Image de la semaine | 29/09/2008
Glaciers : crevasses et séracs
29/09/2008
Résumé
Chutes de séracs au front de glaciers, exemple de la côte du Groenland, de la Vallée Blanche (Mont Blanc) et du Briksdalen (Norvège).
Quand un glacier arrive sur une rupture de pente, la quantité de crevasse superficielles augmente, et l'on obtient des séracs. Dans ce cas, le mouvement du glacier se fait plus par fracturation et chute de blocs que par simple fluage. Les séracs découpent le glaciers en blocs, qui avancent inexorablement et finissent par tomber sous forme d'avalanches. Ces avalanches de séracs sont indépendantes de la météo, et tout à fait imprévisibles. Cette « imprévisibilité » en fait une des causes principales des accidents de montagne affectant les montagnards expérimentés, comme pour les 8 morts du 20 août 2008 dans le Massif du Mont Blanc. À défaut d'une avalanche de séracs photographiée en train d'avoir lieu, nous vous présentons quelques exemples de ruptures de pente occasionnant des séracs qui vont certainement donner lieu à une avalanche dans les jours ou mois suivants : deux exemples de glaciers groenlandais se jetant dans la mer (images 1 à 5), des séracs de la Vallée Blanche (Chamonix, 74 - image 6 et 7), et le cas d'un glacier norvégien (le glacier Briksdalen) se jetant dans un lac (image 8).
Il est très difficile au commun des mortels d'aller voir « sur place » (autrement que par le hublot d'un avion) une « cascade » de séracs arrivant dans la mer sur la côte orientale du Groenland. D'autre part, la majorité des amateurs de nature n'a pas forcément l'occasion de faire un trajet Paris-Los Angeles (en plus par beau temps). Dans les avions de ligne, il est difficile de demander au pilote de faire du rase-motte au dessus des séracs ; et ces avions n'étant pas des hydravions, se poser au pieds des glaciers se jetant dans la mer par l'intermédiaire d'une cascade de séracs n'est pas une pratique courante.
Par contre, prendre la télécabine de la Vallée Blanche à Chamonix peut permettre à tout un chacun de « survoler » de tels séracs. Et un voyage en Norvège permet, en restant en Europe, d'accéder sans problème puis d'admirer une « cascade » de séracs arrivant dans l'eau comme au Groenland, en tout petit il est vrai, la mer étant remplacée par un lac. Il s'agit du glacier de Briksdalen, petite langue glaciaire issue de la calotte du Jostedalsbreen.
Source - © 2007 Fiona sur picasaweb |
En naviguant sur le web, on peut donc comparer une photographie de jeunesse montrant l'état du glacier Briksdalen en 1973 avec son état en 2006 (33 plus tard). On voit que le glacier n'a pas décru contrairement à la majorité des glaciers mondiaux, mais qu'au contraire son front à légèrement avancé. Les glaciers de Norvège sont en effet parmi les rares glaciers du monde à ne pas reculer. Le volume et la dimension d'un glacier résultent d'un équilibre entre les chutes de neige hivernales et la fonte estivale. Dans la plupart des régions, le réchauffement climatique entraîne un recul des glaciers. Sur la très humide et très septentrionale côte norvégienne, la hausse des températures moyennes entraîne une forte hausse des précipitations neigeuses d'hiver (il neige plus quand il fait –10°C que –20°C). Et l'effet de cette augmentation des précipitations d'hiver fait plus que compenser l'augmentation de la température d'été et de la fonte associée. Mieux alimentés en neige hivernale, de nombreux glaciers norvégiens ne diminuent pas, voire augmentent légèrement de dimensions, malgré la hausse des températures estivales.