Image de la semaine | 30/01/2012
Altération, érosion en boule et chaos granitiques : Devils Marbles Conservation Reserve, Australie
30/01/2012
Résumé
Granites et érosion : formation des chaos, exemples australiens et malgaches.
Ces chaos granitiques sont situés au sein d'un granite protérozoïque inférieur (1 710 ±10 Ma, aĝe U/Pb), intrusif dans les sédiments du groupe dit « Ooradidgee » et dans les grès dits « Unimbra ». Cette petite intrusion granitique (3 km de diamètre) a la particularité d'être parfaitement repérable sur les images Google Earth. La haute résolution de ces images Google Earth permet de parfaitement distinguer la limite granite-encaissant, et même de bien voir les chaos granitiques au sein de l'intrusion.
D'autres chaos du même massif montrent, qu'en plus des boules quasi en place comme on en voit dans les images ci-dessus, d'autres boules se sont déplacées et ne sont plus jointives avec leur voisines, là où elles ont pris naissance. Ces boules sont parfois en équilibre instable, ou en porte-à-faux. Elles ont pu alors se déplacer, perdre des points d'appui, chuter... ce qui a pu occasionner leur cassure. Les figures suivantes montrent un autre chaos du même secteur, avec des blocs en équilibre instable, en porte-à-faux, voire brisées.
Ces chaos granitiques sont constitués de « boules » de granite très peu altéré. Quand il pleut, l'eau ruisselle sur ces boules, sèche dès la fin des précipitations et n'altère que très peu la roche des chaos. Par contre, le sol et le sous sol situés à la base des chaos restent longtemps imbibés de l'eau de ces précipitations. Cette eau du sol et du sous-sol, rendue plus acide par le CO2 issus de la respiration des organismes du sol et par les acides humiques produit par la décomposition incomplète de la matière organique du sol, altère efficacement la roche du sous-sol. Or, les granites sont très souvent parcourus de diaclases. L'altération du granite et sa transformation en « arène granitique » (mélange d'argiles néoformées et de minéraux hérités comme des quartz et des feldspath) se fait donc dans les premiers décimètres ou mètres superficiels du sol, et plus en profondeur le long des diaclases permettant la circulation des eaux souterraines. L'altération le long des diaclases « épargne » les volumes situés entre elles, ce qui produit des « blocs » de granite sain entourés d'arène et de granite altéré, blocs de morphologie anguleuse dans la partie inférieure du profil, de morphologie de plus en plus ovoïde ou sphérique dans la partie supérieure. Des tranchées naturelles (érosion rapide par ruissellement pendant un orage) ou artificielles (carrière, route …) permettent de voir in situ cette arénisation en cours (voir par exemple altération des roches silicatées et tectonique et altération en boules).
Le schéma ci-dessous montre la formation théorique de telles boules dans le sol. Les 3 photographies suivantes montrent de telles boules in situ dans un sol de Madagascar, au climat assez voisin de celui de l'Australie du Nord, boules partiellement dégagées par une rapide érosion actuelle.