Image de la semaine | 06/10/2025

Les dykes du massif de Teno et de la caldeira de Las Canadas, ile de Tenerife, archipel des Canaries, Espagne

06/10/2025

Auteur(s) / Autrice(s) :

  • Pierre Thomas
    Laboratoire de Géologie de Lyon / ENS de Lyon

Publié par :

  • Olivier Dequincey
    ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Aperçu de dykes recoupant des falaises volcano-sédimentaires, formant des murs isolés dans des vallées et montrant parfois une prismation.


Gros plan sur les Acantilados de Los Gigantes (Falaises des Géants), falaises recoupées de superbes dykes, ile de Tenerife (Canaries)
Figure 1.

La falaise du premier plan, située à 2 500 m au Nord de la ville de Los Gigantes, est haute de 360 m et montre des alternances plus ou moins horizontales de roches massives résistantes à l'érosion / roches moins résistantes. Il est difficile, vu la distance, de connaitre la nature de ces alternances : différents niveaux de la structures internes de coulées de lave (cf, figure 2 de Sill et coulée dans le Parc National de Yellowstone, USA), alternances avec des niveaux pyroclastiques, eux-mêmes pouvant être des bases et/ou des surface de coulées, ou bien des niveaux de projections aériennes plus ou moins consolidées… Cette alternance, quelle qu'en soit l'origine, est recoupée par de superbes dykes, que l'on peut suivre sur plus de 300 m de développement vertical.

Localisation par fichier kmz des sites de cet article présentant des dykes du massif de Teno et de la caldeira de Las Canadas sur l’ile de Tenerife (Canaries).

Si on néglige les multiples petits volcans basaltiques formant trois alignements en forme de Y (les “rifts”, voir la semaine dernière, La “Tarta del Teide” (le Gâteau du Teide) et ses environs, ile de Tenerife, Canaries (Espagne)), l'ile de Tenerife est constituée de trois “générations” de stratovolcans :

  1. d'anciens stratovolcans (âges compris entre environ −12 et −4 Ma) dont les restes affleurent au Nord-Est et au Nord-Ouest ;
  2. par-dessus lesquels s'est installé (entre environ −4 Ma et −0,2 Ma) un vaste complexe volcanique lui aussi sous forme d'un stratovolcan, le volcan de Las Canadas ;
  3. il y a 170 à 200 ka, le volcan de Las Canadas s'effondre avec formation de la caldeira éponyme. Depuis 170 ka, deux nouveaux stratovolcans (encore actifs) se sont installés dans la caldeira (le Teide à l'Est et le Pico Viejo à l'Ouest-Sud-Ouest (cf. Le Teide, ses coulées et ses cônes remplissant la caldeira de Las Canadas, ile de Tenerife, archipel des Canaries (Espagne)).

Cette semaine, nous vous montrons des dykes associés aux deux premiers épisodes.

Carte géologique simplifiée de Tenerife (Canaries)
Figure 4.

Cette semaine, nous vous montrons (1) des dykes recoupant le massif de Teno, ancien stratovolcan disséqué par l'érosion (rectangle rouge, photos 1 à 22), et (2) des dykes recoupant le volcan de Las Canadas et visibles dans le mur de la caldeira (les deux rectangles bleus, photos 24 à 27).

En plus des 3 photographies personnelles prises en 2004 depuis la ville de Los Gigantes (figures 1 à 3), Google Earth Street View permet de visiter quasiment en continu les 5 km de falaises situées au Nord de la ville (figures 5 à 9) ainsi que la pointe Nord-Ouest des falaises à 13 km de Los Gigantes (figures 10 à 12). Toutes montrent la relative complexité de l'ancien massif volcanique de Teno.

Après 11 vues de la côte du massif de Teno, nous allons pénétrer dans l'intérieur de ce massif profondément érodé par des ravins (des “barrancos” en espagnol), ravins qui révèleront des aspects de l'« anatomie interne » de ce complexe volcanique de Teno, aspects complémentaires de ceux vus depuis la côte.

Vue aérienne de la région du massif de Teno, Tenerife (Canaries)
Figure 13.

La punaise jaune localise la zone des photos 1 à 3, la punaise bleue les photos 10 à 12. La punaise verte localise le Mirador Altos de Baracan d'où ont été prises les photos suivantes (15 à 22). Tout à droite, on voit le massif du Teide.

Après les dykes du massif de Teno (et ceux de la zone de “rift” vus la semaine dernière, La “Tarta del Teide” (le Gâteau du Teide) et ses environs, ile de Tenerife, Canaries (Espagne)), nous terminerons ce “tour des dykes de Tenerife” par ceux visibles dans le rempart de la caldeira de Las Canadas.

Localisation des dykes du massif de Teno (punaises jaune, bleu et verte) et des deux systèmes de dykes des photos 24 à 27 sur le rempart de la caldeira de Las Canadas (punaises rouge et orange), Tenerife (Canaries)
Figure 23.

2025 D'après Google Earth

Localisation de l'ile de Tenerife (punaise jaune) dans l'archipel espagnol des Canaries
Figure 28.

En octobre 2004, j'ai participé à un “voyage astronomique” (avion + bus) organisé par l'Association Française d'Astronomie (AFA) aux iles Canaries, voyage dont le but principal était la visite des nombreux observatoires installés sur ces iles, principalement sur les iles de Tenerife et de La Palma. Ces observatoires y ont été installés du fait des excellentes conditions atmosphériques qui y règnent (faible nébulosité au-dessus de 2000 m, faible turbulence de l'atmosphère…), conditions qui rappellent les conditions régnant à Hawaii où sont d'ailleurs installés d'autres grands observatoires astronomiques. Mais le tourisme non astronomique n'était pas absent de ce voyage. On a traversé et on s'est arrêté assez souvent (bien que pas assez à mon goût) admirer de somptueux paysages volcaniques, même s'il n'y a quasiment pas eu d'arrêts strictement “géologiques” permettant soit des échantillonnages soit d'étudier / photographier des structures particulières. L'article de cette semaine correspond à un aspect de cette visite “touristico-géologique” des iles de Tenerife et de la Palma, avec des images provenant du scan de vieilles diapositives argentiques, moins nombreuses que ce que j'aurais fait quelques années plus tard quand j'ai acquis mon premier appareil numérique. J'ai complété ces scans de diapos personnelles prises sur le terrain ou par la fenêtre du bus avec ce qu'on trouve en 2025 sur Google Earth Street View, où le véhicule scannant les bords de routes ainsi que le public y déposant ses photographies ont fait de la géologie, souvent sans le savoir. Après un premier article consacré à la caldeira Las Canadas, un second à la Tarta del Teide, celui-ci s’intéresse aux dykes, puis trois autres seront consacrés à l'ile de la Palma.