Image de la semaine | 05/12/2011
Pépérites de Limagne à escargots, limnées et planorbes remplis de lussatite
05/12/2011
Résumé
Escargots (Helix ramondi) de lussatite et milieu de dépôt des pépérites de Limagne (Puy de Dôme).
Nous avons vu la semaine dernière des traces de racines fossiles dans des couches de pépérite à l'Est de Clermont Ferrand. À l'extrême fin de l'Oligocène / début du Miocène, la subsidence et la sédimentation de la Limagne étaient quasi terminées. Le paysage ressemblait à une zone humide en grande partie exondée mais sans doute avec encore, ici ou là, des zones marécageuses avec quelques centimètres ou décimètres d'eau. C'est dans ce contexte que débute le volcanisme du Massif Central, essentiellement sous forme d'éruptions phréatomagmatiques aériennes à l'emplacement de la Limagne. Ces éruptions engendrent des maars, avec leur lac et leur anneau de pyroclastites, et recouvrent les environs de quelques décimètres à mètres de dépôts pyroclastiques sub-horizontaux. Toutes ces couches pyroclastiques sont constituées d'un mélange de basalte et de substratum (ici, des calcaires et des marnes) pulvérisé par les explosions. Après diagénèse, ce mélange basalte-calcaire donne une roche nommée pépérite.
C'est sur de tels dépôts pyroclastiques encore meubles, qu'après une interruption prolongée des explosions, s'installent parfois des végétaux (sans doute des herbes et autres végétaux de petite taille) dont les racines pivot sont à l'origine des figures de l'affleurement vues la semaine dernière. Il n'y avait pas que des végétaux à coloniser ces nouvelles couches de pyroclatites ; il y avait aussi des escargots, sans doute des Helix ramondi, espèce d'escargot fréquente en Limagne à cette époque. Une reprise de l'activité éruptive entraînait l'arrivée de nouvelles cendres, qui ensevelissaient les escargots venus se nourrir des végétaux qui colonisaient la couche précédente.
Ces Helix, comme les tubes laissés par les racines, ont pu ultérieurement être remplis de lussatite, cette si belle variété bleutée de calcédoine (silice microcristalline également appelée opale CT) hydrothermale. Ce remplissage a été total ou partiel ; la coquille a souvent été dissoute et a complètement disparu. Des escargots en lussatite avaient déjà été trouvés dans la mine des rois de Dallet du temps de son activité. Cela fait donc le deuxième affleurement auvergnat à montrer ces fossiles exceptionnels. Pour le plaisir des yeux, nous vous présentons 15 images de ces escargots en lussatite, provenant de ce nouvel affleurement, images montrant différents stades de remplissage de l'escargot. Tous les Helix de ce gisement ont le même diamètre, à peu près celui d'une pièce d'1 €.
L'examen de tous ces Helix émerveille certes nos sens géologiques, mais ne nous renseigne que peu sur le milieu de dépôt de ces pyroclastites. Ces projections volcaniques sont-elles retombées sur un sol à l'air libre, ou dans un lac ou marécage de quelques centimètres à décimètres d'eau ? En effet, les gastéropodes du genre Helix peuvent être aériens, lacustres, ou vivre à l'air libre sur des tiges aériennes de végétaux aquatiques. Heureusement, nous avons trouvé dans ce gisement une limnée et deux planorbes, gastéropodes typiquement aquatiques. Ces pyroclastites sont donc retombées dans un lac, un marécage ou une mare temporairement inondée par des inondations ou la crue d'une rivière voisine.
Merci beaucoup à François Escuillié de m'avoir ouvert sa collection privée.