Image de la semaine | 06/10/2025
Les dykes du massif de Teno et de la caldeira de Las Canadas, ile de Tenerife, archipel des Canaries, Espagne
06/10/2025
Auteur(s) / Autrice(s) :
Publié par :
- Olivier DequinceyENS de Lyon / DGESCO
Résumé
Aperçu de dykes recoupant des falaises volcano-sédimentaires, formant des murs isolés dans des vallées et montrant parfois une prismation.

Source - © 2004 — Pierre Thomas
La falaise du premier plan, située à 2 500 m au Nord de la ville de Los Gigantes, est haute de 360 m et montre des alternances plus ou moins horizontales de roches massives résistantes à l'érosion / roches moins résistantes. Il est difficile, vu la distance, de connaitre la nature de ces alternances : différents niveaux de la structures internes de coulées de lave (cf, figure 2 de Sill et coulée dans le Parc National de Yellowstone, USA), alternances avec des niveaux pyroclastiques, eux-mêmes pouvant être des bases et/ou des surface de coulées, ou bien des niveaux de projections aériennes plus ou moins consolidées… Cette alternance, quelle qu'en soit l'origine, est recoupée par de superbes dykes, que l'on peut suivre sur plus de 300 m de développement vertical.
Localisation par fichier kmz des sites de cet article présentant des dykes du massif de Teno et de la caldeira de Las Canadas sur l’ile de Tenerife (Canaries).
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas |
Si on néglige les multiples petits volcans basaltiques formant trois alignements en forme de Y (les “rifts”, voir la semaine dernière, La “Tarta del Teide” (le Gâteau du Teide) et ses environs, ile de Tenerife, Canaries (Espagne)), l'ile de Tenerife est constituée de trois “générations” de stratovolcans :
- d'anciens stratovolcans (âges compris entre environ −12 et −4 Ma) dont les restes affleurent au Nord-Est et au Nord-Ouest ;
- par-dessus lesquels s'est installé (entre environ −4 Ma et −0,2 Ma) un vaste complexe volcanique lui aussi sous forme d'un stratovolcan, le volcan de Las Canadas ;
- il y a 170 à 200 ka, le volcan de Las Canadas s'effondre avec formation de la caldeira éponyme. Depuis 170 ka, deux nouveaux stratovolcans (encore actifs) se sont installés dans la caldeira (le Teide à l'Est et le Pico Viejo à l'Ouest-Sud-Ouest (cf. Le Teide, ses coulées et ses cônes remplissant la caldeira de Las Canadas, ile de Tenerife, archipel des Canaries (Espagne)).
Cette semaine, nous vous montrons des dykes associés aux deux premiers épisodes.

Source - © 2022 — D'après N. Marrero-Rodríguez et J. Dóniz-Páez, modifié
Cette semaine, nous vous montrons (1) des dykes recoupant le massif de Teno, ancien stratovolcan disséqué par l'érosion (rectangle rouge, photos 1 à 22), et (2) des dykes recoupant le volcan de Las Canadas et visibles dans le mur de la caldeira (les deux rectangles bleus, photos 24 à 27).
En plus des 3 photographies personnelles prises en 2004 depuis la ville de Los Gigantes (figures 1 à 3), Google Earth Street View permet de visiter quasiment en continu les 5 km de falaises situées au Nord de la ville (figures 5 à 9) ainsi que la pointe Nord-Ouest des falaises à 13 km de Los Gigantes (figures 10 à 12). Toutes montrent la relative complexité de l'ancien massif volcanique de Teno.
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View Les montagnes au centre de l'image dominent la mer d'environ 600 m. | |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View Certains niveaux (orangés ou rougeâtres) sont très vraisemblablement des pyroclastites. On devine, en particulier au centre inférieur de l'image, des discordances angulaires, sans doutes dues à des phases d'érosions ou de glissement de terrain créant des surfaces inclinées recoupant les couches sous-jacentes, surface sur lesquelles reposent des niveaux volcaniques déposés parallèlement à ces surfaces. |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View | |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View |
![]() Source - © 2025 — Google Earth Street View |
Après 11 vues de la côte du massif de Teno, nous allons pénétrer dans l'intérieur de ce massif profondément érodé par des ravins (des “barrancos” en espagnol), ravins qui révèleront des aspects de l'« anatomie interne » de ce complexe volcanique de Teno, aspects complémentaires de ceux vus depuis la côte.

Source - © 2025 — D’après Google Earth
La punaise jaune localise la zone des photos 1 à 3, la punaise bleue les photos 10 à 12. La punaise verte localise le Mirador Altos de Baracan d'où ont été prises les photos suivantes (15 à 22). Tout à droite, on voit le massif du Teide.
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas Un magnifique dyke particulièrement dégagé par l'érosion “recoupe” le ravin. |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas La photo est prise exactement dans le prolongement du dyke. | |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas Sur la photo du bas, les deux rectangles au-dessus à droite (au Nord-Ouest) du dyke des photos précédentes localisent les zooms des photos 20 à 22, qui permettent de bien analyser la structure interne du massif de Teno. |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas Le grand nombre des dykes recoupant la montagne est particulièrement impressionnant. La nature et la géométrie des terrains recoupés par ces dykes est par contre assez peu claire dans ce secteur. |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas On retrouve des dykes dans le quart inférieur gauche de l'image. Tout le haut de la montagne est constitué d'un empilement de “couches” comme on en voyait sur les falaises côtières. Sur les falaises côtières, il était difficile de savoir si ces couches correspondaient à des coulées (ou des sills) de lave massive, ou à des niveaux pyroclastiques indurés. La photo suivante qui montre un détail de la partie centrale de cette photo permet de trancher, au moins pour certaines de ces “couches” horizontales en faveur de coulées de lave. |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas On voit nettement, au centre de l'image ainsi qu'en haut et à droite, que les niveaux résistants formant des petites falaises montrent une prismation très nette, avec des prismes verticaux. Ce sont donc très vraisemblablement des niveaux de lave massive (coulées, ou éventuellement sills) et non pas des projections pyroclastiques indurées. On peut noter que le dyke visible en bas à gauche de cette photo montre une prismation horizontale comme c'est classique dans les dykes (cf. figure 23 et 24 de la semaine dernière, La “Tarta del Teide” (le Gâteau du Teide) et ses environs, ile de Tenerife, Canaries (Espagne)). |
Après les dykes du massif de Teno (et ceux de la zone de “rift” vus la semaine dernière, La “Tarta del Teide” (le Gâteau du Teide) et ses environs, ile de Tenerife, Canaries (Espagne)), nous terminerons ce “tour des dykes de Tenerife” par ceux visibles dans le rempart de la caldeira de Las Canadas.

Source - © 2025 — D’après Google Earth
2025 D'après Google Earth
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas La flèche noire localise le dyke zoomé sur la figure suivante. |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas |
![]() Source - © 2004 — Pierre Thomas |

Source - © 2025 — D’après Google Earth
En octobre 2004, j'ai participé à un “voyage astronomique” (avion + bus) organisé par l'Association Française d'Astronomie (AFA) aux iles Canaries, voyage dont le but principal était la visite des nombreux observatoires installés sur ces iles, principalement sur les iles de Tenerife et de La Palma. Ces observatoires y ont été installés du fait des excellentes conditions atmosphériques qui y règnent (faible nébulosité au-dessus de 2000 m, faible turbulence de l'atmosphère…), conditions qui rappellent les conditions régnant à Hawaii où sont d'ailleurs installés d'autres grands observatoires astronomiques. Mais le tourisme non astronomique n'était pas absent de ce voyage. On a traversé et on s'est arrêté assez souvent (bien que pas assez à mon goût) admirer de somptueux paysages volcaniques, même s'il n'y a quasiment pas eu d'arrêts strictement “géologiques” permettant soit des échantillonnages soit d'étudier / photographier des structures particulières. L'article de cette semaine correspond à un aspect de cette visite “touristico-géologique” des iles de Tenerife et de la Palma, avec des images provenant du scan de vieilles diapositives argentiques, moins nombreuses que ce que j'aurais fait quelques années plus tard quand j'ai acquis mon premier appareil numérique. J'ai complété ces scans de diapos personnelles prises sur le terrain ou par la fenêtre du bus avec ce qu'on trouve en 2025 sur Google Earth Street View, où le véhicule scannant les bords de routes ainsi que le public y déposant ses photographies ont fait de la géologie, souvent sans le savoir. Après un premier article consacré à la caldeira Las Canadas, un second à la Tarta del Teide, celui-ci s’intéresse aux dykes, puis trois autres seront consacrés à l'ile de la Palma.























