Image de la semaine | 29/09/2025
La “Tarta del Teide” (le Gâteau du Teide) et ses environs, ile de Tenerife, Canaries (Espagne)
29/09/2025
Auteur(s) / Autrice(s) :
Publié par :
- Olivier DequinceyENS de Lyon / DGESCO
Résumé
Un gâteau de pyroclastites basaltiques sombres avec une couche phonolitique blanche, un cône de scories basaltiques très “récent” et quelques dykes parfois prismés.

Source - © 2004 — Pierre Thomas
Ce niveau phonolitique est interstratifié dans des projections volcaniques sombres, très vraisemblablement basaltiques, issues de la chaine de volcans connue sous le nom de « rift », au sens de déchirure ou de crevasse, et non pas d'un graben à l'axe d'une dorsale (voir figure 4). Cet affleurement est appelé la « Tarta del Teide » (le « Gâteau du Teide »). Des parkings permettent aux touristes de s'y arrêter pour admirer cet affleurement (en Espagne, les affleurements géologiquement intéressants sont, contrairement à la France, très majoritairement signalés et accompagnés de panneaux explicatifs) et aussi le panorama sur le Teide (voir figure 16).
Localisation par fichier kmz de la Tarta del Teide et autres sites de Tenerife (Canaries) évoqués dans cet article.
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas On peut noter que les transitions supérieure et inférieure basalte/phonolite ne se font pas en une seule fois. On peut proposer que la retombée locale du panache plinien acide a eu lieu pendant que des éruptions basaltiques “stromboliennes” avaient lieu dans ce secteur du “rift” Nord-Ouest, d'où un mélange acide/basique avant et après le paroxysme plinien qui a déposé localement les 2 m de pyroclastites phonolitiques pures. |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas On peut noter que les transitions supérieure et inférieure basalte/phonolite ne se font pas en une seule fois. On peut proposer que la retombée locale du panache plinien acide a eu lieu pendant que des éruptions basaltiques “stromboliennes” avaient lieu dans ce secteur du “rift” Nord-Ouest, d'où un mélange acide/basique avant et après le paroxysme plinien qui a déposé localement les 2 m de pyroclastites phonolitiques pures. |

Source - © 2022 — N. Marrero-Rodríguez et J. Dóniz-Páez
L'astérisque blanc localise la Tarta del Teide, quasiment sur la crête de la chaine de volcans basaltiques orienté SO-NE, connue sous le nom de “rift” (au sens de déchirure ou de crevasse, et non pas d'un graben à l'axe d'une dorsale) et active de −3 Ma à l’actuel (la dernière éruption qui a eu lieu à 2,7 km de là, date de 1909, voir figures 20 à 22). Un résumé de la géologie de l'ile est disponible dans l'article de la semaine dernière,Le Teide, ses coulées et ses cônes remplissant la caldeira de Las Canadas, ile de Tenerife, archipel des Canaries (Espagne).
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View Au fond à gauche, le Teide, d'où proviennent probablement les pyroclastites acides formant le niveau blanc que traverse la route. |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas La disposition “stratigraphique” est la même que de l'autre côté de la route. |
Les images Google Earth Street View permettent de voir des détails de cet affleurement, dont une petite faille qui m'avait échappé en 2004.
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View | |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View |
![]() Source - © 2025 — D’après Google Earth Le site est situé sur une crête orientée Sud-Ouest-Nord-Est, alignement de volcans essentiellement basaltiques formant ce qui est appelé localement le “rift”. La part encore visible de la caldeira de Las Canadas est figurée en rouge, et le Teide est localisé par un T. |
![]() Source - © 2025 — D’après Google Earth Le site est situé sur une crête orientée Sud-Ouest-Nord-Est, alignement de volcans essentiellement basaltiques formant ce qui est appelé localement le “rift”. La part encore visible de la caldeira de Las Canadas est figurée en rouge, et le Teide est localisé par un T. |
![]() Source - © 2025 — D’après Google Earth Le “gros” de la montagne a des couleurs allant du rougeâtre au noir, couleurs caractéristiques des scories basaltiques (ou des basaltes massifs) plus ou moins altérés. À gauche en contrebas des virages de la route passant au niveau de la Tarta del Teide, une zone plus claire correspond sans doute à la couche phonolitique des figures 1 à 11 localement mise à l'affleurement par l'érosion des couches de scories basaltiques sus-jacentes. La figure suivante montre un détail de cette zone claire. Le pendage de cette zone correspond au pendage de la couche claire des figures 1 à 11 tel qu'on peut le déterminer d'après les photos, pendage parallèle à la topographie locale comme cela se voit sur les figures 6, 7 et 9. Les punaises rouge et verte correspondent aux sites où ont été prises les photos 16 et 17 d'une part, 19 et 20 d'autre part. |
![]() Source - © 2025 — D’après Google Earth Le flanc du ravin sous la route (à droite de la photo) est traversé par au moins deux dykes. La punaise rouge localise le parking où s'est garé le bus de notre excursion. Les deux photos suivantes ont été prises depuis ce parking. |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas Au fond, le Teide (3718 m). La mer de nuages présente en dessous de 1600 m en cet après-midi d'octobre montre la stabilité de l'atmosphère, une des raisons de l'installation des observatoires à moins de 4 km de là (cf. fig. 1 de l'article Le Teide, ses coulées et ses cônes remplissant la caldeira de Las Canadas, ile de Tenerife, archipel des Canaries (Espagne)). Sur le flanc opposé de la petite vallée d'où est prise la photo, on voit très bien deux dykes dont l'un est détaillé sur la photo suivante. |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas Ce dyke recoupe ce qui semble être des niveaux de cendres basaltiques, comme celles affleurant sur et sous le niveau phonolitique des figures 1 à 11. Ce dyke doit être représentatif des “conduits” ayant alimenté les édifices constituant le rift Nord-Est. |
À 1500 m au Nord-Est de la Tarta del Teide, la route passe au Mirador de la Crucita d'où l'on a un point de vue sur le versant Est de l'ile et sur le cône basaltique résultant de la plus récente éruption de Tenerife (1909), la Montana de Las Arenitas.
![]() Source - © 2025 — D’après Google Earth La Montana de las Arenitas est indiquée par le chiffre 1909, date de son éruption. La punaise jaune localise la Tarta del Teide ; la punaise orange localise le complexe astronomique. | |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas Il s'agit d'un cône de scories basaltiques dont l'éruption date de 1909, la dernière éruption de Tenerife. La végétation n'a pas colonisé ce cône pendant les 95 ans qui ont suivi. |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas Il s'agit d'un cône de scories basaltiques dont l'éruption date de 1909, la dernière éruption de Tenerife. La végétation n'a pas colonisé ce cône pendant les 95 ans qui ont suivi. |
![]() Source - © 2025 — D’après Google Earth La punaise verte localise le Mirador de la Crucita. Les trois images suivantes (Google Earth Steet View) ont été prises sur le bord de la route que l'on devine à droite du “mirador”, à respectivement 250 m (figure 22) et 50 m (figures 23 et 24). | |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View Les images Google Earth Street View ne permettent pas de déterminer la direction de ces dykes. S'il fallait donner une valeur, je dirais entre N0° et N45°, sans garantie. | |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View Ce dyke est approximativement parallèle à la route, qui à cet endroit a une direction N 35° à 40°, la direction du rift du Nord-Est de l'ile. Ce n'est sans doute pas une coïncidence. |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View Ce détail montre une prismation interne au dyke, prismation horizontale perpendiculaire aux épontes du dyke (c'est-à-dire aux surfaces de refroidissement), comme c'est le cas “normal” pour les dykes (cf., par exemple, La prismation interne des dykes : exemple des dykes de l'île de Sao Vincente, Cap Vert). |

Source - © 2025 — D’après Google Earth
En octobre 2004, j'ai participé à un “voyage astronomique” (avion + bus) organisé par l'Association Française d'Astronomie (AFA) aux iles Canaries, voyage dont le but principal était la visite des nombreux observatoires installés sur ces iles, principalement sur les iles de Tenerife et de La Palma. Ces observatoires y ont été installés du fait des excellentes conditions atmosphériques qui y règnent (faible nébulosité au-dessus de 2000 m, faible turbulence de l'atmosphère…), conditions qui rappellent les conditions régnant à Hawaii où sont d'ailleurs installés d'autres grands observatoires astronomiques. Mais le tourisme non astronomique n'était pas absent de ce voyage. On a traversé et on s'est arrêté assez souvent (bien que pas assez à mon goût) admirer de somptueux paysages volcaniques, même s'il n'y a quasiment pas eu d'arrêts strictement “géologiques” permettant soit des échantillonnages soit d'étudier / photographier des structures particulières. L'article de cette semaine, comme cinq autres à venir, correspond à un aspect de cette visite “touristico-géologique” des iles de Tenerife et de la Palma, avec des images provenant du scan de vieilles diapositives argentiques, moins nombreuses que ce que j'aurais fait quelques années plus tard quand j'ai acquis mon premier appareil numérique. J'ai complété ces scans de diapos personnelles prises sur le terrain ou par la fenêtre du bus avec ce qu'on trouve en 2025 sur Google Earth Street View, où le véhicule scannant les bords de routes ainsi que le public y déposant ses photographies ont fait de la géologie, souvent sans le savoir. Après un premier article consacré à la caldeira Las Canadas, et celui-ci à la Tarta del Teide, un troisième décrira d'autres aspects de Tenerife, puis trois autres seront consacrés à l'ile de la Palma.






















