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Image de la semaine | 26/10/2009

Oursins entiers et sous forme de débris dans un déchet alimentaire (type coprolithe), Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

26/10/2009

Pierre Thomas

Laboratoire de Sciences de la Terre / ENS de Lyon

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Échinidés fossiles du Kimméridgien.


Accumulation de débris de piquants d'oursins dans un calcaire kimméridgien de Cerin (Ain)

Figure 1. Accumulation de débris de piquants d'oursins dans un calcaire kimméridgien de Cerin (Ain)

On voit une dizaine de piquants d'environ 1 mm de diamètre et, en haut à gauche, la base d'un piquant de plus grande dimension. Ces piquants sont mélangés à des débris « informes ». Une telle accumulation de piquants d'oursins représente vraisemblablement un excrément fossile (coprolithe) d'un poisson ou autre animal « oursinivore », ou du moins un déchet alimentaire fossile, copro-déchet ou bucco-déchet (morceaux recrachés).


Plaque de calcaire comprenant déchet fossile (de type coprolithe) riche en piquants d'oursins, Cerin (Ain)

Figure 2. Plaque de calcaire comprenant déchet fossile (de type coprolithe) riche en piquants d'oursins, Cerin (Ain)

Les différentes zones avec différentes nuances colorées correspondent à des imprégnations post-diagénétiques d'oxydes ferriques hydratés (limonite s.l.) dans les joints de stratification. Une dendrite est visible en haut à droite.

Échantillon : Musée des confluences, Lyon.

Photographie : Pierre Thomas


À Cerin, on ne trouve pas les oursins que sous forme de débris dans des coprolithes (ce qui est très rare), mais aussi quelques individus entiers, ce qui est plus « courant » et à la portée de n'importe quel géologue amateur dans de très nombreux gisements.

Dans la nature actuelle, comme chez les organismes fossiles, la morphologie des piquants d'oursins, également appelés « radioles », est extrêmement variée. Cela va d'oursins aux tout petits piquants (se fossilisant très mal) aux oursins avec radioles longues et épaisses, en passant par les oursins à piquants fins et longs. Une rapide recherche sur le web permet d'illustrer ces différents types de piquants chez les oursins actuels. Les piquants identifiables dans le coprolithe des figures 1 et 2 seraient équivalents de ceux de la figure 4, et de ceux des figures 5 ou 6 pour le plus gros reste de piquant.

Oursin actuel à nombreux et tout petits piquants

Oursin actuel aux piquants nombreux, longs et fins

Figure 4. Oursin actuel aux piquants nombreux, longs et fins

Oursin diadème = Diadema sp..


Oursin actuel aux piquants longs, massifs et peu nombreux

Figure 5. Oursin actuel aux piquants longs, massifs et peu nombreux

Oursin crayon = Heterocentrotus sp..


Oursin crayon aux piquants nombreux et fins

Figure 6. Oursin crayon aux piquants nombreux et fins

Piquants plus nombreux et plus fins que pour l'oursin crayon précédent.

Oursin crayon = Heterocentrotus sp..


Les oursins forment le groupe des Échinidés, un des groupes de l'embranchement des Échinodermes. Ils existent depuis l'Ordovicien, étaient très diversifiés au Paléozoïque supérieur, ont vu leur variété fortement réduite à la fin du Paléozoïque et se sont re-diversifiés à partir du Trias. Avec les Crinoïdes, ce sont les seuls échinodermes dont on trouve des fossiles en abondance. Les oursins du Jurassique ne correspondent pas, bien sûr, aux espèces actuelles, mais on en retrouve une variété aussi grande que dans la nature actuelle.

À Cerin, on retrouve relativement peu d'oursins fossiles, avec ou sans piquants en connexion. Nous vous en montrons ci-après deux exemplaires, illustrant la diversité des Échinidés du Jurassique. D'autres fossiles quasi-contemporains peuvent être vus sur Planet-Terre : calcaires bioclastiques à échinodermes et oursin et coraux fossiles.

Diadamatacea sp., oursin du Kimméridgien, Cerin (Ain)

Figure 7. Diadamatacea sp., oursin du Kimméridgien, Cerin (Ain)

Cette espèce jurassique ressemble à l'espèce actuelle de la figure 4. Des dendrites d'oxyde de manganèse sont visibles à droite de l'échantillon.

Échantillon : Musée des confluences, Lyon.

Photographie : Pierre Thomas


Pseudodiadema sp., oursin aux nombreux piquants longs et fins, Kimméridgien, Cerin (Ain)

Figure 8. Pseudodiadema sp., oursin aux nombreux piquants longs et fins, Kimméridgien, Cerin (Ain)

Cet oursin n'a pas de piquants visibles. Soit il s'agissait d'un oursin à tout petits piquants qui n'ont pas été fossilisés (cf. figure 3), soit il s'agissait d'un oursin à piquants longs et fins, qui n'ont pas été conservés entre la mort et la fossilisation de cet individu, par exemple parce qu'ils ont été mangés par un poisson.


Pseudodiadema sp., oursin aux nombreux piquants longs et fins, Kimméridgien, Cerin (Ain)

Figure 9. Pseudodiadema sp., oursin aux nombreux piquants longs et fins, Kimméridgien, Cerin (Ain)

Cet oursin n'a pas de piquants visibles. Soit il s'agissait d'un oursin à tout petits piquants qui n'ont pas été fossilisés (cf. figure 3), soit il s'agissait d'un oursin à piquants longs et fins, qui n'ont pas été conservés entre la mort et la fossilisation de cet individu, par exemple parce qu'ils ont été mangés par un poisson.


La totalité des fossiles montrés ici fait partie des réserves du futur Musée des Confluences de Lyon, musée en cours de construction, qui devrait ouvrir en 2014-2015. Sous la conduite éclairée de Didier Berthet, responsable des collections de Cerin, j'ai pu accéder à ces réserves et en photographier une (petite) partie. Merci à lui de m'y avoir guidé et de m'autoriser à diffuser ces photos. À partir de 2014-2015, vous pourrez voir certains de ces échantillons et biens d'autres encore dans les expositions permanentes du musée ainsi que dans des expositions temporaires. Le Musée des Confluences a également publié un « beau livre », livre magnifiquement illustré par un photographe professionnel, livre retraçant l'histoire du site de Cerin qui complétera et approfondira ces dossiers Planet-Terre.