Image de la semaine | 29/09/2025

La Tarta del Teide (le Gâteau du Teide) et ses environs, ile de Tenerife, Canaries (Espagne)

29/09/2025

Auteur(s) / Autrice(s) :

  • Pierre Thomas
    Laboratoire de Géologie de Lyon / ENS de Lyon

Publié par :

  • Olivier Dequincey
    ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Un gâteau de pyroclastites basaltiques sombres avec une couche phonolitique blanche, un cône de scories basaltiques très “récent” et quelques dykes parfois prismés.


La Tarta del Teide, niveau de pyroclastites claires acides, des phonolites, provenant d'éruptions pliniennes issues du Teide (ou du volcan Las Canadas), distant d'une quinzaine de kilomètres, interstratifié dans des pyroclastites sombres, Tenerife (Canaries)
Figure 1. La Tarta del Teide, niveau de pyroclastites claires acides, des phonolites, provenant d'éruptions pliniennes issues du Teide (ou du volcan Las Canadas), distant d'une quinzaine de kilomètres, interstratifié dans des pyroclastites sombres, Tenerife (Canaries) — ouvrir l’image en grand

Ce niveau phonolitique est interstratifié dans des projections volcaniques sombres, très vraisemblablement basaltiques, issues de la chaine de volcans connue sous le nom de « rift », au sens de déchirure ou de crevasse, et non pas d'un graben à l'axe d'une dorsale (voir figure 4). Cet affleurement est appelé la « Tarta del Teide » (le « Gâteau du Teide »). Des parkings permettent aux touristes de s'y arrêter pour admirer cet affleurement (en Espagne, les affleurements géologiquement intéressants sont, contrairement à la France, très majoritairement signalés et accompagnés de panneaux explicatifs) et aussi le panorama sur le Teide (voir figure 16).

Localisation par fichier kmz de la Tarta del Teide et autres sites de Tenerife (Canaries) évoqués dans cet article.

Carte géologique simplifiée de l'ile de Tenerife (archipel des Canaries)
Figure 4. Carte géologique simplifiée de l'ile de Tenerife (archipel des Canaries) — ouvrir l’image en grand

L'astérisque blanc localise la Tarta del Teide, quasiment sur la crête de la chaine de volcans basaltiques orienté SO-NE, connue sous le nom de “rift” (au sens de déchirure ou de crevasse, et non pas d'un graben à l'axe d'une dorsale) et active de −3 Ma à l’actuel (la dernière éruption qui a eu lieu à 2,7 km de là, date de 1909, voir figures 20 à 22). Un résumé de la géologie de l'ile est disponible dans l'article de la semaine dernière,Le Teide, ses coulées et ses cônes remplissant la caldeira de Las Canadas, ile de Tenerife, archipel des Canaries (Espagne).

Les images Google Earth Street View permettent de voir des détails de cet affleurement, dont une petite faille qui m'avait échappé en 2004.

À 1500 m au Nord-Est de la Tarta del Teide, la route passe au Mirador de la Crucita d'où l'on a un point de vue sur le versant Est de l'ile et sur le cône basaltique résultant de la plus récente éruption de Tenerife (1909), la Montana de Las Arenitas.

Localisation de l'ile de Tenerife (punaise jaune) dans l'archipel espagnol des Canaries
Figure 25. Localisation de l'ile de Tenerife (punaise jaune) dans l'archipel espagnol des Canaries — ouvrir l’image en grand

En octobre 2004, j'ai participé à un “voyage astronomique” (avion + bus) organisé par l'Association Française d'Astronomie (AFA) aux iles Canaries, voyage dont le but principal était la visite des nombreux observatoires installés sur ces iles, principalement sur les iles de Tenerife et de La Palma. Ces observatoires y ont été installés du fait des excellentes conditions atmosphériques qui y règnent (faible nébulosité au-dessus de 2000 m, faible turbulence de l'atmosphère…), conditions qui rappellent les conditions régnant à Hawaii où sont d'ailleurs installés d'autres grands observatoires astronomiques. Mais le tourisme non astronomique n'était pas absent de ce voyage. On a traversé et on s'est arrêté assez souvent (bien que pas assez à mon goût) admirer de somptueux paysages volcaniques, même s'il n'y a quasiment pas eu d'arrêts strictement “géologiques” permettant soit des échantillonnages soit d'étudier / photographier des structures particulières. L'article de cette semaine, comme cinq autres à venir, correspond à un aspect de cette visite “touristico-géologique” des iles de Tenerife et de la Palma, avec des images provenant du scan de vieilles diapositives argentiques, moins nombreuses que ce que j'aurais fait quelques années plus tard quand j'ai acquis mon premier appareil numérique. J'ai complété ces scans de diapos personnelles prises sur le terrain ou par la fenêtre du bus avec ce qu'on trouve en 2025 sur Google Earth Street View, où le véhicule scannant les bords de routes ainsi que le public y déposant ses photographies ont fait de la géologie, souvent sans le savoir. Après un premier article consacré à la caldeira Las Canadas, et celui-ci à la Tarta del Teide, un troisième décrira d'autres aspects de Tenerife, puis trois autres seront consacrés à l'ile de la Palma.