Image de la semaine | 06/01/2025
La région volcanique de Tvashtar (Io, satellite de Jupiter) et ses éruptions de 2007 et 1999-2000
06/01/2025
Résumé
Observations d’éruptions à panache et coulées de lave incandescente sur Io, depuis la Terre et depuis plusieurs sondes spatiales.
En 1979, les sondes Voyager 1 et 2 ont découvert que Io, le satellite galiléen le plus proche de Jupiter, avait une activité volcanique exubérante. L'énergie permettant le volcanisme de ce “petit” corps (R = 1816 km) est fournie par les déformations dues aux importantes marées causées par la proximité du “gros” Jupiter et par l'ellipticité forcée de son orbite, cf. Le volcanisme dans le système solaire. Depuis cette date, Io a été survolé 7 fois par la mission Galileo (1995-2003), deux fois d'assez loin par les missions Cassini (2000) en route vers Saturne puis New Horizons (2007) en route vers Pluton, et, plus récemment, d'assez loin par la mission Juno (2017 à …) et de près par cette même mission en 2023 et 2024. La sonde New Horizons, en 2007, et la sonde Galileo (1993 à 2003) ont étudié des éruptions volcaniques “spectaculaires” au-dessus de la région volcanique de Tvashtar, également connue sous le nom de Tvashtar paterae de Tvashtar catena.
Nous allons voir quelques photographies (en lumière visible et en infrarouge) de l'éruption de 2007 observée par New Horizons et de celle de 1999-2000 observée par Galileo. Les images montrent deux types de manifestations de volcans en éruption : (1) les panaches éruptifs sont constitués majoritairement d'aérosols de particules solides de composés soufrés, dont du SO2 (le SO2 qui doit être le gaz majoritaire sortant du volcan à grande vitesse se solidifie à −90°C dans le vide spatial, et la température externe au-dessus de Io est inférieure à −150°C), et (2) des coulées de lave incandescente dont la température peut atteindre 1320°C. Les panaches, constitués d'aérosols de fines particules diffusent très bien la lumière et se voient bien mieux “vus de côté” (en particulier sur les bords de Io) que “vus de face”.
Sur Io, les centres éruptifs portent le nom de divinités et héros ayant un rapport avec feu et la foudre dans diverses mythologies. Tvashtar est la forme ancienne du Feu divin indo-iranien, qui a été reprise ultérieurement par l'hindouisme.
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Quatre à quatorze ans avant l'unique survol de Io par la sonde New Horizons en route pour Pluton, Io a été survolé “de près” sept fois par la sonde Galileo en orbite autour de Jupiter. Tvashtar a été étudié plusieurs fois et une importante éruption, ou plutôt deux phases éruptives successives voisines ont été étudiées, avec des données acquises avant, pendant et après les phases éruptives. Les photographies des éruptions ont été acquises en novembre 1999 et en février 2000. Nous vous montrons des données obtenues entre juillet 1999 et décembre 2001 par la mission Galileo.
Source - © 1999 / 2000 D’après NASA/JPL/University of Arizona / NASA / JPL / Ricardo Nunes, modifiés |
Source - © 1999 NASA/JPL/Lowell Observatory |
Source - © 2001 / 2000 D’après NASA/JPL/University of Arizona /NASA / JPL / Ricardo Nunes, modifiés |
Jupiter et ses satellites sont à environ 5 u.a. (1 unité astronomique = 1 u.a. = rayon de l'orbite de la Terre = 150 000 000 km). La lumière issue du Soleil et la luminosité sont donc 25 fois plus faibles que sur Terre (décroissance avec le carré de la distance). Les caméras de Galileo étaient “prévues” pour fonctionner dans un relatif “clair obscur”. Quand la sonde survolait une coulée de basalte (la température d'une coulée de basalte est voisine de 1050 à 1100°C), voire une coulée de lave ultra-basique (des températures de 1350°C ont été mesurées, suggérant que certaines coulées doivent avoir une composition de komatiite, cf. Les komatiites, des laves ultrabasiques archéennes, témoins d'une Terre interne très chaude), elle survolait des zones très lumineuses. En effet, à ces températures, les laves émettent beaucoup de lumière, dans des longueurs d'onde du rouge-orangé ; elles sont si lumineuses qu'elles saturent les diverses caméras de Galileo. Dans les images brutes, les coulées de lave incandescente saturent les capteurs et paraissent blanches. Les belles images de coulées, fontaines de lave… oranges et rouges publiées par la NASA sont dues à la “colorisation” (par des scientifiques de la NASA) des “taches blanches saturées”. Une fois refroidies, les coulées (ou lacs) de laves sont de couleur noire (comme les coulées terrestres, cf., par exemple, Géométrie des coulées de laves fluides : île de La Réunion et Chaîne des Puys), tant qu'elles ne sont pas recouvertes de composés soufrés (ou végétalisées dans le cas de la Terre).
Source - © 2000 / 1999 D’après NASA/JPL/University of Arizona / NASA/JPL/University of Arizona
Source - © 2001 NASA/JPL/University of Arizona |
Source - © 2001 NASA/JPL |
Pour terminer ce “reportage” sur le système volcanique de la région de Tvashtar, nous vous montrons deux images globales de Io resituant Tvashtar (sans manifestation éruptive visible) et surtout illustrant la petite taille relative de Io par rapport à Jupiter, et leur proximité, source des déformations internes à l'origine de la production d'énergie cause du volcanisme.
Source - © 1997 NASA/JPL/Ames Research Center |
Source - © 2000 NASA/JPL/University of Arizona |
Source - © 2006 Anasha555 / wikimedia