Image de la semaine | 18/11/2013
Les ruines de Séchilienne, un couloir d'éboulement actif sous surveillance
18/11/2013
Résumé
Aménagements liés à un risque d'éboulement dans une vallée alpine étroite.
Au Sud du massif de Belledonne, des fractures et des affaissements affectent les micaschistes du versant Sud du Mont Sec au lieu appelé les Ruines de Séchilienne.
L'aléa est bien connu et des éboulements mineurs ont régulièrement lieu. Le cône d’éboulis évolue d’année en année, et est bien surveillé. Des réflecteurs laser sont positionnés au niveau du décollement supérieur, la mesure régulière de leurs positions absolues et relatives permet un suivi des mouvements de ce flanc de montagne. On peut ainsi enregistrer "en routine" le très lent glissement vers le bas, et, éventuellement, noter une accélération de cette vitesse, annonciatrice d’un possible éboulement majeur.
Le risque majeur, dans le cas présent, est un éboulement important et brutal qui obstruerait la vallée étroite de la Romanche (environ 400 m de largeur à hauteur de la route actuelle, face au cône d'éboulis). Un tel événement créerait une retenue d'eau qui ennoierait l'amont (Séchilienne) dans un premier temps avant que la pression ne rompe le barrage d'éboulis et ne provoque une vague qui inonderait l'aval (Vizille...).
La catastrophe de référence due à la rupture d'un barrage de ce type est l'inondation de Grenoble de septembre 1219. En août 1191un glissement de terrain barra la Romanche au niveau des gorges de l'Infernet, créant un lac en amont, appelé lac Saint Laurent. La rupture de ce barrage suite à de violents orages en septembre 1219 entraîna la vidange du lac et le déferlement d'une vague qui descendit la Romanche puis le Drac avant d'atteindre l'Isère et Grenoble. Cette vague bloqua le flux naturel des rivières, créant des accumulation d'eau temporaires en amont de Grenoble dont la vidange, dans un second temps, provoqua les dégâts les plus importants.
Un suivi permanent des mouvements de terrain et un protocole d'alerte existent pour éviter la répétition d'une catastrophe suivant un scénario semblable à celui de 1219. Plusieurs aménagements ont été mis en place pour parer des incidents de gravité croissante.
- L'ancienne nationale RN91 circulait au pied du cône d'éboulis. Elle a été déviée (actuelle RD 1091), au même niveau, dans la vallée, mais au pied de l'autre versant.
- Une "digue" (merlon pare-blocs) a été érigée entre la Romanche et la RD1091 de manière à retenir un éboulement de moyenne envergure qui boucherait le lit mineur de la Romanche. La rivière pourrait alors s'écouler en se détournant vers sa gauche, de l'autre côté de cette digue.
- Le détournement de la Romanche, en cas d'éboulement retenu par la digue, serait facilité par l'aménagement d'un chenal de dérivation implanté entre la digue et la route.
- En cas d'éboulement plus important qui obstruerait la vallée dans toute sa largeur, une galerie hydraulique souterraine de dérivation a été creusée en rive gauche de la vallée, passant sous la butte de Montfalcon. La retenue d'eau serait réduite du fait de l'évacuation des eaux de la Romanche en conduite souterraine.
- Enfin, des travaux sont en cours pour détourner la RD1091 et la faire passer "en hauteur" sur le flanc Sud de la vallée, face au cône d'éboulis. Ainsi, en cas d'éboulement important, l'accès routier serait préservé dans la vallée.
Des informations complémentaires sur les aménagements et la surveillance de ce site sont disponibles sur le site de l'IRMA et sur celui du Ministère du développement durable.
Ce glissement de terrain est aussi à l'origine d'une loi réglementant l'expropriation des propriétés pour la réalisation de tels aménagements et la mise en sécurité des populations. Afin de ne pas léser les propriétaires dont la valeur des biens est fortement dépréciée du fait de l'apparition ou de la prise en compte d'un risque, l'article L561-1 du code de l'environnement, qui reprend l'article 11 de la loi dite Barnier 95-101 du 02/02/1995, précise que : « Toutefois, pour la détermination du montant des indemnités qui doit permettre le remplacement des biens expropriés, il n'est pas tenu compte de l'existence du risque ».