Image de la semaine | 26/09/2011
Retrait glaciaire et oxydation de la pyrite, Carbonifère du lac des Quirlies, massif des Grandes Rousses, Isère
26/09/2011
Résumé
Oxydation de sulfures mis à nu suite au retrait d'un glacier.
À l'Est du lac des Quirlies, Massif des Grandes Rousses (Isère), le sous-sol est constitué de conglomérats carbonifères. Un volcanisme et une tectonique synsédimentaires ont eu lieu régionalement pendant le dépôt de ces conglomérats, qui sont localement imprégnés par de la pyrite (FeS2), de la pyrrhotite (FeS) ou d'autres sulfures d'origine hydrothermale. C'est l'oxydation de ces sulfures par l'O2 atmosphérique dissout dans les eaux de pluie ou de fonte des neiges, ainsi que par des bactéries ferroxydantes, qui est à l'origine de ces traînées d'oxydes ferriques.
4 FeS2 + 15 O2 + 14 H2O --> 4 Fe(OH)3 + 8 H2SO4
Ces traînées dues à l'écoulement des eaux de pluie ou de fonte des neiges débutent là où des zones pyriteuses, souvent de petite taille, voire quasi « ponctuelles » affleurent à la surface de la roche.
Le secteur du lac des Quirlies permet d'estimer la vitesse d'oxydation des sulfures et de « fabrication » de ces traînées d'oxydes ferriques : moins de 150 ans. En effet, ce secteur à l'Est du lac des Quirlies était recouvert par le glacier du même nom pendant le Petit Âge Glaciaire (du 16ème au 19ème siècle). Le poli et les stries glaciaires des figures 1 à 5 datent de cette époque, et c'est cette abrasion récente qui a amené la pyrite à la surface. Jusque vers 1860, cette pyrite était quasiment « à l'abri » de l'oxydation dans la roche puis sous la glace ; la basse température ne favorisait pas les réactions chimiques ni les développements bactériens, et les éventuelles traînées d'oxydes ne pouvaient se constituer à cause de l'abrasion de la glace. Ces traînées d'oxydes n'ont pu commencer à se constituer qu'après le retrait glaciaire, depuis la fin du Petit Âge Glaciaire vers 1860.