Image de la semaine | 09/12/2019
Le cadre géologique des lignes, dessins et autres géoglyphes de Nazca, Pérou
09/12/2019
Résumé
Le plateau de Nazca, piémont surélevé et incisé, et ses dessins au sol non remaniés du fait du climat aride.
Le désert côtier du Pérou, prolongation Nord du désert d'Atacama, est l'une des régions les plus sèches du monde. Cette sécheresse est due, entre autres, à un courant froid, le courant de Humboldt (cf. Barkhanes, champ de dunes, Chandelier de Paracas et autres aspects du désert côtier péruvien). La ville de Nazca est, avec la capitale Lima, une des rares grandes villes de ce désert. Les environs de Nazca sont mondialement célèbres pour leurs lignes, “pistes” et autres géoglyphes, célèbres aussi bien chez les spécialistes et amateurs des civilisations précolombiennes que chez les ufologues et autres amateurs d'inexpliqué et de sensationnel. Ces figures d'origine purement humaine datent de la civilisation dite de Nazca qui vivait dans cette région de −300 à +800 de notre ère. Elles ont été dessinées pour des raisons qui restent mal comprises, à la surface d'un vaste plateau de dimension d'environ 30 x 50 km et à une altitude comprise entre 400 et 600 m. Ces figures, vieilles d'environ 2000 ans ont pu être conservées et sont encore visibles du fait du climat extrêmement aride. En effet, la rareté des pluies (au moins depuis la fin de la dernière glaciation il y a environ 15 000 ans) limite l'érosion et le couvert végétal.
Ce plateau a la signification d'un piémont “fossile”. Un piémont, au sens géomorphologique, correspond à une vaste plaine située au pied d'un massif montagneux. Les piémonts (ou piedmonts) sont formés de la coalescence des cônes de déjection des différents cours d'eau qui descendent des montagnes en charriant et déposant tous les produits qu'ils transportaient, alluvions constituées de galets, graviers, sables, argiles... Le plateau de Nazca est perché à plus 100 m au-dessus du niveau de base, et correspond donc à un ancien piémont que la tectonique andine a surélevé depuis quelques millions d'années et qui s'est fait entaillé par les rivières descendant des Hautes Andes. Des torrents généralement à sec peuvent parfois couler à la surface de ce plateau lors d'évènements el Niño particulièrement vigoureux et l'éroder légèrement.
À Nazca, il existe un aéroport qui propose aux touristes des survols de ce plateau dans le but d'admirer lignes et autres dessins. Et en plus d'admirer ces figures, on peut aussi examiner ce piémont perché, ses rebords, les rios à sec parcourant sa surface…
Dans un premier temps (figures 5 à 16) nous examinerons la morphologie de ce plateau. Dans un deuxième temps, et bien qu'on soit à la limite de la géologie (rappelons que les Nazcas ne connaissaient pas l'écriture, que l'on est donc dans le domaine de la préhistoire et que la limite géologie-préhistoire est “floue”), nous nous attarderons sur le substratum de ces lignes et autres dessins ainsi que sur ces dessins eux-mêmes (figures 17 à 34).
On peut faire de la chronologie relative entre le creusement des multiples petits lits (à sec la plupart du temps) qui parcourent la surface du plateau et les figures dessinées par les Nazcas. La majorité des intersections lits de cours d'eau / figures dessinées par les Nazcas montrent que les géoglyphes recoupent souvent les lits des cours d'eau temporaires. Depuis 2000 ans, il n'a pas coulé d'eau dans ces lits temporaires, ou il en a coulé trop peu et trop rarement pour effacer-éroder-recouvrir les géoglyphes. Cependant, quelques lits de ruisseaux recoupent et effacent les géoglyphes, en particulier les ruisseaux temporaires dont le lit est tapissé de cailloux et sable clairs. De l'eau a assez coulé dans ces quelques lits depuis 2000 ans pour, localement, effacer-éroder-recouvrir les géoglyphes.
Pour dessiner leurs lignes et autres dessins, les Nazcas ont profité d'une particularité de la géologie du plateau, particularité due entre autres au climat sec qui y règne. Les cailloux en surface sont recouverts d'une patine sombre riche en oxyde de fer : la patine du désert (cf. Les extrémophiles dans leurs environnements géologiques - Un nouveau regard sur la biodiversité et sur la vie terrestre et extraterrestre, ou Les déplacements du fer dans les grès Navajo, plateau du Colorado (États-Unis d'Amérique)). Sous ces roches de surface, le sol est plus clair, car dépourvu de patine et contenant un faible pourcentage de gypse. Pour tracer leur géoglyphes, les Nazcas ont déblayé les cailloux du centre de leurs lignes pour les aligner, les accumuler sur leurs bordures. La ligne est ainsi visible comme une marque claire bordée de traits sombres.
Source - © – ovni-extraterrestre.com | Source - © 2002 footage.framepool.com |
Les lignes et dessins de Nazca ne se découvrent dans leur plénitude que vus du ciel, ce qui pose le problème, non parfaitement résolu, de la destination de ces figures et de leur mode de fabrication. Ces mystères n'empêchent pas d'admirer ces figures vues d'avion, ce que n'ont jamais pu faire leurs réalisateurs. Nous allons vous montrer six “dessins” d'animaux et un dessin d'humain, chacun étant vu de loin puis de plus près. Chaque dessin mesure entre 50 et 150 m dans sa plus grande dimension, mais la taille exacte est difficile à estimer précisément depuis le hublot d'un petit avion. Ces dessins ont tous un “nom”, donné à cause d'une ressemblance plus ou moins évidente avec un animal (ou un “type” d'humain). Sur chaque photographie, on voit aussi des lignes plus ou moins larges, les plus larges et longues ressemblant à des pistes d'atterrissage, d'où leur nom de “pistes”.