Image de la semaine | 02/10/2006
Mini et maxi deltas
02/10/2006
Résumé
Mini et maxi deltas (Léna, Yukon, Irrawaddy, Gange) : de la flaque d'eau à l'océan.
Non seulement des vacances savoyardes permettent de faire de la glaciologie (semaine du 18 septembre) ou d'étudier les variations climatiques (semaine du 25 septembre), elles permettent aussi de faire de la sédimentologie. En témoigne ce magnifique delta en « vue aérienne », qui permet de voir la complexité des réseaux hydrographiques, la divergence des divers bras, le mauvais mélange des eaux à l'arrivée des bras principaux (en particulier le bras central) ...
Les deltas sont des structures communes à l'embouchure des rivières, aussi bien en mer que dans les lacs. Ils peuvent être émergés ou immergés. Les premiers géographes ont nommé cette structure d'après sa forme qui rappelle souvent celle de la lettre grecque. Ce sont des environnement de transition, à cheval entre le domaine fluvial et le domaine marin ou lacustre. Ils se construisent par l'accumulation de sédiments fluviaux déposés par des chenaux alluviaux qui divergent à partir de l'embouchure de la rivière. Ceci se produit dans une zone où la pente de la rivière diminue et où la capacité de transport de celle-ci n'est plus suffisante pour lui permettre de charrier sa charge sédimentaire.
Les photos 1, 2 (détail), 3 et 4 (vues d'ensemble) permettent d'observer un certain nombre de caractéristiques des systèmes deltaïques.
Sur la photo 1 on note que le delta semble construit par deux embouchures provenant de plusieurs rivières. On observe une grande diversité de formes fluviales : chenal droit, chenal méandriforme, chenaux en tresse (à proximité de l'embouchure de gauche, bien visibles sur la photo 2), bras morts, bancs sableux.
Un delta est une structure qui évolue rapidement dans le temps et l'espace. On remarque dans la partie droite du mini-delta (photo 1) une assez grande zone que l'on peut supposer assez sèche, et sur laquelle on remarque de fines traces noires qui sont un réseau hydrographique. Cette large portion du delta est actuellement une zone préservée, mise à l'écart de la dynamique de transport global, mais qui sera probablement remobilisée lors de la prochaine crue majeure. On peut noter dans la partie du delta au contact avec le lac (ou la mer) une remontée vers l'intérieur du delta des eaux blanchâtres du lac (les eaux provenant des rivières sont plus brunes).
Ceci illustre que la vie d'un delta est régie par la compétition entre deux influences :
- l'influence fluviale qui apporte du sédiment pour la construction du delta, par progradation vers le large ;
- l'influence marine (ou lacustre) qui peut varier en raison de variations du niveau du lac (ou de la mer), qui disperse ce sédiment (actions des vagues, courants ou marées) et tend à détruire le delta.
Le jeu complexe qui existe entre ces deux facteurs régit l'évolution du système deltaïque. À noter, le très beau panache turbide (photo 1) quand l'un des chenaux majeurs du delta se jette dans la mer (ou le lac).
En fait, ce mini delta n'est ni une image satellite ni une photo aérienne. Il mesure 40 cm de coté, et correspond à l'arrivée des eaux issues de la fonte d'une plaque de neige dans une flaque d'eau (voir photo 3 et 4, avec un couteau suisse donnant l'échelle).
De telles observations peuvent être faites partout, notamment avec des élèves, et plus particulièrement en bord de mer à marée basse, au bord de rivières avec bancs de sables… Cela peut être l'occasion de fructueuses comparaisons avec des photos (satellites ou aériennes) de grands deltas. Les photos (satellite) 5 à 8 montrent respectivement les deltas de la Léna, du Yukon, du Gange, de l'Irrawaddi, et la photo 9 (aérienne) montre le delta (lacustre) du Var dans le lac de Castillon (Alpes de Haute Provence).
À vos ordinateurs pour en chercher d'autres sur Google Earth ou sur le Géoportail !