Image de la semaine | 03/05/2010
Un pluton granitique vu globalement en 3D, région du lac Général Carrera-Buenos Aires, Chili
03/05/2010
Résumé
Un beau pluton chilien, mais aussi le granite de Flamanville et les intrusions granitiques de l'Aïr (Niger) et du Brandsberg (Namibie).
Depuis quelques dizaines d'années, on dessine traditionnellement les « petites » intrusions granitiques avec des formes de « montgolfières », de champignons, de trompettes ou de coupoles. Des affleurements locaux permettent d'en voir les bords, bordures supérieures, latérales ou inférieures. Des études gravimétriques permettent de montrer l'épaisseur en général limitée de ces plutons. En vue aérienne (ou en carte), ces plutons granitiques ont très souvent une forme elliptique. L'étude des structures fluidales et/ou de la fabrique magnétique permettent de reconstituer la géométrie des courants internes au pluton, ce qui permet d'en déduire la forme. C'est la synthèse de toutes ces observations qui a permis de déterminer la forme « standard » des plutons. Mais il est très rare de pouvoir embrasser d'un seul coup d'œil cette forme en « montgolfière » ou autre. C'est néanmoins possible dans les régions ayant à la fois de nombreux petits plutons granitiques et des versants montagneux présentant de forts dénivelés quasiment sans couvert végétal. C'est le cas en Patagonie chilienne.
Cette région de Patagonie chilienne est complexe, et contient plusieurs générations de granites : (1) un énorme « batholite » granodioritique complexe, dit « batholite patagonien », dont la mise en place s'échelonne du Jurassique supérieur à l'Éocène-Oligocène, et (2) des granites « tardifs », postérieurs à 10 Ma. Notre petit pluton de granite clair est intrusif au sein du batholite granodioritique patagonien. Des datations lui donneraient un âge appartenant au Jurassique supérieur. Il s'agirait d'une intrusion leucocrate dépendant du batholite patagonien. Il n'est pas exclu aussi qu'il s'agisse d'une mini-intrusion qui dépendrait des granites du Mio-Pliocène que l'on trouve dans la région, comme le granite de « Las Llaves » qui affleure de l'autre côté du lac. Des datations complémentaires confirmeront (ou infirmeront) ces hypothèses.
Il est impossible d'appréhender d'un seul coup d'œil un pluton granitique dans ses trois dimensions dans un pays à faible relief comme l'est la chaîne hercynienne en Armorique ou dans le Massif Central. Et le couvert végétal empêche aussi de voir clairement la surface d'un pluton dans son ensemble même en prenant de la hauteur. En atteste les images aériennes ou satellitales du plus célèbre pluton français, le très (trop ?) célèbre granite de Flamanville. Si les affleurements côtiers sont spectaculaires, il est bien difficile de délimiter l'intrusion de Flamanville sur une photographie satellite, même avec l'aide de la carte géologique.
S'il est difficile de clairement distinguer les intrusions granitiques sur les images satellites dans les régions présentant un couvert végétal important, il n'en est pas de même dans les déserts. Et survoler l'Afrique grâce au Géoportail et à Google Earth permet de trouver de magnifiques plutons. En atteste les massifs granitiques de l'Aïr (au Niger) et du Brandsberg (en Namibie)