Image de la semaine | 01/04/2012
Une discordance intra-anthropocène dans les environs de Fréjus (Var)
01/04/2012
Résumé
Analyse d'un affleurement à discordance intra-anthropocène et retour sur la définition du terme "discordance".
Certains travaux d'aménagement mettent à jour des affleurements géologiquement intéressants. Certains ne sont visibles que temporairement car liés à une étape de l'aménagement, d'autres perdent en beauté (géologique) du fait de l'érosion et/ou de l'altération. L'affleurement présenté ici est aujourd'hui malheureusement recouvert d'une patine masquant stratification et accidents tectoniques.
Schématiquement, la succession des évènements géologiques locaux qui peut être déduite de l'étude de cet affleurement est la suivante :
- dépôt de la formation inférieure ;
- léger basculement et structuration de la formation inférieure en un monoclinal flexuré ;
- érosion de la formation inférieure, érosion qui recoupe les flexures ;
- dépôt en discordance de la formation supérieure : dépôt en discordance angulaire ou accordance selon le cas ;
- tectonique cassante affectant les deux formations : failles et diaclases et remplissage par un ciment homogène.
Cet affleurement est l'occasion de revenir rapidement sur divers types de contact entre formations géologiques sédimentaires et sur leurs définitions.
Une discordance sensu stricto ou discordance stratigraphique (stratigraphic unconformity), définit un contact entre deux séries déposées séparées par une structuration tectonique (basculement, plissement) et une érosion.
Une discordance angulaire (angular unconformity) décrit la relation entre deux séries montrant des pendages différents de part et d'autre d'une surface de discordance. C'est une simple définition géométrique.
On parle de concordance lorsque deux séries montrent des strates parallèles à l'échelle régionale. On parle plus précisément d'accordance lorsque ce parallélisme existe localement entre deux séries discordantes à l'échelle régionale.
Un contact entre deux séries est dit anormal lorsqu'il y a eu mouvement relatif entre les deux séries (faille, chevauchement...), qu'il y ait ou non discordance angulaire entre les deux séries.
Un contact est dit normal lorsqu'une série se dépose sur une autre sans mouvement relatif par la suite, qu'il y ait eu ou non une phase tectonique, érosive ou de non-dépôt (lacune) entre les deux séries.
Source - © 2011 D'après Claudius BURGKHALTER sur panoramio.com, modifié |
On ne doit donc pas utiliser le terme "discordance" seul dès qu'il y a un contact qui semble "atypique", "non usuel". Pour éviter toute ambiguïté, il est préférable d'utiliser l'expression "discordance stratigraphique" en cas de discordance sensu stricto.
En cas de chevauchement, il est préférable de parler de contact anormal et, le cas échéant, de préciser qu'il y a discordance angulaire. Ce n'est pas une discordance sensu stricto puisque la phase tectonique est postérieure au dépôt des deux séries.
Dans le cas de dépôts sédimentaires non-horizontaux (par exemple, dunes éoliennes ou hydrauliques), on précisera bien qu'il s'agit de discordance angulaire syn-sédimentaire. Là encore, aucune phase tectonique, donc le terme de "discordance", seul, est à proscrire.
Dans le cas d'une lacune sédimentaire, plusieurs cas sont possibles. Il peut y avoir une phase tectonique pendant la période de non-dépôt, on a bien alors lacune, discordance angulaire et discordance stratigraphique. Mais, en cas de concordance à l'affleurement, on ne peut pas parler du tout de discordance sensu stricto... sauf si on précise qu'il y a une vraie discordance à l'échelle régionale et qu'on qualifie alors d'accordance le parallélisme observé localement.
Utiliser le bon terme ou la bonne expression est toujours important... même un 1er avril.