Image de la semaine | 30/04/2018
Le glissement de terrain du Pas de l'Ours, haute vallée du Guil, Aiguilles, Hautes Alpes : état le 19 avril 2018
30/04/2018
Résumé
Un glissement de terrain actif, équipé et surveillé dans une vallée alpine étroite.
En avril 2017, un glissement de terrain “lent”, déjà suivi par divers services officiels dont le service de Restauration des Terrains en Montagne (RTM), s'accélérait. Ce glissement avait lieu 1 km en amont du village d'Aiguilles, dans la vallée du Guil, cours d'eau qui traverse le Queyras (fichier .kmz glissement du Pas de l'Ours). Tout un pan de montagne, montagne entièrement constituée de schistes lustrés, glissait vers la vallée. Ce glissement lent concernait environ 9 millions de m3 de roche, qui avançait “lentement” (quelques cm/jour) vers le bas. Ce glissement lent, menaçant de devenir avalanches, éboulements ou coulées de boue, risquait de barrer brutalement la route D947 (la seule voie d'accès aux communes d'Abries et de Ristolas) et menaçait de barrer le cours du Guil. Il fut donc équipé de divers appareils d'enregistrement pour suivre son évolution (caméras de surveillance, balises GPS, radar, lidar, inclinomètres…). On pouvait craindre en effet que ce glissement occasionne un barrage sur le Guil, engendrant un lac temporaire dont la rupture aurait pu avoir de graves conséquences en aval. Des murs de protection furent construit le long de la route côté montagne, une déviation provisoire de la route fut établie sur la rive opposée pour le cas où. Le glissement ralentit et sembla se stabiliser durant l'été 2017.
L'hiver fut froid et particulièrement neigeux, et on craignait le retour des beaux jours. Avec le mois de mars 2018, le glissement se remis à glisser, jusqu'à 30 cm/jour. En plus du glissement lent, éboulements et coulées de boues affectèrent l'Est du secteur, et les débris s'accumulèrent derrière les murs de protection, faits de blocs de béton de 2,4 tonnes. Le 13 mars 2018, on ferma la D947 et le trafic (limité aux véhicules légers) fut dirigé vers la déviation provisoire. Les murs de protection cédèrent le 6 avril. Les murs de soutènement sur lesquels était bâtie la route départementale quelques mètres au-dessus du Guil se sont effondrés sur quelques dizaines de mètres dans la nuit du 7 au 8 avril 2018. Ce glissement n'est pas sans rappeler, en plus petit, celui de Séchilienne (cf. Les ruines de Séchilienne, un couloir d'éboulement actif sous surveillance).
Le 19 avril 2018 au matin, j'ai passé 1h30 à parcourir la route de secours doublant la D947 et à prendre des photographies du glissement vu d'en face (figures 1 à 20). J'ai parcouru la D947 sur quelques centaines de mètres en amont et en aval du glissement, là où les risques étaient manifestement très modérés (figure 21 à 32). Je ne suis allé ni dans la zone “source” du glissement dans les hauteurs de la montagne, ni sur la section de la route la plus affectée, secteurs où les risques cessaient d'être négligeables. Un ami, Michel Toupet, possesseur d'un drone, m'a donné quelques images aériennes prises ce même 19 avril. Les 32 images qui suivent correspondent donc à un reportage improvisé, à des commentaires à chaud, et à l'exploitation rapide de ce qu'on peut trouver sur le web dès le lendemain de ce reportage (figures 33 et 34). Nous mettons ce reportage en ligne dès ce 30 avril pour “coller à l'actualité” et nous reprendrons nos articles sur les pegmatites dès le 7 mai.
Ce glissement, en cours, n'a pas encore fait l'objet de nombreuses publications scientifiques. On peut trouver sur le web une publication de mai 2017 décrivant la situation au printemps 2017' The Pas de l’Ours landslide: an actively moving rockslide in the Queyras Valley of France .
Le site gouvernemental hautes-alpes.gouv.fr met en ligne deux vidéos commencées le 24 mars 2018 pour le film concernant le bas du glissement, le 27 pour celui concernant le haut. Ces films correspondent en fait à 1 image / jour, images passées en accéléré. Ils montrent la dynamique et l'évolution du phénomène. : vue_bas_aig_1 24 avril.mp4 et vue_haut_aig_1 24 avril.mp4.
Source - © 2018 hautes-alpes.gouv.fr
Source - © 2018 hautes-alpes.gouv.fr
On voit bien le “lent” glissement vers le bas, plus rapide en haut du glissement (1 m/jour) qu'en bas (30 cm/jour). On voit très bien la « progression en bloc » des arbres situés juste au-dessus de la route, la rupture du mur de protection, suivie de celle du mur de soutènement. Ces vidéos sont évolutives, et une image est théoriquement rajoutée chaque jour. Pour faire cette mise à jour, il suffit d'aller sur le site. Afin de visualiser les derniers mouvements de terrain, une fois sur la page glissement-du-pas-de-l-ours-queyras, appuyer sur les touches CTRL+F5 pour forcer la mise à jour du cache de votre navigateur en cas de besoin.
En attendant la mise en ligne d'images prises après le glissement, le Géoportail permet de découvrir des images prises quelques années avant le déclenchement du glissement de terrain du Pas de l'Ours.
Nous vous montrons un montage très “artisanal” de 4 images prises ces 20 dernières années montrant que le secteur était déjà instable. On voit en particulier des zones sans végétations (éboulis) s'agrandir durant ces 20 ans, preuve que la montagne « bougeait » déjà.