine de centimètres. Le nom "nummulite" vient du latin nummulus, petite monnaie.
Nous allons vous montrer deux vues d'ensemble de ce rocher de la Vierge, des vues détaillées prises sur le "continent", avant la passerelle, et d'autres prises sur le rocher lui-même.
Les services municipaux de Biarritz font bien leur travail, et il ne reste plus un seul caillou détaché pouvant être ramassé dans le secteur. Et, bien évidemment (et tout à fait légitimement), le prélèvement de roche au marteau et au burin est interdit. Il n'en était pas de même il y a 80 ans. L'ENS de Lyon a "hérité" des collections des anciennes ENS de Saint Cloud et de Fontenay. Nous avons ainsi des échantillons intitulés « Rocher de la Vierge, 1933 », ce qui nous a permis de faire des photographies détaillées plus facilement que sur place. On peut trouver ces photos et bien d'autres sur le site de la lithothèque de l'ENS de Lyon géré et alimenté par Damien Mollex.
Source - © 2013 Damien Mollex, lithothèque ENS de Lyon | Source - © 2013 Damien Mollex, lithothèque ENS de Lyon |
Il n'y a pas que des nummulites dans ces grès calcaires. On peut aussi y trouver des coquilles (entières ou fragmentées) de bivalves, d'oursins (Eupatagus sp., Scutella sp. …).
Source - © 2013 Damien Mollex, lithothèque ENS de Lyon |
En plus de petits fragments de bivalves et d'oursins, certains bancs contiennent de très grosses « huîtres », ainsi que des galets, comme le signale la notice de la carte BRGM. Des épisodes de forte énergie existaient donc parfois dans cette mer oligocène.
Et n'oublions pas qu'il y a un site touristique sans doute encore plus visité que le rocher de la Vierge, et beaucoup plus célèbre, qui abonde en nummulites : la pyramide de Khéops !